Et si, cette fois, nous mettions des conditions écologiques au renflouement des multinationales en faillite ?
Crise du Covid-19 : et si l'on reprenait la main sur les secteurs les plus polluants ?
Ça ne plane plus pour elles. Déjà en piteux état, les compagnies aériennes ont été frappées de plein fouet par l'immobilisation du monde due à la pandémie de Covid-19. Face aux appels à l'aide du secteur, certains commencent à émettre l'idée d'un renflouement sous conditions.
Aux Etats-Unis, les principales compagnies aériennes ont réclamé un plan de soutien contre le coronavirus de 50 milliards de dollars. Dans une lettre ouverte, huit sénateurs démocrates ont exigé que ces aides soient octroyées à condition que les entreprises travaillent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Idem pour les opérateurs de bateaux de croisière. « Si nous accordions une aide aux compagnies aériennes et aux croisiéristes sans exiger que ceux-ci ne soient de meilleurs gardiens de l'environnement, nous raterions une opportunité majeure de lutter contre le changement climatique et la destruction des océans », ont écrit les élus.
En France, la question du type de soutien à apporter à Air France-KLM, géant européen au bord de la ruine, se pose. Celui-ci pourrait prendre la forme d'une nationalisation. « Le mot ne me fait pas peur », a expliqué à BFM Eco Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des comptes publics. Même Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef (le principal syndicat des patrons) s'y est dit favorable pour les entreprises françaises les plus en difficulté. L'Italie a déjà annoncé sa volonté de racheter la compagnie Alitalia.
La nationalisation d'Air France donnerait à l'Etat des moyens supplémentaires pour faire baisser ses émissions de CO2. Elle permettrait de reprendre la main sur un secteur aussi stratégique et polluant que celui de l'aviation, d'accompagner la réduction nécessaire du trafic aérien ou encore, de préparer le reclassement des personnels vers d’autres métiers ou secteurs, comme EDF a prévu de le faire avec les anciens salariés de la centrale de Fessenheim.
Une telle aubaine se présentera peut-être également dans d'autres secteurs aussi sensibles : Renault (automobile), Saint-Gobain (construction) ou Airbus (aviation) connaissent de grandes difficultés financières. Reste à savoir si l'Etat français saisira l'opportunité historique qui lui est donnée.
La protection de la planète en pause
Reportée, ajournée, décalée, la lutte pour la planète. La COP15 consacrée à la préservation de la biodiversité a été renvoyée à 2021, comme l'ont annoncé les Nations unies, lundi 23 mars.
La quinzième conférence des parties (COP) sur la diversité biologique devait se tenir à Kunming (Chine) au mois d'octobre. Les Etats s'y étaient donnés rendez-vous dans le but d'établir une feuille de route commune pour la décennie qui s'ouvre visant à protéger l'ensemble du vivant.
2020 devait être une année charnière dans la lutte contre la crise climatique et pour la sauvegarde de la nature. Or, comme le rappelle le Monde, cette annulation est la dernière d'une série qui s'allonge.
L'Union internationale de conservation de la nature (UICN) devait tenir son congrès mondial en juin : reporté. La conférence des Nations unies sur les océans, attendue en juin à Lisbonne (Portugal) : ajournée. Le sort de la COP26 sur le climat est incertain, comme Vert l'avait raconté. Ainsi que les négociations climatiques intermédiaires prévues à Bonn (Allemagne) en juin. A lire dans le Monde (abonnés).
Valérie Masson-Delmotte, grande voix du climat
« Il y a vingt ans, l’image du changement climatique, c’étaient les ours polaires, les générations futures, des choses lointaines. Aujourd’hui, on me demande : “Comment refroidir le corps de mon nouveau-né dans mon appartement à Paris ?” ». À 47 ans, Valérie Masson-Delmotte a vu le monde changer. En quelques années, cette paléoclimatologue est devenue l'une des voix les plus écoutées dans le monde au sujet de la crise climatique.
Directrice de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), coprésidente du groupe de travail du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) consacré aux bases physiques du changement climatique, coordinatrice du rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement de 1,5 °C... Son CV la précède. Scientifique illustre, elle est de celles et ceux qui consentent à quitter leurs paillasses pour aller porter la parole climatique auprès du grand public.
Dans un riche entretien à lire dans la Croix Valérie Masson-Delmotte cause mouvements de jeunes, climato-sceptiques, prise de conscience et transformation sociale.
Lutter pour le climat depuis son salon
Vous avez décidé de continuer la lutte contre le réchauffement climatique malgré le confinement ? Félicitations. Mais peut-être vous demandez-vous par où commencer.
Tester des recettes végétariennes, nettoyer sa boîte mail ou planter ses semis de printemps ; Libération a dressé une liste d'activités écolos à entreprendre facilement chez soi. Les longues journées confiner sont également l'occasion de se mettre à l'« upcycling » (faire du neuf avec du vieux) en fabricant vêtements et objets de décoration à partir de chutes de tissus, voire de rouleau de papier toilette.
Vous pouvez également envisager de trouver de nouvelles manières de donner de la voix. Certain•e•s militant•e•s pour le climat ont décidé de ne pas baisser les bras, malgré les annulations d'événements en cascade.
Impossible de battre le pavé ? Qu'à cela ne tienne ! Répondant à l'appel de Greta Thunberg, les jeunes de Fridays for future (vendredis pour le futur) ont lancé les grèves pour le climat en ligne. Chaque vendredi, sous le mot d'ordre #ClimateStrikeOnline, des centaines d'entre elles et eux ont décidé de se prendre en photo avec leurs pancartes et slogans favoris et d'inonder les réseaux sociaux de leurs revendications. De quoi inspirer leurs aîné•e•s ?
Nemo, gardienne de la forêt contre l'industrie pétrolière
En Équateur, l'État découpe la jungle et la vend aux compagnies pétrolières les plus offrantes. Dans la région du Pastaza, une communauté d'Indiens waorani s'est battue, pendant des années, contre un projet d'extraction. Envoyé spécial raconte la lutte – victorieuse – de ce peuple autochtone, menée par la figure de Nemo, jeune femme à la tête du mouvement de résistance.