Démunis, si pâles ?

Chères toutes et chers tous,

Vert vous revient en pleine forme après avoir baissé le rideau toute la semaine dernière. Nous avons été ravi•e•s de vous voir aussi nombreux•euses lors de la soirée de lancement de votre jeune média, qui s'est tenue mercredi dernier à la Base, à Paris. 

Nous avons profité de cette soirée pour présenter les valeurs et les projets de Vert, que je détaille dans cette vidéo :

Nous sommes également très (très très) content•e•s de vous annoncer que vous êtes déjà plus de 1 000 abonné•e•s à Vert, après seulement cinq semaines d'existence. On ne pouvait pas rêver meilleur départ !


Après avoir lu ce numéro, vous saurez quoi répondre à vos maires et aspirants édiles quand ceux-ci vous diront : "on ne peut pas".

L'Abattoir Sobeval de Dordogne mis à l'arrêt

Bravo le veau. Après un feuilleton qui a connu de nombreux rebondissements la semaine dernière, le ministre de l'agriculture a finalement annoncé, vendredi, la suspension de l'abattoir Sobeval de Dordogne

Rapide retour en arrière. Le 20 février, l'association L214 publie une nouvelle enquête vidéo, issue de l'abattoir de veaux de Sobeval, situé à Boulazac (Dordogne) et propriété du groupe néerlandais VanDrie. 700 veaux y sont mis à mort chaque jour, selon les cahiers des charges Label rouge, bio, casher ou halal. Dans sa vidéo, l'ONG dénonce de multiples violations de la loi en matière d'abattage.

Version "édulcorée" de l'enquête vidéo de L214 sur l'abattoir Sobeval de Dordogne.

Dans un premier temps, la préfecture de Dordogne et le ministre de l'agriculture, Didier Guillaume, ont nié avoir constaté des infractions sur le site de Sobeval. Mais le 25 février, des mails internes des services de l'Etat envoyés par erreur à L214 font bien état de « non-conformités indéniables, voire majeures ».

Extrait de l'un des courriels adressés par erreur à L214.

Mis face à ces contradictions, Didier Guillaume a été contraint à un rétropédalage. Interrogé par RTL, il a finalement annoncé avoir décidé « non pas la fermeture mais la suspension de cet abattoir afin que toute la lumière soit faite » après que le ministère a mené sa propre enquête. Didier Guillaume a prévenu que « dès que des mesures correctives seront proposées, cet abattoir pourra reprendre son fonctionnement ».

« Ce feuilleton illustre une fois de plus la défaillance chronique des services de l’État », a tancé L214, dans un communiqué. L'association plaide pour que « l’attribution « condition animale » [soit] retirée au ministère de l'Agriculture et confiée à un ministère moins exposé à l’influence des lobbies de l’agroalimentaire » et pour interdire l'abattage sans étourdissement. A lire dans 20 Minutes

260 000 victimes du « dieselgate » indemnisées par Volkswagen en Allemagne

Volkswagen s'en tire bien. Visé par une plainte collective de consommateurs allemands floués dans le cadre du scandale du dieselgate, le constructeur devra débourser quelque 830 millions d'euros

Et c'est bien peu, en réalité. Vendredi 28 février, un accord a été trouvé entre Volkswagen et l'association de consommateurs à l'origine de la plainte. Le constructeur devra verser à chacun•e des 260 000 plaignant•e•s une somme comprise entre 1 350 et 6 257 euros, en fonction de l’âge et du modèle du véhicule, comme le rapporte le Monde

En 2015, Volkswagen avait reconnu avoir truqué les moteurs de 11 millions de ses véhicules diesel à travers le monde pour passer les tests antipollution. A la suite de l'affaire du dieselgate, qui a connu un retentissement mondial, le constructeur avait dépensé des milliards de dollars pour indemniser ses clients en Australie et surtout, aux Etats-Unis : contraint à racheter intégralement les véhicules truqués, à indemniser les clients, et à s'acquitter d'amendes et de frais de justice, Volkswagen y a déboursé plus de 25 milliards de dollars (22,6 Mds €), rappelle encore le Monde. Contre 2,3 milliards d'euros au total en Allemagne.

Volkswagen s'évite ainsi un procès très coûteux en termes d'image. Mais ses clients allemands peuvent encore l'attaquer individuellement. Plus dangereux : dans une autre procédure, ses actionnaires réclament 9 milliards d'euros de dommages et intérêts pour avoir manipulé les cours de bourse. A lire dans le Monde (abonnés). 

 

Greta Thunberg en France pour les grèves et manifestations des 13 et 14 mars

Greta Thunberg s'apprête à rejoindre les grévistes et manifestant•e•s français•e•s pour le climat, à la veille des prochaines élections municipales. Vendredi 13 mars, la militante suédoise se rendra d'abord à Grenoble, où elle donnera de la voix lors de la manifestation accompagnant la cinquième grève des jeunes pour le climat, organisée par Youth For climate. Plus de 40 mobilisations similaires sont attendues en France ce jour-là.

Greta Thunberg, lors d'une édition berlinoise des "Vendredis pour le futur", en juillet 2019. © Leonhard Lenz

Le lendemain, Greta Thunberg devrait grossir les rangs de la grande marche pour le climat organisée à Paris par une vingtaine d'ONG. Des manifestations similaires sont prévues dans plusieurs autres grandes villes françaises. 

