Chères toutes et chers tous,
🗳️ Les urnes ont parlé ! Avec 56% des votes, vous avez choisi que nous répondions à la question de @lucie_from_chambery : «L’idée de Railcoop de réouvrir la ligne de train Bordeaux-Lyon est-elle réalisable ?». Réponse dans le Vert du faux de jeudi prochain.
🎥 Mercredi, notre journaliste Jennifer Gallé était invitée sur Le talk de France info pour une émission dédiée à la crise agricole. Un échange passionnant en compagnie de l’agronome Marc Dufumier et de Laure Piolle, du réseau France nature environnement (FNE). Le live est à retrouver juste ici.
Et si on arrêtait de faire les enfants, avec nos élevages trois fois trop grands ?
L’élevage est-il incompatible avec la transition écologique ?
Un monde de broute. Viande, lait, œufs… l’élevage nous nourrit. Mais ses effets sur les sols, l’eau, le climat et le bien-être animal sont majeurs. Existe-t-il des modes d’élevage compatibles avec les impératifs écologiques ?
En France, l’élevage est responsable à lui seul de 46 millions de tonnes de CO2-équivalent (en 2021), soit 11% du total national, selon un récent rapport du Haut-Conseil pour le climat dédié à l’agriculture. En tête, de loin, les bovins (93% des émissions de l’élevage)
L’élevage intensif peut être très gourmand en eau et causer de nombreuses dégradations environnementales comme les effluents de lisiers de porcs qui créent des pollutions aux nitrates des cours d’eau et les rejets d’ammoniac dans l’air. Les élevages les plus denses sont aussi le lieu de propagation d’épidémies : grippe aviaire, peste porcine africaine, etc.
Une évolution indispensable de la filière et de la consommation
En 2023, la Cour des comptes française recommandait d’accélérer la réduction du cheptel bovin pour atteindre les objectifs climatiques du pays, alors que les ruminants émettent de grandes quantités de méthane, gaz à effet de serre très puissant. Le tout, en accompagnant les éleveurs et en encourageant les citoyen·nes à réduire leur consommation de viande. Pour l’heure, la décrue est trop lente, subie et non planifiée.
Le rôle central des prairies
Pour Jean-Louis Peyraud, expert à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), l’élevage en prairie peut être un vrai atout environnemental. «Ces espaces sont indispensables pour conserver le carbone dans les sols et aussi permettre de préserver les paysages agricoles avec leurs haies.»
Les animaux d’élevage fertilisent aussi les sols, de quoi réduire la consommation d’engrais azotés, néfastes pour la biodiversité et le climat. D’après le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), les exploitations qui mêlent élevage et cultures sont plus résilientes face aux chocs climatiques.
Moins de concentration des élevages et des pratiques agroécologiques
Plus petits, moins concentrés, faits de prairies plutôt que de bâtiments fermés ; inscrits dans une transition agroécologique, les élevages peuvent devenir de véritables atouts pour le climat et l’environnement.
👉 Cliquez ici pour lire ce décryptage d'Alexandre Carré et de Jennifer Gallé en intégralité.
· Mercredi, le Sénat a voté en faveur de l’inscription dans la Constitution de la «liberté garantie» des femmes d’avoir recours à une Interruption volontaire de grossesse (IVG), après le vote de l’Assemblée nationale fin janvier. Le Parlement se réunira en Congrès le 4 mars pour l’ultime étape de cette révision constitutionnelle. «C'est une victoire féministe immense», a réagi la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, qui a porté cette inscription. - France info (AFP)
· Mercredi encore, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé que l’aide d’urgence à destination de la filière biologique serait augmentée de 40 millions d’euros et portée à 90 millions d’euros pour l’année 2024. Le gouvernement avait déjà débloqué 104 millions d’euros en 2023. Le ministre a reconnu que la filière connaissait une crise profonde depuis deux ans. - Le Monde (abonné·es)
· La concentration en particules ultrafines (PUF) aux abords de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle est tout aussi élevée que le long du périphérique parisien, a révélé, ce jeudi, une étude d’Airparif, l’organisme qui surveille la qualité de l’air en Ile-de-France. En raison de leur taille, les PUF sont les particules fines les plus dangereuses pour la santé car elles pénètrent le système sanguin, rejoignent le cerveau et traversent le placenta. - Le Monde (abonné·es)
Alice Barbe : «Sans démocratie, ni pluralisme, il n’y a pas de transition écologique»
Alice Barbe est entrepreneure sociale, cofondatrice et ex-directrice de l’ONG Singa qui œuvre à l’intégration des personnes réfugiées. Elle a créé l’Académie des futurs leaders pour former une nouvelle génération de dirigeant·es politiques progressistes.
Vous intervenez le 6 mars au salon Talents for the planet, qu’allez-vous raconter à celles et ceux qui veulent embrasser une carrière dans la transition écologique ?
Sans démocratie ni pluralisme, il n’y a pas de transition. On entend beaucoup de discours sur la menace d’une «dictature verte». Ce qui m’inquiète, c’est la dictature tout court. Le Rassemblement national est donné vainqueur aux élections européennes à 40% et Reconquête à 8%. C’est gravissime. Cela veut dire qu’ils contribueraient à bâtir des lois européennes, qui s’imposeront au droit français.
Sans démocratie, il n’y a pas de protection de l’environnement. On décorrèle énormément de l’environnement la menace de l’extrême droite. Il va falloir voter pour des partis démocratiques qui garantissent la sauvegarde des libertés fondamentales : les droits des réfugiés, la Convention de Genève [sur les droits humanitaires, qui dicte les règles de conduites en cas de conflit armé], l’Interruption volontaire de grossesse. À peine élu, Donald Trump a retiré les États-Unis de l’Accord de Paris.
La colère des agriculteurs, comme celle des Gilets jaunes, a montré que mettre en place des mesures climatiques sans concertation, c’est un déni démocratique. Les agriculteurs ne sont pas contre la transition, ils souffrent de n’être pas écoutés.
👉 Cliquez ici pour lire la suite de cet entretien réalisé par Juliette Quef, où il est question de bataille culturelle contre les idées d’extrême droite.
Ikea, le saigneur des forêts
Néant vert. Fruit d’une enquête de deux ans, réalisée par les journalistes Xavier Deleu et Marianne Kerfriden, le documentaire de 90 minutes «Ikea, le seigneur des forêts» raconte les ravages causés par le roi du meuble sur la filière du bois. Alors que le géant suédois vante un approvisionnement durable, il est responsable de l’abattement de 1% des forêts chaque année, soit un arbre coupé toutes les deux secondes.
+ Alexandre Carré, Loup Espargilière, Juliette Mullineaux, Justine Prados, Juliette Quef et Sanaga ont contribué à ce numéro.