La quotidienne

Faire la fine bûche

Chères toutes et chers tous,

📆  C'est la dernière quotidienne de l'année ! Mais la rédaction ne vous laisse pas les mains vides pendant les vacances de Noël : vous recevrez très vite notre compilation des bonnes nouvelles de 2023 et notre bêtisier annuel. On se donne rendez-vous le 8 janvier prochain pour la reprise de la quotidienne. 


Quand à France télé ça sent le sapin, Vert vous propose des recettes qui raviront même les esprits chagrins. 


France télévisions supprime son média écolo Nowu pour faire de la place aux Jeux olympiques

La direction du groupe audiovisuel justifie ce geste par des audiences trop faibles, mais plusieurs sources révèlent que cette fermeture est notamment motivée par la volonté d’augmenter la couverture des Jeux olympiques.

Monté il y a deux ans et alimenté par une équipe d’une vingtaine de personnes, Nowu (prononcé «Now you») s’appliquait à raconter l’écologie autrement aux jeunes, avec des formats innovants publiés sur son site web et les réseaux sociaux.

L'équipe suivait son bonhomme de chemin - des recrutements étaient en cours -, jusqu’à ce que France télévisions annonce, à la mi-novembre, que le média allait brutalement s’arrêter dès le 31 décembre.

© Capture d’écran du compte Instagram de Nowu

Officiellement, la direction a justifié sa décision par les faibles audiences de Nowu et des arbitrages budgétaires. Motif moins avouable : ce choix pourrait avoir été fait pour libérer des moyens afin de renforcer la couverture des Jeux olympiques (JO) 2024, comme l'avait révélé La Lettre.

Une source chez France télévisions confirme à Vert que l'annonce de la fin de Nowu a été justifiée «notamment pour prioriser d'autres sujets, en particulier un traitement ambitieux des JO». Une justification qui a ensuite «complètement disparu des communications» du groupe. «Le choix d’arrêter Nowu n’a absolument aucun lien avec les Jeux olympiques et paralympiques de 2024», s’est défendue la direction auprès de Mediapart.

Une vingtaine de travailleur·ses risque donc de se retrouver sur le carreau, dont cinq journalistes, qui ont été embauché·es via des prestataires privés. Un statut bâtard qui ne leur donne pas droit à la carte de presse. Plusieurs membres de l’équipe de Nowu s’apprêtent à subir un licenciement économique par leur employeur direct.

«Le groupe veut développer des projets numériques, ce qui est très bien, mais il le fait au travers de prestataires extérieurs à l'entreprise, alors que les journalistes sont physiquement dans les locaux», déplore Antoine Chuzeville, journaliste et délégué du Syndicat national des journalistes.

Nowu, dont le site web et ses contenus seront bientôt supprimés, ne sera a priori remplacé par rien. Dans un groupe qui a fait de la jeunesse et du climat deux priorités, la situation en désespère plus d’un·e.

Contactée par Vert, la direction de France télévisions n’avait pas répondu à nos questions à l’heure de l’écriture de ces lignes.

· Mardi, trois personnes ont été condamnées par le tribunal correctionnel d’Avignon à des peines allant de 6 à 12 mois de prison avec sursis, et des amendes de plusieurs milliers d’euros, pour avoir écoulé illégalement 2 400 litres de glyphosate. Autorisé au sein de l’Union européenne pour les usages agricoles, l’herbicide de Monsanto est interdit aux particuliers depuis 2019. - Reporterre

· Mercredi, la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, l’une des huit commissions permanentes de l’Assemblée nationale, a voté en faveur de l’ouverture, en janvier prochain, d’un débat sur l’abandon du projet d’autoroute entre Toulouse et Castres, l’A69 (nos articles). La commission, qui réunit 70 député·es de tous les bords politiques, a ainsi donné suite à une pétition, portée par le collectif La voie est libre, qui a rassemblé 50 000 signatures.

