Faites pleuvoir les billets verts !


Un numéro où l'on envisage une relance écologique en réponse à la crise économique.

Des billets verts pour la relance !

Pour soutenir leurs économies qui pâtissent de la crise du coronavirus, les grandes puissances mondiales s'apprêtent à injecter des centaines de milliards d'euros, dollars ou yens dans de vastes plans de relance. En Europe et aux Etats-Unis, de nombreuses voix s'élèvent pour que cet argent serve (enfin) à financer la transition écologique

« Les gouvernements doivent mettre des sommes massives d'argent pour soutenir l'emploi, considère Mary Robinson, ancienne présidente de l'Irlande et Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme. Mais ils doivent le faire en mettant très fortement l'accent sur l'environnement. La menace du changement climatique est aussi réelle que celle du Covid-19, même si elle paraît lointaine » explique-t-elle au Guardian.

Mary Robinson, en 2014 © Stefan Schäfer

Experts du climat, membres d'ONG, décideurs politiques ; les appels et tribunes se multiplient pour teinter de vert la relance. « L’occasion nous est donnée de réorienter très profondément les systèmes productifs, agricoles, industriels et de services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et axés sur le rétablissement des grands équilibres écologiques », louent une vingtaine de responsables associatifs et syndicaux français dans une tribune publiée dans France Info

La semaine dernière, 36 député•e•s français•e•s de tous bords ont échoué à inclure leur plan de transformation écologique et sociale à la loi instaurant l'état d'urgence sanitaire ; Aux Etats-Unis, plus d'un millier de scientifiques, activistes ou artistes ont appelé à un « plan de relance vert pour reconstruire notre économie » qu'ils chiffrent à 2 000 milliards de dollars. On y trouve un « menu de solutions » fait de dizaines de mesures en matière de rénovation énergétique, éducation, emploi, transport, etc. 

« Le Haut conseil pour le climat dit qu’il faudrait 20 milliards supplémentaires chaque année pour réussir la transition écologique. Ce n’est pas du tout important par rapport à ce qu’on va mettre – et à juste titre – pour atténuer les conséquences économiques de la crisejuge le Français Jean Jouzel, ancien vice-président du Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat), qui milite pour un plan de relance vert. On parle de 45 milliards en urgence, 300 milliards à moyen terme. 20 milliards par an, à côté, qu’est-ce que c’est ? »
 

Le spectre de 2008

De nombreux observateurs ont une crainte : celle que l'argent soit injecté massivement et sans contreparties, comme ce fut le cas après la crise financière de 2008

« Renflouer les actionnaires des industries sales pour que celles-ci continuent comme si de rien n'était [« business as usual »] plutôt que de protéger les travailleurs et leurs familles signifierait que nous n'avons rien appris de la crise financière », juge auprès du Guardian John Sauven, directeur général de Greenpeace au Royaume-Uni. Les plans de sauvetage accordés en 2008 ont contribué à faire prospérer l'industrie fossile, qui ne s'est jamais aussi bien portée.

JP Morgan, l'une des banques massivement renflouées en 2008, est la première contributrice aux projets de l'industrie fossile © Ben Sutherland

« Le Green Deal [Pacte vert - NLDR] pour l’Europe est repoussé de l’ordre du jour alors que les ministres des Finances introduisent le « bazooka » du soutien gouvernemental au « business as usual » – c’est-à-dire l’ancienne économie des combustibles fossiles », déplorent les signataires d'une tribune parue dans le Soir, tou•te•s membres du Club de Rome. « Peu de choses pourraient être pires que ce retour en arrière sans réfléchir » : les auteur•ice•s de cet appel prient l'Europe de placer la relance sous l'égide du pacte vert européen promis par la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen. 
 

Aux États-Unis, un plan de relance en demi-teinte

Dans la nuit de mardi à mercredi, le Sénat américain a approuvé un gigantesque plan de relance de 2 000 milliards de dollars (1 850 milliards d’euros) pour tenter d'enrayer la crise économique qui s'annonce. Celui-ci est désespérément vide de toute mesure en faveur de l'environnement

Les élus démocrates ont tenté d'y inclure des mesures écologiques, raconte le site Grist. Ils réclamaient par exemple un soutien aux énergies renouvelables, frappées par la crise, ainsi qu'une aide au secteur aérien uniquement accordée en échange de la promesse d'une réduction des émissions de CO2. 

Fruit d'âpres négociations, le plan prévoit de n'accorder finalement que 32 des 50 milliards de dollars demandés par les compagnies aériennes. Une aide accordée sans condition écologique. Les démocrates ont obtenu que l'Etat s'abstienne d'acheter 3 milliards de dollars de pétrole pour remplir la réserve stratégique nationale.

Même si ce plan est vide de toute considération écologique, les experts annoncent que d'autres devront suivre dans les mois prochains. Le temps, espère Grist, que les propositions vertes parviennent à s'insérer dans un prochain plan de relance.

Les animaux domestiques, victimes collatérales du coronavirus

Pendant le confinement, personne ne les entendra miauler. Confrontés à la chute du nombre d'adoptions, les refuges pour animaux sont sur le point de saturer

Les chiens et chats continuent à affluer à un rythme normal alors que le public ne se déplace plus dans les refuges, en raison des mesures de confinement, comme le raconte le Monde. La Société protectrice des animaux (SPA) héberge déjà 5 800 animaux sur les 6 500 places que comptent en théorie ses refuges. 

Quelques antennes locales proposent de prendre contact en ligne et de se « faire livrer » le chien ou le chat choisi, mais cette mesure est loin de suffire. La SPA a reçu l'autorisation d'augmenter sa capacité pour atteindre 8 à 9 000 places, comme lors des pics d'abandon en été.

A la chute des adoptions s'ajoute la pénurie de personnel, touché par l'épidémie, ainsi que la livraison de nourriture, qui se complique de jour en jour. A lire dans le Monde.

Les nouveaux projets de centrales à charbon en forte baisse

Houille houille houille ! Les centrales à charbon ont de moins en moins la cote à travers le monde

Chaque année, le Global energy monitor - un réseau de scientifiques, ainsi que les ONG Greenpeace et Sierra Club publient un rapport commun sur l'évolution du secteur du charbon. Dans la dernière édition, parue jeudi 26 mars, les auteur•ice•s ont constaté une diminution de la construction des centrales à charbon de 16 % entre 2019 et 2018. Depuis 2015, la chute est de 66 %.

La centrale de Turów, en Pologne © Vondraussen

La baisse est générale, sauf au Japon et en Chine : Pékin a fait construire les deux tiers des 68 gigawatts de nouvelles capacités de production mondiale.

A l'échelle de la planète, l'électricité produite à partir de charbon a baissé de 3% en un an. Or, celle-ci doit chuter de 80 % d'ici 2030 pour espérer rester sous la barre des 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle, selon le Giec. A lire dans Actu-Environnement.

Les heures confinées vous paraissent longues ? Vous êtes à court d'idées pour réduire vos déchets et améliorer votre empreinte écologique ? Le vendredi, c'est le jour du Do it yourself (faites-le vous même) ! Aujourd'hui, on profite des derniers coups de froid de l'hiver pour apprendre à fabriquer soi-même son baume à lèvres.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir et la télécharger d'un coup de clic droit. © Vert

Solutions locales pour un désordre global

Comment nourrir bientôt 10 milliards d'êtres humains sans annihiler le vivant ? C'est la question vertigineuse à laquelle tente de répondre Solutions locales pour un désordre global, superbe documentaire réalisé par Coline Serreau en 2010. Pour comprendre les parties en langues étrangères, laissez les sous-titres de Youtube activés.