La quotidienne

Fossiles à dire

Chères toutes et chers tous,

🗳️ Les urnes ont parlé ! À 63%, vous avez choisi que nous répondions à la question «À quand la fin des nouveaux projets d'exploitation des énergies fossiles ?» posée par @luciecrr sur Instagram. Réponse dans le Vert du faux de jeudi prochain.


On a retardé les efforts pour se passer du pétrole et du gaz, maintenant il faut accélérer très fort pour ne pas que la planète s'embrase.


Comment la France compte-t-elle sortir de sa dépendance aux énergies fossiles ?

Le gouvernement a présenté hier le volet «énergie» de sa nouvelle stratégie énergie-climat à 2050. Le document de 102 pages était attendu depuis plus de six mois. Voici ce qu’il faut en retenir.

Pour atteindre la neutralité carbone, la France doit impérativement se sevrer des énergies fossiles, qui trustent encore 58 % de son mix énergétique (contre 62 % il y a dix ans). Et c’est peu dire que la marche est haute : si la production d’électricité est presqu’entièrement décarbonnée, notamment grâce au nucléaire, les transports et la production de chaleur sont encore très dépendants des énergies fossiles.
 

Consos qu’on cesse

Pour commencer, le gouvernement vise une réduction drastique des consommations énergétiques. Elles devront baisser de 30 % d’ici à 2030 (par rapport à 2012), puis de 40 à 50 % en 2050 (par rapport à 2021). Pour rappel, la consommation d’énergie a diminué de seulement 5 % entre 2012 et 2019. 
 

De l’électricité dans l’air

Puisque la production d’électricité est déjà décarbonée en France, le gouvernement fait le pari d’électrifier le plus d’usages possibles : voitures, chauffages, etc. Pour cette raison la production d’électricité devra fortement augmenter : de 35 % dès 2035 et de 55 % d’ici à 2050 par rapport à 2021.

Lucky nuke

Le gouvernement confirme la relance du nucléaire : prolongation de tous les réacteurs qui peuvent l’être, confirmation du programme de construction de six EPR2 à partir de 2035 (9,75 gigawatts) et des études de faisabilité pour huit réacteurs supplémentaires (13 gigawatts).

 

Le renouveau des renouvelables

Mais c’est dans le secteur des énergies renouvelables que l’effort devra être le plus conséquent. Le gouvernement entend maintenir le rythme d’installation dans l’éolien terrestre (pour atteindre 45 gigawatts en 2035) et doubler la cadence dans le solaire (pour atteindre 100 gigawatts en 2035). Il vise en outre la mise en service de 18 gigawatts d’éolien en mer d’ici à 2035 (contre 0,5 gigawatts actuellement).
 

Le compte est bon ?

Les objectifs sont ambitieux, reste à les atteindre. Dans un rapport cinglant publié mi-octobre, la Cour des comptes a jugé que l’État ne se donne pas les moyens pour atteindre ses objectifs dans l’éolien. 

· Mardi, le Mexique a demandé un moratoire sur l’exploitation des fonds marins, «jusqu’à ce que l’on dispose d'informations scientifiques suffisantes pour établir avec certitude les incidences de cette activité sur l'environnement» ainsi qu’un cadre réglementaire solide sur la question. 24 pays, dont la France, le Brésil ou encore le Canada, soutiennent désormais un moratoire voire une interdiction de cette pratique à l’échelle internationale.
 

