Gorillavirus


Un numéro où l'on songe aux grands singes, qui ont trouvé dans le coronavirus la nouvelle menace dont ils n'avaient pas besoin.

Les grands singes menacés par le coronavirus

C'est une nouvelle menace dont ils se seraient bien passés. La pandémie de Covid-19 pourrait faire disparaître des populations entières de gorilles, chimpanzés et autres orangs-outans, alertent 25 scientifiques dans une lettre publiée mardi 24 mars dans Nature.

Bébés gorilles à dos argenté dans le parc national de Bwindi en Ouganda © Sharp Photography

Par le passé, des pathogènes responsables de symptômes respiratoires anodins chez les humains se sont parfois révélés mortels pour certains grands singes. Si le coronavirus SARS-CoV-2 venait à être transmis aux primates, il pourrait occasionner une hécatombe parmi ces espèces déjà en danger. Aucun cas de contamination chez des primates n'a été observé pour l'heure. 

Mais la fermeture de certains parcs nationaux, au Congo ou au Rwanda, laisse craindre une recrudescence d'actes de braconnage, en l'absence de surveillance. Leurs auteurs pourraient servir de véhicule au virus.

Pour tenter de protéger les primates, les scientifiques recommandent la suspension de toute forme de tourisme liée aux grands singes et la réduction de la recherche de terrain. A lire dans le Guardian (en anglais).

Une « armée » de chômeurs pour les campagnes

« Rejoignez la grande armée de l’agriculture française ! » On dirait cette injonction sortie d'un livre d'histoire. Or, c'est le message tout à fait contemporain lancé par Didier Guillaume, le ministre de l'agriculture, mardi 24 mars, sur RMC-BFMTV

A cause de la pandémie de Covid-19, l'agriculture productiviste française a besoin de beaucoup de bras. « Avec la fermeture des frontières, les Polonais, les Roumains, les Espagnols ou Marocains ne seront pas là pour les récoltes. Il faut 45 000 saisonniers en mars, 80 000 en avril et 80 000 en mai »a expliqué au Monde Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le premier syndicat agricole. 

Résultat : déjà désertées en raison d'un fort taux d'absentéisme lié à la pandémie, les cultures risquent de rester en plan. Le gouvernement a donc lancé « un grand appel à l'armée des ombres » (sic) pour encourager massivement les Français•e•s mis au chômage technique à prendre la clé des champs pour soutenir le secteur. Ce, malgré les mesures de confinement imposées à la population française.

Compte Twitter @KarimLaanaya

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont vu dans la réthorique martiale de Didier Guillaume un écho à la Chine de Mao : entre 1967 et la fin des années 1970, des millions de jeunes citadins avaient été envoyés de force dans les campagnes pour devenir des paysans.

En Ile-de-France, un air pur comme jamais

Confinement + baisse de la circulation et de l'activité industrielle + vent = de mémoire humaine, l'air n'avait jamais été aussi pur en Ile-de-France.

Airparif, l'association de surveillance de la qualité de l'air dans la région parisienne, a publié, mardi 24 mars, son bilan de la semaine passée. Les chiffres sont spectaculaires. 

Depuis mardi 17 mars, jour où des mesures de confinement ont été prises partout en France, la qualité de l'air s'est améliorée « de l'ordre de 20 à 30% » dans l'agglomération de Paris. Cette embellie est notamment due à une baisse de 60% des émissions d'oxyde d'azote générées par le trafic routier et l'industrie. L'impact est encore plus important à proximité des axes de circulation. Les émissions de CO2, principal gaz à effet de serre, ont aussi chuté d'environ 30%. 

Les niveaux de particules fines, qui occasionnent des problèmes respiratoires et cardiovasculaires sont, en revanche, restés les mêmes. La raison en serait l'utilisation de chauffage domestique, notamment au bois, en hausse ces derniers jours. 

Si, répétons-le, l'amélioration de l'air provoquée par la pandémie ne constitue en aucun cas une raison de se réjouir, cette parenthèse permet de constater les bénéfices réels et immédiats d'une baisse des activités humaines. Air pur, ciel bleu immaculéréduction de 80% du bruit, les parisien•ne•s (et les citadin•e•s plus largement) finiraient-elles et ils par prendre goût au bon air ? Plus d'informations dans le Monde.

Une fois la pandémie passée, on décroît !

Selon elles et eux, la crise du coronavirus montre qu'il est possible de changer de braquet rapidement avec un peu de bonne volonté. Un collectif de personnalités scientifiques et militantes appelle à « entrer en résistance climatique » une fois la pandémie passée

Pour sauver le vivant, les auteur•ice•s de cette tribune publiée dans le Monde ont pour objectif d'atteindre « une neutralité carbone effective en 2050 […] via une décroissance énergétique mondiale perceptible dès 2025 ».

Limiter ses déplacements, éviter d'acheter du neuf, assumer la conflictualité pour faire bouger les lignes ; Afin de réduire drastiquement notre empreinte écologique, elles et ils appellent les citoyens à se mettre en mouvement à travers un plan en cinq étapes, qui va du geste individuel à l'action collective, jusqu'à la transformation des sociétés à l'échelle mondiale

« Notre ennemi est cette norme sociale actuelle et non les individus. Etant sortis du déni, agissons ici et maintenant, enjoignent les signataires. Arrêtons de nous attendre les uns les autres de peur de se marginaliser en étant les premiers. Devenons cette minorité motrice, catalyseur enthousiaste d’une transition désirable capable d’initier le changement nécessaire dans toute la société. » Une tribune initialement parue dans le Monde (abonnés) et republiée en accès libre dans Reporterre.

Pourquoi la France a échoué à réduire l'usage de pesticides

En 2007, la France avait promis de réduire de moitié l'usage des pesticides sous dix ans. En 2017, les agriculteurs en utilisaient 25% de plus qu'alors. Que s'est-il passé entretemps ? Lobbying, manœuvres politiciennes... Ce soir, à partir de 21h sur France3, le magazine Pièces à conviction raconte l'échec du plan Ecophyto dans un numéro spécial consacré aux agriculteurs.

Extrait du numéro de Pièces à conviction consacré aux agriculteurs © France 3