Finis, les chèques en bois pour le climat


La France ne pourra plus signer de chèques en bois pour le climat, dit le Conseil d'Etat.  

Le gouvernement devra rendre des comptes climatiques

Conseil d'ami. Dans une décision historique annoncée jeudi, le Conseil d'Etat a enjoint au gouvernement de donner les preuves de son action dans la lutte contre le réchauffement climatique.

La France s'est engagée à réduire de 40% ses émissions de CO2 d'ici 2030, par rapport à leur niveau de 1990. Hélas, elle ne respecte pas la trajectoire qu'elle s'est elle-même fixée pour espérer contenir le réchauffement à moins de 2°C. Aussi, en janvier 2020, la ville de Grande-Synthe (Nord) - rejointe par Paris et Grenoble - avait porté un recours devant le Conseil d'Etat pour contraindre le gouvernement à tenir ses engagements. 

Le Conseil d'Etat, à Paris © Marie-Lan Nguyen

Entre 2018 et 2019, les émissions françaises ont baissé de 0,9%, alors que le rythme promis est de -1,5% par an, puis -3,2% à partir de 2025. En avril dernier, se sachant hors des clous, le gouvernement avait choisi de reporter l'essentiel de l'effort de réduction à après 2023. Ce qui n'a pas échappé au Conseil d'Etat. 

Hier, la plus haute juridiction administrative a donné raison aux requérants : le gouvernement a désormais trois mois pour prouver que la trajectoire annoncée sera tenue. Au terme de ce délai, si les juges ne sont pas satisfait•e•s des explications de l'exécutif, elles et ils pourront exiger que celui-ci prenne des mesures réglementaires.

Cette décision a été très largement applaudie par les associations écologistes. Elle devrait créer un précédent dans les futurs contentieux sur le climat. « A partir de maintenant, le juge contrôle l’action de l’administration pour respecter ses objectifs climatiques et il lui demande de se justifier », a analysé pour le Monde Marta Torre-Schaub, directrice de recherche (CNRS) à l’Institut des sciences juridiques et philosophiques de la Sorbonne.

L'affaire du siècle, présentée dans cette vidéo de 2018, sera bientôt jugée au tribunal administratif. © Max Bird

En 2019, les quatre associations de l'Affaire du siècle avaient déposé un recours contre la « carence fautive » de l'Etat sur le climat. L'audience devant le tribunal administratif aura probablement lieu début 2021. La décision du Conseil d'Etat devrait leur donner raison sur un certain nombre de points, espèrent ses membres. Plus d'informations dans le Monde.

• Au Danemark, l’extermination de visons, susceptibles de porter une version mutée du virus responsable du Covid-19, s’est achevée cette nuit. Entre 15 et 17 millions d’animaux auront été abattus. Et ce, alors que cette variante du virus, baptisée C5 (Cluster 5), n’a plus été observée dans les élevages du pays depuis le 15 septembre. - The Guardian (en anglais)

• L’IGPN (la « police des polices ») a été saisie pour « rétention arbitraire » de deux militantes de Greenpeace, révèle Libération. Une nuit de février 2020, elles avaient collé des affiches sur la permanence électorale de l’ancien maire de Nancy, Laurent Hénart. Interpellées par la police, elles ont été retenues au commissariat sans s’être vues notifier leur garde à vue et les empreintes digitales de l’une d’elles ont été prises. Récit à lire dans Libération (abonnés).

Une lutte bien timorée contre la déforestation importée

Le gouvernement veut relancer son plan pour lutter contre la déforestation importée, largement inefficace jusqu'à maintenant. 

Bois, caoutchouc, cacao, viande de bœuf : la croissance de la demande mondiale pour ces produits aggrave sans cesse la déforestation dans les forêts primaires du globe. Au sommet : le soja, consommé par les animaux d'élevage et l'huile de palme, utilisée dans les biocarburants.

En 2017, la France a importé 3,5 millions de tonnes de soja (ONU), dont 61% venaient du Brésil. Or les hectares dédiés à la culture de cette légumineuse y sont largement empruntés à la forêt. 

Image aérienne de déforestation au Brésil © Planet labs

Mercredi, la secrétaire d'État à la biodiversité, Bérangère Abba, a réuni le comité de suivi de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI), lancée il y a deux ans. Elle a annoncé la mise en ligne d'une plateforme collaborative qui doit permettre aux entreprises d'échanger sur la traçabilité des produits qu'elles importent, avec le concours des douanes. L'État se dotera aussi d'une politique d'achat « zéro déforestation » d'ici 2022, a relevé Actu-environnement. Un guide des achats responsables sera édité à destination de quelque 130 000 acheteurs publics. 

La SNDI n'a eu presque aucun effet jusqu'à aujourd'hui, a reconnu la secrétaire d'État elle-même. Et les nouvelles mesures, qui ne sont assorties d'aucune contrainte, ne devraient pas franchement améliorer la situation. La SNDI « ne doit pas reposer uniquement sur l'addition d'engagements volontaires des entreprises qui, pour la majorité, ne sont pas mis en œuvre », ont déploré plusieurs ONG dans une tribune

Ces dernières demandent à l'État qu'il fasse appliquer la loi sur le devoir de vigilance de 2017, qui oblige les sociétés de plus de 5 000 salariés à établir des plans d'action pour « identifier les risques et prévenir les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l'environnement ». Plus d'informations dans Actu-environnement

Le vendredi, chez Vert, c'est le jour du Do it yourself (faites-le vous-même) ! Cette semaine, voici la recette d'un vinaigre aux agrumes pour nettoyer toutes les surfaces et assouplir votre linge.

Vous pouvez cliquer sur l'image pour l'afficher en plein écran et l'enregistrer d'un coup de clic droit © Vert 

La face cachée des énergie vertes

Des énergies « propres », sans aucun impact environnemental : voici le nouveau mythe dans le vent. Et qui arrange bien les gouvernements et les industriels, leur permettant de promettre une croissance sans entrave – ou presque - à leurs consommateurs et administrés. 

S'il connaît quelques longueurs et tourne surtout autour de la voiture électrique, le documentaire La face cachée des énergies vertes (2020) a le mérite de montrer, images spectaculaires à l'appui, l'appétit gargantuesque en minerais et terres rares de la transition énergétique. 

© Arte