· Mercredi, les eurodéputé·es ont rejeté le projet législatif visant à réduire de moitié l’usage des pesticides dans l’Union européenne d’ici à 2030. Les élu·es ont également refusé le renvoi du texte en commission parlementaire, enterrant ainsi l’avenir de cette législation qui avait déjà été considérablement affaiblie par les amendements de la droite. Pour l’écologiste Sarah Wiener, rapporteuse du texte, cette décision a marqué «un jour noir» pour l’environnement, la santé et l’agriculture. - Le Monde (AFP)
 

· Le coût des dégâts causés par les crues et les inondations dans les Hauts-de-France depuis début novembre s’élève à plus d’un demi-milliard d’euros, a calculé la Caisse centrale de réassurance mercredi. Cette estimation concerne les 244 communes du Nord et du Pas-de-Calais qui ont été prises en charge par le régime de catastrophe naturelle à la suite des sinistres. - Libération (AFP)

Fatigue informationnelle

Le quotidien La Croix a publié mercredi les résultats de son nouveau baromètre «sur la confiance dans les médias», réalisé avec l’institut de sondage Kantar public. Si une large majorité (75%) des personnes interrogées confirment leur intérêt pour l’information, la défiance est aussi au rendez-vous, 56 % des Français·es interrogé·es estimant que les journalistes ne sont pas indépendant·es des pressions de l’argent et du pouvoir.

© Kantar public

Un autre chiffre a retenu notre attention : 51 % des personnes disent ressentir de la fatigue ou du rejet par rapport à l’information. Un phénomène qui doit nous alerter à l’heure où les données vitales sur les crises écologiques doivent circuler. C’est pour lutter contre cette «fatigue informationnelle» que nous avons chaque jour recours aux jeux de mots, dessins et vidéos riantes et que nous nous efforçons de repérer les (vraies) bonnes nouvelles. Dans nos articles et nos posters, nous essayons de décrypter les solutions les plus efficaces à toutes les échelles. Il est insupportable de regarder venir la catastrophe sans savoir comment agir !

Black friday : des montres connectées «neutres en carbone» ? Pourquoi la promesse d’Apple n’a aucun sens

L’Apple de la forêt. La firme à la pomme affirme que ses nouvelles Apple watch sont «neutres en carbone». Une promesse qui relève du greenwashing. Décryptage.
 

Que promet Apple ?

En septembre 2023, la firme de Cupertino (Etats-Unis) a dévoilé en fanfare sa nouvelle gamme de montres connectées Apple watch 9, «premier produit Apple neutre en carbone». Chaque modèle répond «aux critères stricts suivants, jure la marque : 100% d’électricité propre pour la fabrication ou l’utilisation du produit, 30% de matériaux recyclés ou renouvelables en poids et 50% de l’expédition sans recours au transport aérien»
 

Ça veut dire quoi, «neutre en carbone» ?

L'atteinte de la neutralité carbone préconisé par les scientifiques est l'équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaines et leur absorption par des puits naturels (arbres, sols, océan) ou technologiques (type aspirateurs à CO2 islandais). 

Hélas, si ce concept est pertinent à grande échelle, il n’a pas de sens pour une entreprise, et encore moins un produit : si Apple dédie toutes ses ressources vertueuse pour un seul appareil mais pas pour les autres, le climat ne s’en trouvera pas mieux.

En regardant de plus près, on se rend compte des limites qui entourent les promesses d’Apple :

👉 La compensation n’est pas la solution miracle

👉 Apple manque de transparence sur ses fournisseurs

👉 Même l’Apple watch neutre en carbone n’est pas neutre en carbone

👉 Le carbone n’est pas le seul problème des Apple watch

👉 Le modèle de la marque n’est pas soutenable à long terme (même si Apple n’est pas la pire)

Nous décryptons tous ces enjeux dans la version intégrale de cet article, à découvrir sur vert.eco

Le «dévendeur» de l’Ademe a quelque chose à vous dire

Décroissant de lune. En prévision de l’orgie de consommation du Black Friday et des fêtes de fin d’année, l’Agence française de la transition écologique (l’Ademe) diffuse depuis quelques jours de courtes vidéos humoristiques mettant en scène un «dévendeur». Chargé de dissuader les client·es d’acheter du neuf pour privilégier la réparation ou la seconde main, ce professionnel de la déconsommation est plutôt convaincant ! 

© Ademe

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé et Justine Prados ont contribué à ce numéro.