La quotidienne

Des plans plan-plan

Chères toutes et chers tous,

🎥 Quel est votre film préféré sur l’écologie? Vert s’apprête à décerner la palme verte du cinéma ! Pour ce faire, dites-nous quel est votre fiction préférée, avec de l’écologie en toile de fond ou au cœur du récit, en répondant simplement à ce mail.

⏰ Ce vendredi à 10h45, Loup Espargilière, rédacteur en chef de Vert, sera au forum ChangeNow à Paris pour une table ronde sur le pouvoir des médias, aux côtés du Financial Times, du Time, de CNN, de France télévisions et du Parisien. Plus de détails ici.


Les plans du gouvernement pour réduire nos émissions et adapter la France n’ont pas de quoi mettre les citoyens en transe.


Climat : le gouvernement cherche un plan pour accélérer le mouvement

Double portion. Elisabeth Borne a lancé hier un nouveau chantier législatif et réglementaire pour renforcer les objectifs climatiques de la France à l’horizon 2030. Plus de la moitié des efforts à accomplir doivent faire l’objet de mesures nouvelles.

Dans le sillage de l’Union européenne, la France a pour nouvel objectif de réduire de 50% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, contre 40% jusque là (par rapport à 1990). Pour y parvenir, la première ministre Elisabeth Borne a lancé, lundi, un nouveau round de concertations et de négociations par secteur en vue de «sécuriser les leviers d’actions». Elle a également présenté un bilan des progrès déjà accomplis devant les 50 membres (élu·es, syndicats, ONG, etc.) du Conseil national de la transition écologique (CNTE).

Depuis 1990, la baisse constatée est de 25%. En clair, «il faudra faire plus en huit ans [d’ici à 2030] qu’au cours des 32 dernières années», a résumé un porte-parole de Matignon.

Clément Beaune, ministre des transports et Elisabeth Borne, première ministre, lors de la présentation du plan devant le Conseil national de la transition écologique. © Bertrand Guay/AFP

Dans sa présentation, le gouvernement a esquissé les potentiels de réduction secteur par secteur : ici, 11 millions de tonnes de CO2 en moins grâce au déploiement des voitures électriques, là, 35 millions via la décarbonation de l’industrie. Mais les mesures exactes n’ont pas été détaillées. Elles devront être (re)discutéees, d’abord dans des groupes de travail, puis au travers de lois dédiées.

«Si on fait tout, on atteint nos objectifs», a expliqué un représentant de Matignon. Pourtant, si un peu moins de la moitié des efforts à accomplir entre 2019 et 2030 est déjà couverte par des mesures engagées ou en cours de déploiement, le reste devra faire l’objet de mesures nouvelles, qu’elles soient au stade de la concertation ou encore «à documenter». D’autre part, le gouvernement précise que «l’État n’a pas tous les leviers entre ses mains». Plus de la moitié du potentiel de baisse serait «à la main du secteur productif», selon lui. Un autre quart revenant au secteur public et le dernier aux ménages.

· Dans un rapport publié lundi, la Cour des comptes appelle la France à réduire le cheptel de vaches pour respecter ses engagements climatiques. En cause, le méthane produit par la digestion et les déjections des bovins représente près de 45% des émissions agricoles françaises. Ce gaz a un pouvoir de réchauffement plus de 80 fois supérieur à celui du CO2 au cours des 20 premières années passées dans l’atmosphère. - Libération

· Lundi encore, plus de 400 professionnel·les du cinéma, dont Isabelle Adjani, Cyril Dion ou Natalie Portman, ont officialisé la création du collectif Cut ! (Cinéma uni pour la transition), qui veut mettre le septième art au service de l’écologie. Depuis Cannes, elles et ils ont publié un manifeste pour «inspirer d’autres façons d’être au monde et de faire face aux défis à venir».

