Chères toutes et chers tous,
🗓️ La prochaine étape du Climat Libé Tour, dont Vert est partenaire, aura lieu à Marseille ce samedi 16 décembre à la Friche Belle de Mai. Une journée pour discuter des pollutions, un enjeu majeur pour la santé et l’environnement. Le programme complet et les infos pratiques sont à retrouver juste ici.
🤔 Quelles sont les questions sur l’écologie qui vous taraudent en ce moment ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous vous proposerons de choisir entre deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue.
Pendant qu’à la COP les négociations patinent, des États et des citoyens se coalisent pour sortir des fossiles.

À la COP28, l’idée d’un traité pour interdire la prolifération des énergies fossiles fait son chemin
Bien traité le climat. Plus contraignant que les textes des COP sur le climat, ce projet de traité qui vise à sortir pour de bon du pétrole, du charbon et du gaz a été rejoint par de nouveaux pays à l’occasion de la COP28 de Dubaï.
Le traité de non-prolifération des énergies fossiles a fait le plein pendant la COP28 : après les îles Palaos, la Colombie et les Samoa, c’est l’État de Nauru, dans le Pacifique, qui a rejoint l’initiative, lundi matin. L’annonce porte à douze le nombre de pays qui soutiennent officiellement le texte - en plus du Parlement européen, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de 95 villes et gouvernements locaux, et de milliers de scientifiques et d’ONG.
Cette initiative a vu le jour au sein de la société civile en 2019, portée par les pays du Pacifique qui sont particulièrement vulnérables à la montée des eaux, causée par le dérèglement climatique.
Le texte repose sur trois branches : la fin de tout nouveau projet d’exploitation fossile, une sortie progressive de la production en cours, et des investissements dans une transition juste - notamment en garantissant l’accès aux énergies renouvelables au monde entier. Le tout dans une perspective d’équité, où les pays du Nord -historiquement les plus gourmands en fossiles et les plus responsables de la crise-, doivent faire les plus gros efforts.

Complémentaire de l'accord de Paris
Le traité se voit comme complémentaire de l’Accord de Paris (2015), qui reste muet sur le rôle du pétrole, du gaz ou du charbon dans le changement climatique, alors que ces énergies émettent 80% des gaz à effet de serre dans le monde.
«Le cadre de la gouvernance internationale climatique ne permet pas pour le moment de s’attaquer à la cause profonde de la crise climatique qui est la production des fossiles», détaille à Vert Viviana Varin, responsable de la communication pour le traité. Pour preuve : la première fois qu’une COP a évoqué une énergie fossile, le charbon, c’était fin 2021 à Glasgow (Royaume-Uni).
Dans une chronique au Guardian, le journaliste George Monbiot mise aussi sur cette option qui consiste «à contourner le processus de la COP en élaborant de nouveaux traités contraignants».
👉 L’intégralité de ce décryptage, où il est question des nouveaux membres du traité et de la position de la France, est à lire sur vert.eco

· Lundi, la liste rouge du nouvel inventaire mondial des espèces végétales et animales a été présentée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) lors de la COP28 sur le climat. Elle comprend désormais 157 190 espèces, dont 44 016 menacées d'extinction. Parmi celles qui font leur entrée: le saumon atlantique et la tortue verte, tous deux affectés par les effets du dérèglement climatique. - La Dépêche
· Lundi encore, le président Macron a déclaré vouloir investir massivement dans l’hydrogène blanc, présent naturellement dans le sol. Le chef de l’État a autorisé un permis de recherche de cinq ans dans une zone de 225 kilomètres carrés dans les Pyrénées-Atlantiques. Il souhaite faire de la France «un pays pionnier» de cette énergie, encore immature, pour décarboner l’industrie et le transport. - France info
· Lundi toujours, Google a publié les questions les plus fréquentes posées à son moteur de recherche en France en 2023 ; surprise : ni le réchauffement climatique, ni la chute de biodiversité n’en font partie. Les sujets d’actualité en forte hausse par rapport à 2022 sont l’intelligence artificielle de ChatGPT et le confit israélo-palestinien. Plus original, «Comment est mort Mickey Mouse?», caracole en tête des requêtes des utilisateur·ices. - France Inter
· Jeudi dernier, l’Union européenne a acté l’élimination complète des chaudières à combustibles fossiles d'ici 2040. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la révision de la directive sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD) qui vise à rendre le parc immobilier européen neutre en carbone d'ici à 2050. Les subventions aux chaudières fossiles seront réduites dès 2025. - Euractiv