· Mercredi encore, une étude publiée par des scientifiques de l’Université japonaise Teikyo avance que la domestication des chiens aurait provoqué l’assombrissement de leurs yeux par rapport à leurs ancêtres les loups. Les humains auraient ainsi naturellement sélectionné des chiens aux yeux sombres, une caractéristique qui les fait paraître inoffensifs, avance l’étude. - Libération

· Jeudi, le tribunal judiciaire de Lille a requis jusqu’à six ans d'emprisonnement contre les membres d’une famille ayant organisé un vaste trafic de déchets. Entre 2018 et 2021, 10 000 tonnes de détritus ont été déversés en France en toute illégalité en provenance de Belgique. «C'est un comble de trafiquer des déchets et de croire qu'on a les mains moins sales qu'un trafiquant de drogues», a commenté la procureure en charge de l’affaire. - France 3 Hauts-de-France (AFP)

C’est pas du flan. Pour célébrer les fêtes de fins d’années comme il se doit, quoi de mieux qu’un repas trois étoiles ? La cheffe Manon Fleury partage avec nous son menu idéal de Noël - et ses recettes ! Manon Fleury et l’équipe de son restaurant Datil à Paris ont à cœur de mettre en valeur les enjeux écologiques et sociaux à travers leur cuisine. Pour les fêtes, la cheffe revisite des classiques de la gastronomie français à sa sauce : quenelle de céleri en entrée, oignon farci en plat de résistance, et une poire Belle-Hélène revisitée en dessert. «L'oignon farci peut remplacer la volaille classique qu'on sert à Noël et est totalement végétal», savoure-t-elle auprès de Vert. Pour le choix du dessert, la cheffe a décidé de finir sur une note fruitée : «C'est ce que je préfère à la fin d'un repas festif, c’est ultra gourmand et réconfortant», confie la cheffe. Les trois recettes sont à retrouver ici

© Pauline Gouablin

«L’hypothèse K» d’Aurélien Barrau : un plaidoyer fort pour une science déviante et poétique

La science derrière les Barrau. Dans un nouvel essai percutant, l’astrophysicien Aurélien Barrau défend une science libre et poétique pour faire face à la destruction du monde.

La science est tout sauf neutre. Elle n’est pas «le camp du bien». Après avoir largement dénoncé les responsabilités des sphères politiques et économiques dans les crises écologiques, Aurélien Barrau passe à la loupe son propre milieu. Partant du principe que «critiquer la science, c’est lui faire l’honneur de ne pas l’extraire du monde», l’astrophysicien et chercheur met en doute sa communauté, qui s’est mise au service d’un progrès technologique aveugle. Cette techno-science «investie d’un caractère quasi religieux» serait même «l’un des moteurs les plus dévastateurs de la catastrophe en cours». C’est «L’Hypothèse K.» pour «karkinos» - crabe en grec, le cancer.

Performance, pullulement technique, logique comptable… Aurélien Barrau met en garde contre les préoccupations actuelles de la science qui se focalise, entre autres, sur le fait de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables pour endiguer le réchauffement climatique. Pour lui, le problème n’est pas le carburant utilisé pour alimenter le progrès mais la direction même de ce progrès. Avec une énergie propre et illimitée, l’humanité n’en courrait que plus vite à sa perte.

Dès lors, que faire ? Dans ce texte philosophique et révolutionnaire qui se savoure autant qu’il se médite, le physicien défend une science oblique, fertile et libre, qui se mettrait au service du vivant. Face à une catastrophe «civilisationnelle», il suggère à la communauté scientifique de recouvrer son autonomie et d’«affronter le cancer technique» en habitant poétiquement le monde car, conclut-il en revisitant Rabelais : «science sans déviance n’est que ruine de l’âme».

L’hypothèse K, La science face à la catastrophe écologique, Aurélien Barrau, Grasset, octobre 2023, 224p, 18€.

Rafale de punchlines climatiques

C’est qui le patron ? Son style inimitable, fait de lyrisme sombre et de mises en garde apocalyptiques, en a fait l’une des voix les plus fortes et respectées de l’urgence climatique. Gaëtan Gabriele a compilé les sorties les plus marquantes d’António Guterres, le secrétaire général des Nations unies. Il nous aura prévenu·es !

© Gaëtan Gabriele

+ Alexandre Carré, Jennifer Gallé, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.