· Lundi toujours, trois États de l’Ouest des Etats-Unis (l’Arizona, la Californie et le Nevada) ont trouvé un accord «historique» pour réduire leur consommation d’eau provenant du fleuve Colorado, afin d’éviter la rupture d’approvisionnement de grandes villes comme Phoenix ou Los Angeles. L’été dernier, le niveau des réservoirs était si bas que les autorités craignaient l’interruption des barrages hydroélectriques et donc de la production d’électricité. - Courrier International

«La transition demandera à tous des efforts substantiels d’adaptation de leur mode de vie, dont il ne serait pas éthiquement admissible que les plus aisés s’exonèrent en se bornant à payer plus cher les mêmes consommations».

Au rapport. Missionné·es par le gouvernement, les économistes Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz ont présenté, ce lundi, leur rapport sur «les incidences économiques de l’action pour le climat». Celui-ci plaide pour un big-bang économique immédiat : «il ne sert à rien de retarder les efforts au nom de la maîtrise de la dette publique». Les économistes défendent un recours massif à l’endettement public, à hauteur de 250 à 300 milliards d’euros supplémentaire d’ici à 2030. La transition étant «spontanément inégalitaire», tous deux insistent sur l’absolue nécessité de compenser ses impacts sur les plus fragiles : «un impératif auquel les politiques publiques doivent se conformer si elles veulent avoir une chance d’être acceptées». Les ménages les plus aisés devraient contribuer de façon plus prononcée, via un prélèvement «exceptionnel» sur leur patrimoine financier, par exemple. Mais cela ne suffira pas : la réglementation, voire l’interdiction de certain·es pratiques, fait partie des pistes à envisager.

Le gouvernement lance une vaste consultation pour adapter la France à +4°C

Pour construire la future stratégie d’adaptation de la France au réchauffement climatique, le ministère de la transition écologique ouvre une consultation en ligne ce mardi. Une façon de lancer le débat sur un sujet encore peu abordé par les pouvoirs publics.

Cet été, la SNCF annonce réduire la vitesse de tous les TER de Nouvelle Aquitaine pour éviter d’aggraver la déformation des rails causée par les fortes chaleurs. Une illustration de l’immense chantier de l’adaptation au réchauffement climatique. Pour anticiper les pires situations, le gouvernement lance, ce mardi, une consultation en ligne ouverte à toutes et tous jusqu’à mi-septembre, mais surtout destinée aux collectivités locales, entreprises et associations.

Deux scénarios sont proposés. Le premier est fondé sur une hausse de 1,5 °C de la température moyenne de la planète d’ici à 2100, soit environ +2 °C en moyenne en France métropolitaine. Le deuxième envisage un réchauffement de 3°C au niveau mondial, ce qui reviendrait à une hausse de 4°C en France. Le pays s’est déjà réchauffé de 1,7°C.

Une maraude de la Croix Rouge lors du plan canicule, 2015 © Croix-Rouge française

«C’est une vraie nouveauté. Jusqu’à maintenant, il n’était nulle part écrit qu’on devait se préparer au pire», explique à Vert Vivian Dépoues, chef de projet «adaptation au changement climatique» à l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE).

Un prétexte pour commencer à discuter

Avec quatre degrés supplémentaires d’ici à la fin du siècle, les conditions de vie seront bouleversées. «Quel accompagnement serait nécessaire selon vous ?», interroge par exemple la consultation, qui doit permettre de contribuer à la mise à jour du prochain plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), attendu en fin d’année.

«Cette consultation est d’abord un prétexte pour commencer à discuter avec les acteurs concernés», estime encore Vivan Dépoues, notamment les filières économiques en première ligne comme le tourisme ou l’agriculture.

Quand les pesticides déciment les pollinisateurs

Ça file le bourdon. Dans une vidéo drôle et décapante dont ils ont le secret, le duo de comédien·nes Ami des lobbies et l’humoriste Nicolas Meyrieux explorent les effets ravageurs des pesticides sur la biodiversité. Un partenariat avec l’association Pollinis, qui œuvre à enrayer le déclin des pollinisateurs.

© Ami des lobbies

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.