Feu le vivant

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Gardons le feu sacré pour préserver le vivant qui se consume. 

Le Pantanal, décimé comme jamais par les incendies

Feue forêt. Un quart du Pantanal, vaste zone humide à cheval sur le Brésil, la Bolivie et le Paraguay, vient de partir en fumée dans des incendies sans précédent. 

Sorte d'immense poumon bleu de l'Amérique latine, le Pantanal se gonfle d'humidité lors de la saison des pluies avant de relâcher ses eaux à la saison sèche. Fait de marécages et de lagons, il purifie l'eau, protège des inondations et sécheresses et constitue un formidable puits de carbone. Grand comme la Grèce, il abrite de nombreux peuples indigènes, ainsi qu'une biodiversité foisonnante, dont le jaguar ou les tapirs constituent les représentants les plus iconiques. 

Les images spectaculaires des incendies, à la mi-septembre © Reuters

Plus de 11 000 départs de feux recensés, pour l'essentiel entre juillet et septembre 2020 : les incendies sont presque deux fois plus nombreux qu'en 2019, précédente année-record. 22% de la région aurait brûlé, d'après les résultats de l'analyse de Douglas C. Morton, spécialiste de la biosphère à la Nasa, communiqués au New York Times. Parmi les zones dévastées, de nombreuses aires protégées et territoires indigènes. Une catastrophe écologique due à une conjonction de facteurs. 

Cette année, la forte sécheresse a fait de cette zone humide une poudrière. Utilisés par les fermiers pour gagner des terres sur la nature, les incendies volontaires n'ont pas été freinés comme à l'accoutumée. Par ailleurs, les pratiques agricoles liées à la culture du soja ou du bétail causent l'érosion des sols, qui peuvent boucher les cours d'eau et les assécher. 

Comme l'explique le New York Times, le climat du Pantanal suit la terrible évolution prédite par plusieurs études. La région se réchauffe rapidement et subit de fortes sécheresses et des pluies diluviennes. Publiée en janvier, une étude estime que le nord du Pantanal pourrait se transformer en savane, voire en zone aride dans moins de vingt ans. A lire dans le New York Times (en anglais).

• Le gouvernement devrait bientôt introduire un malus sur les voitures les plus lourdes. D’après les Echos, un amendement au projet de loi de finances - qui établit le budget pour 2021 - devrait instaurer une taxation supplémentaire sur les véhicules neufs de plus de 1,8 tonne. Répondant en partie à la demande de la Convention citoyenne pour le climat qui réclamait une taxe de 10€ par kilo au-delà de 1,4 tonne. Le montant du futur malus n’a pas été indiqué. - Les Echos

• Mercredi, à la veille d'un sommet européen à Bruxelles, Greta Thunberg a demandé aux Etats d'accroître leurs efforts pour le climat, et de « mettre en place des budgets carbone annuels et contraignants qui s’appliquent maintenant, pas seulement en 2030 et 2050 ». L'UE planche actuellement sur un accroissement de ses objectifs de réduction de CO2 pour 2030. « Rien de ce qui a été proposé ou poussé n’est en ligne avec ce que nous dit la science », a ajouté la militante dans un entretien accordé à l'AFP

Restaurer une partie des écosystèmes pour sauver le climat et le vivant

Renaturer une partie des terres les plus dégradées serait le meilleur moyen de lutter contre le dérèglement climatique et l'effondrement du vivant. 

Dans son étude, publiée mercredi dans Nature, une équipe internationale de scientifiques a identifié les écosystèmes du globe les plus meurtris par les activités humaines, dont l'agriculture. 

Leur promesse est spectaculaire : la restauration d'un tiers de ces zones permettrait de stocker, à terme, l'équivalent de la moitié du carbone émis depuis la révolution industrielle (milieu des années 1700), soit quelque 465 gigatonnes de CO2. Mais aussi d'empêcher plus de 70% des extinctions d'espèces programmées.

Les scientifiques indiquent que la plantation d'arbres, très à la mode ces temps-ci pour absorber le CO2 des activités humaines, n'est pas toujours la meilleure solution. Elles et ils préconisent de restaurer aussi bien les forêts tropicales que les zones humides côtières ou les tourbières. Comme Vert l'écrivait récemment, ces dernières peuvent stocker des quantités faramineuses de carbone. 

Les espaces ciblés par les scientifiques sont donc ceux dont la renaturation serait la plus rentable, d'autant que la plupart d'entre eux se situent dans des pays en développement. N'en déplaise à ceux qui veulent renvoyer les infrarouges dans l'espace ou aspirer le CO2 des cimenteries, il s'agirait-là de la manière la plus simple et la moins coûteuse de répondre à la crise climatique et au déclin de la biodiversité. Plus d'informations dans Libération

Le métro de Bombay ne passera pas par la forêt

Les lilas ne seront pas poinçonnés. Le terminus du futur métro de Bombay ne sera finalement pas construit dans la forêt urbaine d'Aarey colony.

Dimanche 11 octobre, la droite radicale qui dirige l'Etat du Maharashtra a donné raison aux écologistes bombayien•ne•s, rapporte le Monde. Elles et eux qui se battent de longue date contre l'installation, dans cette enclave boisée, du terminus de la première ligne de métro de la mégapole. Celui-ci devait notamment accueillir le dépôt dans lequel les rames seront stockées la nuit et entretenues. 

Les gratte-ciels de Bombay, visibles depuis Aarey Colony © Frederickarcher

Aarey Colony est un mélange de forêt et de zone humide de 730 hectares situé en pleine ville. Comme le raconte encore le Monde, elle abrite quelque 290 espèces animales et végétales et s'insère dans l'immense parc national Sanjay Gandhi, où vivent des léopards sauvages. Un inestimable poumon dans l'enfer de béton qu'est Bombay. Le terminus du métro sera finalement implanté cinq kilomètres plus à l'est sur une friche appartenant à l'Etat du Maharashtra. A lire dans le Monde (abonnés). 

Pas tuer, c'est sympa

Daddy pas cool. Dans sa dernière vidéo, Partager c’est sympa refait le fil de l’intense lobbying mené, depuis des années, par l’industrie du sucre pour obtenir (une fois encore) le report de l’interdiction des néonicotinoïdes. Le gouvernement vient de réautoriser, jusqu’en 2023, l'usage de ces pesticides tueurs d’abeilles dans la culture de betteraves sucrières.

© Partager c'est sympa