Covid : des métamorphoses ?


Si certains rêvent à des transformations en profondeur une fois la pandémie passée, d'autres nous rappellent que les mauvaises habitudes ont la peau dure.

Le fléau des criquets pèlerins s'abat sur la corne de l'Afrique

Encore relativement épargnée par la pandémie de Covid-19, la corne de l'Afrique est rongée par un autre mal : des nuées de milliards de criquets pèlerins ravagent les cultures des paysans somaliens, éthiopiens ou kenyans

Depuis le printemps 2018, les cyclones se sont succédés entre la péninsule arabique et l'Afrique de l'Est. Avec eux, la chaleur et l'humidité idéales pour que les criquets pèlerins pullulent. Or, comme l'explique Libération, lorsqu'ils atteignent une certaine densité de population, les criquets pèlerins passent en « mode grégaire » : ils changent de couleur, se reproduisent plus vite, deviennent plus mobiles, et se déplacent en essaim.

Un criquet pèlerin (Schistocerca gregaria) © Arpingstone

Un seul de ces essaims peut contenir jusqu'à 200 milliards d’individus et avaler 400 000 tonnes de végétaux par jour. Depuis un an, ceux-ci sont devenus la première cause de pertes des récoltes et d'insécurité alimentaire dans les pays de la corne de l'Afrique, indique encore Libération. Les opérations d'épandage de pesticides se sont révélées largement inefficaces. 

Pis, l'invasion pourrait s'accélérer dans les prochaines semaines. Au moment où les agriculteurs s'apprêtent à planter, « une reproduction généralisée est en cours et où de nouveaux essaims commencent à se former »a prévenu la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation. A lire dans Libération (abonnés). Vous trouverez un reportage illustré de nombreuses photos sur le site de la BBC (en anglais).

Pendant la pandémie, les Etats-Unis abolissent l'écologie

Make America Grey Again. L'administration de Donald Trump a annoncé, jeudi, la suspension des lois sur la protection de l'environnement pendant la crise du coronavirus. 

Donald Trump lors de la campagne présidentielle de 2016 © Gage Skidmore

Afin d'encourager une économie ralentie par la crise du coronavirus, les entreprises étasuniennes ne seront plus tenues de respecter leurs obligations écologiques. Et ce, jusqu'à nouvel ordre puisque l'Agence de protection de l'environnement (EPA) n'a pas fixé de date de fin à ce « moratoire ». Celle-ci a annoncé qu'elle suspendait les sanctions pour le non-respect des contrôles de routine et des obligations de signalement.

Ces dernières semaines, l'EPA a subi de nombreuses pressions venant de plusieurs industries, dont celles du pétrole et du gaz, afin qu'elle allège sa réglementation environnementale, comme le raconte The Hill

La crise sanitaire et économique inspire décidément beaucoup Donald Trump, dont l'administration travaille déjà d'arrache-pied pour détricoter plusieurs normes environnementales avant la prochaine élection présidentielle, comme Vert s'en était fait l'écho. A lire dans The Hill (repéré par Heidi.news).

Le Covid-19, bon pour le climat, vraiment ?

Si la pandémie de Covid-19 a quelques effets positifs à très court terme sur l'environnement, celle-ci pourrait se révéler être une « bombe à retardement » pour le climat. C'est l'avis défendu par François Gemenne, l'un des auteurs principaux du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), dans une tribune publiée dans le Soir

Il est en effet à craindre que les émissions de gaz à effet de serre connaissent un sérieux rebond, comme c'est généralement le cas après chaque crise. Or, « le climat a besoin d’une baisse soutenue et régulière des émissions de gaz à effet de serre, pas d’une année “blanche” », explique le chercheur. 

Celui-ci s'inquiète aussi de ce que les milliards injectés dans les plans de relance annoncés pour redémarrer les économies ne servent à réalimenter la machine fossile. Enfin, certains gouvernements se serviront de la crise économique pour mettre de côté l’impératif accroissement de leurs efforts pour le climat ; La Pologne et la République Tchèque ont d'ores et déjà demandé l'abandon du Green deal (pacte vert) européen. Un riche point de vue à lire dans le Soir.

Lutter pour la planète depuis son salon (bis)

Assigné•e•s à résilience ? En temps de confinement, de plus en plus de médias et d'ONG proposent leurs astuces pour continuer à lutter pour la planète depuis chez soi

Libération, qui avait déjà publié une première volée de conseils la semaine dernière, suggère cette fois-ci, pêle-mêle, de se mettre au tricot, de changer de fournisseur d'électricité ou d'apprendre à faire ses cosmétiques et ses produits ménagers. Vert, qui vous propose chaque vendredi une nouvelle recette dans sa rubrique Do it yourself, ne peut qu'applaudir des deux mains. Le confinement est décidément une bonne occasion de reprendre le contrôle sur un tas de choses que l'on avait abandonnées au marché.

De son côté, France Info conseille de se lancer dans un grand ménage de printemps pour trier et donner ce dont on ne se sert plus. Puisque l'alimentation est responsable de 25 % des émissions de gaz à effet de serre, la fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme propose, entre autres, de nombreuses recettes pour cuisiner végétarien. Limiter sa consommation d'électricité, dégivrer son congélateur, trier son garde-manger : vous trouverez une flopée de conseils sur le site de Greenpeace. Le confinement aura-t-il au moins eu la vertu d'accélérer nos transitions individuelles ?

Les animaux reprennent du poil de la bête

Sangliers à Barcelone, puma à Santiago du Chili, canards en vadrouille sur le périphérique de Paris... Les incursions urbaines d'animaux sauvages continuent de se multiplier à travers la planète, comme le raconte ce sujet de France 3. S'il est trop tôt pour parler de métamorphose, la faune semble en tout cas se régaler de notre immobilité.

© France 3