Election mayday


La planète retient son souffle au moment où l'ouragan Trump pourrait la balayer quatre ans de plus. 

Le lourd bilan environnemental de Donald Trump

L'élection présidentielle aux Etats-Unis se tiendra dans la nuit (française) de mardi à mercredi. En attendant les résultats d'une nuit cruciale pour la planète, voici un florilège des mesures les plus néfastes prises par Donald Trump au cours de ces quatre interminables années passées au pouvoir. 

99 : c'est le nombre ahurissant de normes censées protéger l'environnement que l'actuel président a détricotées ou qui seront bientôt défaites, d'après le dernier décompte réalisé par le New York Times

En vrac, Donald Trump s'est attaqué aux limites d'effusion de mercure issu des centrales au charbon ; à celles des émissions de CO2 des nouvelles voitures ; aux plafonds d'émissions de CO2 des centrales au gaz ou au charbon ; les compagnies gazières et pétrolières ne seront plus obligées de détecter et réparer les fuites de méthane issues de leurs activités. 

Donald Trump plante un arbre avec Emmanuel Macron, en 2018 © Steven L. Herman

En matière de forage et d'extraction, l'administration Trump a donné son accord à l'ouverture de la réserve naturelle de l'Alaska aux compagnies gazières et pétrolières ; a autorisé la construction du Dakota access pipeline à quelques centaines de mètres de la réserve sioux de Standing rock ; a annulé les normes en matière de pollution de l'eau liée à la fracturation sur les terres fédérales et indiennes.

Trump a aussi allégé l'évaluation environnementale des projets fédéraux d'infrastructure ; réautorisé l'usage de munitions de chasse et matériel de pêche au plomb ; permis la chasse de prédateurs dans la réserve naturelle de l'Alaska ; les compagnies qui exploitent le charbon peuvent à nouveau jeter leurs déchets miniers dans des cours d'eau ; a cessé de financer le fonds vert pour le climat des Nations Unies, qui doit permettre aux pays en développement de s'adapter aux dérèglements climatiques. Enfin, Donald Trump a engagé le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris. Celui-ci sera effectif... dès le 4 novembre. 

« Sous mon administration, nous avons supprimé près de 25 000 pages de réglementations nuisibles à l'emploi, de loin plus qu'aucun autre président dans l'histoire de ce pays »

Donald Trump, cet été

Si Joe Biden n'est pas connu comme un écologiste convaincu, celui-ci a promis de revenir sur toutes les normes défaites par Trump (Vert). A contrario, la réélection de Donald Trump à la tête du deuxième plus gros émetteur mondial de CO2 engagerait le monde sur une pente toujours plus glissante alors que s'ouvre une décennie cruciale pour le climat. Plus d'informations dans le New York Times (en anglais). 

• L’ouragan Eta passe en catégorie 4 alors qu’il devrait toucher terre au Nicaragua ce mardi. Le Salvador et le Honduras sont également en état d'alerte. Pour la seule année 2020, il s’agit déjà de la 28ème tempête assez puissante pour que l’Organisation météorologique mondiale lui donne un nom ; un nouveau record. Les tempêtes tropicales violentes sont vouées à se multiplier sous l’effet du changement climatique - Le Figaro (AFP)

Le climat, facteur X dans certains États-clefs ?

Les temps changent (littéralement). Dans certains États-clefs, l'inquiétude grandissante au sujet du climat pourrait bousculer l'élection présidentielle américaine de ce mardi. 

Températures record, multiplication des ouragans ; aux États-Unis, le climat est en train de devenir un sujet majeur. D'après un sondage mené en octobre par le New York Times et le Siena College research institute, 58% des (1 000) personnes interrogées se disent « inquiètes » voire « très inquiètes » que leur communauté soit frappée par le réchauffement climatique. Ce chiffre monte à 90% chez les électeur•rice•s de Joe Biden pour les « très inquiets », contre 23% (tout de même) chez les partisan•e•s de Donald Trump.

Aux États-Unis, cette élection se joue au suffrage indirect : les votant•e•s s'apprêtent à élire des grands électeurs dans chaque État. Ceux-ci voteront à leur tour pour Trump ou Biden. Aussi, une courte victoire dans un État peut offrir de nombreuses voix supplémentaires à l'un ou l'autre des candidats.

Le New York Times s'est penché sur l'avis des votant•e•s de certains États dont le résultat est incertain. En Arizona, où 57% des personnes interrogées craignent l'élévation des températures, Biden pourrait l'emporter aisément. Même scénario dans l'État côtier de Floride, où plus de la moitié des électeur•rice•s craignent la montée des eaux (Vert).

Résultat plus étonnant en Alaska : si 56% des personnes interrogées sont « inquiètes » du réchauffement, la moitié (50%) d'entre elles soutiennent le développement de nouveaux projets gaziers et pétroliers sur leurs terres. Trump devrait l'emporter largement dans cet État très dépendant des ressources des hydrocarbures.

Peut-être un signe : d'après les chiffres de l'organisation Environmental Voter Project fournis au média Grist, les votant•e•s écologistes sont surreprésenté•e•s parmi les 75 millions d'électeur•rice•s qui ont déjà pu voter en avance. Plus d'informations dans le New York Times (en anglais). 

Faire payer le CO2 émis par les métaux

Métal plus le choix. Afin de remplir les objectifs climatiques nationaux, France stratégie propose de faire payer une taxe carbone sur les métaux les plus émetteurs de CO2

Le problème est d'ampleur : « L'extraction et le raffinage des métaux sont à l'origine d'un dixième des émissions mondiales de gaz à effet de serre », indique cet institut rattaché au premier ministre dans une note publiée mercredi dernier. 

20 600 tonnes de CO2 sont émises pour une seule tonne extraite et raffinée de platine, 5 100 tonnes de CO2 pour une tonne d'or. L'acier ne consomme « que » 2 tonnes de CO2 et l'aluminium, 17, précise le document. 

Les émissions de CO2 par tonne de métal. Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand   © France Stratégie

Hélas, ces deux métaux sont, de très loin, les plus utilisés. L’acier est notamment employé dans la construction et l’aluminium sert, entre autres, dans les emballages, les ustensiles ménagers, l'automobile, etc. A eux seuls, ils génèrent près de 90% des émissions de CO2 des dix-sept métaux étudiés par France Stratégie. L'utilisation de métaux a cru de 250% entre 1970 et 2017. 

Pour respecter les objectifs de l'Accord de Paris et faire décroître fortement les émissions françaises, l'institut propose d'introduire une taxe carbone de 57€ par tonne de CO2. Ce qui, en l'état, renchérirait l'acier de 25% et l'aluminium de 60%. Mais à plus long terme, France stratégie parie sur une « transformation substantielle de leur usage, favorisant la sobriété et l’économie circulaire ». Plus d'informations dans Actu-environnement (abonnés). 

Un bulletin pour le faire taire

« Le réchauffement climatique est un canular » ; « il va faire plus frais, vous allez voir » ; « les feux de forêt reviennent parce que les sols ne sont pas nettoyés... » Dans cette savoureuse vidéo, l'un de ses ultimes spots de campagne, Joe Biden propose aux électeur•rice•s de clouer le bec climatosceptique de Donald Trump grâce à leur bulletin de vote

© Joe Biden