L'année dernière, les actions des 15 et 16 mars 2019 avaient réuni plus de 500 000 personnes en France, comme le rappelle le Parisien. Cette fois-ci, la mobilisation revêt un enjeu supplémentaire : achever de convaincre les électeurs de l'urgence à la veille du premier tour des municipales qui se tiendra le dimanche 15 mars. 

La carte des mobilisations du 13 mars est à retrouver sur le site de Youth for climate. A lire dans le Parisien.

Que peut un•e maire pour le climat? 

Alors qu'arrive à grands pas le premier tour des élections municipales, le 15 mars prochain, nombreux sont ceux et celles qui se posent cette question : que peut un•e maire pour le climat et qu'est-on en droit d'attendre des candidat•e•s ? 

C'est ce que s'est demandé We Demain qui rappelle, comme l'avait expliqué le Giec, que l'on peut agir sur 50 à 70% des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle locale ou régionale. 

Le site dresse une liste (non-exhaustive) de mesures qu'un édile peut mettre en œuvre à son échelle. Une équipe municipale peut, par exemple, agir sur le développement de modes de transports décarbonés, encourager l'isolation thermique des bâtiments, favoriser le développement d'une agriculture locale, bio, de saison. Les maires peuvent également freiner ou inverser l'étalement urbain au travers de leur plan local d'urbanisme.

L'occasion de rappeler le Pacte pour la transition qu'ont rédigé le Réseau action climat et plusieurs dizaines d'associations : écrit à l'intention des candidat•e•s aux municipales, celui-ci comporte 32 mesures applicables à l'échelle d'une commune. A lire dans We Demain.

Au Luxembourg, les transports publics sont désormais gratuits 

C'est une première mondiale : samedi 29 février, le Luxembourg a rendu ses transports en commun intégralement gratuits.

Pour lutter contre les embouteillages et permettre aux plus pauvres de se déplacer librement, le duché est le premier pays au monde à permettre à ses 610 000 habitant•e•s d'emprunter bus, trams et trains gratuitement. La mesure devrait permettre aux Luxembourgeois•e•s d'économiser 100€ par mois et par foyer.

Seules exceptions, notées par France Info : les billets de train en première classe et les trajets internationaux demeureront payants. En parallèle, le duché prévoit d'accroître ses investissements pour développer encore son réseau ferroviaire.

Si une telle mesure écologique et de justice sociale n'est pas envisagée en France à l'échelle nationale, plusieurs communes l'ont déjà mise en place, comme Dunkerque, il y a un peu plus d'un an et Calais, en décembre 2019. L'exemple luxembourgeois achèvera-t-il de convaincre certains édiles encore un peu réticents ? A lire sur le site du Monde (AFP).

Empêcher la prolifération des écrans vidéos publicitaires

Difficile d'y échapper lorsque l'on attend son métro ou son bus : le regard dérive inlassablement sur les écrans vidéos qui clignotent leurs publicités et happent les passants malgré eux.

Dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche150 chercheurs•euses, élu•e•s de la majorité ou de l'opposition, scientifiques et membres d'ONG dénoncent la « prolifération » des écrans vidéos publicitaires

Les signataires déplorent « une incohérence dans une société toujours plus marquée par l'urgence écologique, le gaspillage d'énergie et de ressources, et où la pollution lumineuse devient un réel motif d'inquiétude pour la biodiversité »

Des écrans taggués dans le métro lillois dans le cadre de l'action Stop Pub Vidéo, en février 2018. 

« Plus agressifs et intrusifs que les supports classiques, notent encore les auteurs•rices de la tribune, les écrans augmentent l'emprise de la publicité sur les individus (mémorisation accrue, interaction avec les données personnelles des smartphones, caméras identifiant l'âge et le genre, caméras thermiques vérifiant le nombre de vues…). »

Les signataires appellent à légiférer pour endiguer l'explosion du recours à ces supports et à mieux encadrer leur usage. En outre, à l'approche des élections municipales, elles et ils appellent les élus locaux « à ne pas céder à la pression des entreprises commercialisant ces supports et à prendre des décisions courageuses pour limiter ou interdire l'implantation d'écrans publicitaires dans l'espace public. » A lire dans le JDD

A Grenoble, les ambitions et les obstacles d'une municipalité écolo

Candidat à sa réélection, tous les projecteurs sont braqués sur Eric Piolle, premier maire écologiste d'une ville de la taille de la sienne : Grenoble. L'élu est scruté depuis 6 ans par celles et ceux qui fondent leurs espoirs dans l'écologie municipale. Parmi de nombreux autres titres, Reporterre a récemment dressé le bilan de son mandat, au cours duquel les grandes ambitions des débuts se sont heurtées à de nombreux obstacles. 

Le collectif Partager c'est sympa est allé à la rencontre d'Eric Piolle. Pas tant pour distribuer les bons et les mauvais points que pour répondre à certaines de ces questions : Que peut réellement un édile ? Quelles sont les contraintes qui s'exercent sur les municipalités ? Ou encore, « comment faire chier un maire ? », interroge Vincent Verzat dans un riche et pugnace entretien.