«Mon pays disparaît des premières pages des journaux. S’il vous plaît, ne détournez pas le regard !»
– Zakira Bakhshi, militante afghane pour Youth for nature
Donner de la voie. Zakira Bakhshi, 20 ans, s’est rendue à la COP28 au nom de Youth for nature, une organisation de jeunes qui opère «à l’intersection du climat et de la nature» : «Notre but premier, c’est de donner du pouvoir aux jeunes, ainsi qu’aux femmes», raconte-t-elle à Vert. Youth for nature est parvenu à envoyer neuf délégué·es du monde entier à la COP28, afin de leur permettre de se rapprocher des décideurs et d’éventuels mécènes pour mener à bien leurs projets. «Nous avons aussi des objectifs personnels», nous dit-elle. Parmi les siens : redonner voix aux femmes et aux filles laissées pour compte en Afghanistan. Retrouvez son portrait sur vert.eco


Enterrés, les fossiles ? Dans ces dernières heures de la COP28, les pays négocient âprement sur le projet de «bilan mondial». Comme son nom l’indique, ce texte doit dresser le bilan de l’action des États depuis l’Accord de Paris en 2015, et trouver comment accélérer franchement alors que le monde est sur la voie d’un réchauffement catastrophique de près de 3°C. Lundi, alors qu’il restait des dizaines d’options ouvertes sur de nombreux sujets, la présidence émiratie de la COP a publié sa version du texte, où elle a tranché tous les points en suspens. Ce document doit servir de base pour la suite des négociations. Exit la sortie («phase-out») du gaz, du pétrole et du charbon, formule pourtant réclamée par plus de cent pays. Et welcome à la «réduction» des fossiles - simplement suggérée - et aux technologies censées compenser leurs émissions de gaz à effet de serre, comme la capture et stockage de carbone. L’Arabie Saoudite a eu ce qu’elle voulait ; la plupart des autres parties est vent debout contre ce projet. L’UE prévoit de s’employer à améliorer ce texte.
L’amer à boire. Les réactions virulentes se sont multipliées après la sortie de la dernière version du texte qui fait fi de la sortie des fossiles. «Nous ne sommes pas venus à la COP pour signer notre arrêt de mort, a tancé John Silk, le ministre des ressources naturelles des Îles Marshall. Ce à quoi nous avons assisté aujourd’hui est tout simplement inacceptable. Nous ne retournerons pas silencieusement dans notre cimetière aquatique», a-t-il déclaré. À la tête du World Resources Institute, organisation de recherche internationale, David Waskow a fustigé le manque de vision de la dernière version : «Ce texte n'envoie pas de signaux clairs pour éviter la crise climatique. Les actions proposées ressemblent à une sorte de menu à la carte. […] C’est absolument décevant.» Autre réaction marquante, celle de Vanessa Nakate, la militante ougandaise pour le climat : «Ce qui se passe est injuste, en particulier pour les communautés les plus exposées. Si nous ne nous attaquons pas à la cause première de la crise climatique, tout le reste est inutile».

Mammouths, thermostats connectés et pistes de ski
La COP est pleine. Comment les médias traitent-ils la COP28 sur le climat ? Entre technosolutionnisme, critique de la démesure de Dubaï et boycott, la présidente de Vert Juliette Quef fait le point aux côtés d’Eva Morel de Quota Climat et de Raphaël Demonchy de Plus de climat dans les médias, dans l’excellente émission d’Arrêt sur Images, présentée par son rédacteur en chef Paul Aveline.

+ Alexandre Carré, Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro