La quotidienne

COP départ

Chères toutes et chers tous,

Pendant les deux prochaines semaines, Vert passe à l'heure émiratie pour vous faire vivre la COP28 comme si vous y étiez. Parce que l'événement le réclame, les éditions quotidiennes seront parfois plus riches qu'à l'accoutumée - le climat le vaut bien !


À la conférence mondiale pour le climat, même si rien ne paraît plus difficile, il faudra parler de la sortie des fossiles.


À quand la fin des nouveaux projets d’exploitation des énergies fossiles ?

Fossile à dire. Alors que s’ouvre la 28ème conférence mondiale (COP28) sur le climat à Dubaï, la question de la sortie des énergies fossiles est au cœur des débats. Peut-on vraiment envisager la fin des hydrocarbures à un horizon proche ? Décryptage.

Le 20 novembre dernier, suite à une enquête publique, la compagnie pétrolière canadienne Vermilion Energy a reçu un avis favorable au projet de forer huit nouveaux puits de pétrole dans la forêt de La Teste-de-Buch, près d’Arcachon (Gironde). Il reviendra désormais au préfet de la Gironde de prendre un arrêté d’autorisation ou de refus pour le projet des nouveaux puits.

Une situation surprenante, puisque la France avait fait figure de leader sur la sortie des fossiles en adoptant la loi Hulot en 2017, qui interdit l’exploration et prévoit la fin de l’exploitation des hydrocarbures en 2040. Le projet de La Teste-de-Buch n’est pourtant pas illégal, puisque la concession de l’entreprise avait été prolongée dès 2010 et peut donc librement être exploitée jusqu’en 2035. Si Cazaux est le premier producteur pétrolier dans l’Hexagone, ce projet s’annonce sûrement anecdotique puisque la France ne produit sur son sol qu’1% de sa consommation.

DUBAI, UNITED ARAB EMIRATES - NOVEMBER 29: Men wearing thawbs walk past a billboard promoting the transition to renewable energies at the UNFCCC COP28 Climate Conference the day before its official opening on November 29, 2023 in Dubai, United Arab Emirates. The COP28 is bringing together stakeholders, including international heads of state and other leaders, scientists, environmentalists, indigenous peoples representatives, activists and others to discuss and agree on the implementation of global measures towards mitigating the effects of climate change. (Photo by Sean Gallup/Getty Images) (Photo by SEAN GALLUP / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP)

Au niveau international, la situation est encore plus complexe. «Il n’y a pas de date globale de sortie pour les fossiles. Tant que l’Accord de Paris n’est pas retranscrit dans le droit de chaque pays signataire, il n’a aucune portée juridique», souligne Lou Welgryn, de l’association Data for Good, à qui l’on doit de tout récents travaux sur ces 425 bombes carbone qui ruinent les efforts climatiques (notre article).

Les expert·es sont pourtant unanimes sur la question : la sortie des fossiles est inévitable pour maintenir le réchauffement climatique à un niveau soutenable. Les initiatives qui émergent à l’échelle mondiale pour s'en sevrer sont à découvrir dans l'article intégral en ligne sur vert.eco

· Mercredi, les associations UFC-Que Choisir, Foodwatch, Familles rurales et CLCV ont alerté sur les profits réalisés par les acteurs français de la chaîne alimentaire. «La marge de l’industrie agroalimentaire a atteint un niveau historique de 48 % et celle de la grande distribution a elle aussi augmenté sur certains rayons de première nécessité», souligne l’UFC Que Choisir. Les quatre associations réclament aux pouvoirs publics d’exiger la transparence sur ces profits.
 

· Mercredi encore, le Comité international olympique a retenu la candidature des Alpes françaises pour l’organisation des Jeux olympiques d'hiver en 2030, écartant la Suède et la Suisse. La validation finale aura lieu en juillet prochain, quelques semaines avant les JO d’été de Paris 2024. Les associations de défense de l’environnement, qui dénoncent l’impact climatique de l’évènement, ont appelé à des mobilisations ce weekend. - Le Dauphiné libéré
 

· Mardi, la Cour suprême de justice du Panama a donné raison aux opposant·es à l’exploitation d’une immense mine de cuivre à ciel ouvert, située à l’ouest du pays dans une région très riche en biodiversité. En déclarant inconstitutionnelle l’extension de la concession accordée à la compagnie canadienne First Quantum Minerals, l’institution a écouté la mobilisation populaire historique qui agite le pays depuis des semaines. - Le Monde

«Ministère de l’impossible»

Ministère amer. Dans un long format publié à l’occasion de l’ouverture de la 28ème conférence mondiale (COP28) sur le climat, douze ancien·nes ministres de l’écologie racontent à France info leur expérience au sein de ce «ministère de l’impossible» créé en 1971. Une riche chronologie de la lutte française contre le changement climatique, de ses balbutiements à ses réussites en passant par ses nombreuses contradictions et ses revers historiques. Corinne Lepage, Jean-Louis Borloo, Roselyne Bachelot… les témoignages de ces politiques illustrent les rapports de force internes aux gouvernements qui ont bien souvent favorisé les arbitrages d’autres ministères et donné au ministère de l’écologie le rôle de «cinquième roue du carrosse», d’après Brice Lalonde - ministre entre 1988 et 1992.

COPulence. Avec plus de 97 000 personnes accréditées (délégations, médias, ONG, lobbies, organisateur·rices, technicien·nes…), la COP28 marque un premier record : celui de l’affluence. La précédente édition n’a rassemblé «que» 49 000 personnes à Charm el-Cheikh (Egypte). Environ 180 chef·fes d’États et de gouvernements sont attendu·es dès demain, dont le roi Charles III ou Emmanuel Macron. Les présidents américains et chinois brillent par leur absence alors que leurs pays sont les deux plus gros pollueurs de la planète. - France 24 (AFP)
 

RoboCOP. Avant l’ouverture de la COP28, membres d’associations et journalistes du monde entier ont échangé les dernières recommandations en matière de cybersécurité, dans ce pays où la liberté d’expression et celle de la presse sont quasi inexistantes. Outre les classiques - éviter les réseaux wi-fi publics, ne pas se brancher sur les prises USB en libre service -, d’aucuns déconseillent de télécharger l’appli officielle de la COP28 pour éviter les mouchards sur son smartphone. Plus cocasse : à la douane de l’aéroport de Dubaï, un policier remet gracieusement une puce 4G avec 1 gigaoctet de données offertes. Notre journaliste, Loup Espargilière, a tenu cette carte SIM à bonne distance de son téléphone.
 

Histoire de dire. Organiser un sommet sur le climat dans une capitale du luxe et du pétrole est un scandale pour beaucoup. Mais il ne faut pas oublier la responsabilité historique de chacun des pays dans la crise climatique pour autant. Dans une infographie originale (ci-dessous) retraçant les émissions des plus gros pollueurs depuis 1850, le média Carbon brief a attribué aux anciens pays colonisateurs les émissions des territoires qu’ils ont occupés à l’époque. L’Europe arrive très haut dans ce classement et la France frôle le top 10 tandis que l’Inde et l’Indonésie voient leurs émissions reculer. Les Émirats arabes unis, eux, n’apparaissent pas.

Jaber et l’argent du beurre. Ministre émirati de l’Industrie et patron de la compagnie pétrolière nationale, mais aussi de la COP28, Sultan Al Jaber vient tout juste d’ouvrir le sommet à l'heure où nous bouclons cette édition. «La science est claire, c'est l’heure de trouver une nouvelle route, assez large pour nous tous», a-t-il professé. Il a notamment rappelé l’objectif - vital - de contenir le réchauffement à moins de 1,5°C prévu dans l’Accord de Paris. Et tant pis si l’Agence internationale de l’énergie a expliqué que cela impliquait de ne plus jamais ouvrir de nouveaux puits de pétrole, alors que les Emirats Arabes Unis prévoient d’augmenter leur production de brut dans les prochaines années. Admettant que les compagnies pétrolières «peuvent en faire plus», Sultan Al Jaber s’est bien gardé de plaider pour la sortie des énergies fossiles.

Sultan Al Jaber, ce jeudi à l'ouverture de la COP28. © Capture d'écran CCNUCC

Au cœur du lobby pétrolier

Déni à problèmes. Comment les géants du pétrole ont-ils œuvré à la fois à la connaissance du réchauffement climatique et à l’organisation globale de son déni ? C’est ce que nous aide à comprendre ce documentaire très fouillé «Pétrole, un lobby tout puissant», diffusé en deux parties sur Arte.

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro