La quotidienne

Citrouille de ta vie

A Halloween, les événements météo extrêmes nous font tous devenir blêmes.


Près de 100 personnes sont mortes après les inondations qui ont frappé plusieurs régions en Espagne

Les pluies torrentielles qui s’abattent sur le sud et l’est de l’Espagne depuis mardi soir ont entraîné des inondations dévastatrices ; 95 personnes sont mortes et des dizaines sont portées disparues. Ces dégâts sont amplifiés par la bétonisation des villes.

Des rues transformées en torrents de boue, des villages coupés du monde et des voitures empilées les unes sur les autres… les images de la région de Valence en Espagne, qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux depuis mardi soir, semblent tirées d’un film catastrophe. Ce jeudi, les secouristes poursuivent leurs recherches au milieu des gravats. Le dernier bilan humain, qui fait état de 95 morts, devrait s’aggraver selon les autorités.

Mardi, 491 millimètres (mm) d’eau sont tombés en seulement huit heures à Chiva, dans la banlieue de Valence, selon l’agence météo espagnole Aemet. Cela représente presque l’équivalent d’une année entière de pluie. Il faut remonter au 11 septembre 1996 pour retrouver un épisode aussi intense dans la région, rappelle Météo-France. Et aucune inondation n'avait été aussi meurtrière depuis la Gran riada («Grande inondation») de Valence en 1957 au cours de laquelle plus 80 personnes ont perdu la vie.

Un homme marche sur les débris à Sedaví, le 30 octobre dans la région de Valence. © David Ramos/Getty images via AFP

Bétonisation des canaux et des vergers

Ce désastre est dû à un épisode méditerranéen - des remontées d'air chaud, humide et instable en provenance de la mer, qui peuvent provoquer des orages stationnaires violents. Et à une «goutte froide», une dépression d’altitude, combinée à de l’air froid. Ces deux phénomènes sont courants en automne sur la côte méditerranéenne espagnole, notamment du fait de sa topographie vallonnée dans l’arrière-pays.

La Plateforme pour la défense des sources, une association locale de défense de l’environnement, pointe du doigt la bétonisation des canaux, qui rend les centres urbains plus vulnérables aux inondations. En cinquante ans, «deux tiers de la surface de vergers a disparu», soit 9 000 hectares - l’équivalent de Paris intramuros -, rappelle le docteur en urbanisme Clément Gaillard. Or, les vergers favorisaient l’infiltration de l’eau et limitaient son ruissellement.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de cet article d’Antoine Poncet

· Mardi, le Fond d’indemnisation des victimes de pesticides a annoncé le dédommagement de trois enfants exposés in utero à l’oxyde d’éthylène, un gaz classé cancérogène et reprotoxique, une première en France. Alors que lien de causalité entre leurs pathologies lourdes (malformation congénitale, leucémie) et le travail de leurs mères à l’usine Tétra médical a été reconnu, les ex-salarié·es demandent l’interdiction complète de ce pesticide. - France 3

· Mercredi, deux députés ont déposé une proposition de loi soutenue par le gouvernement pour suspendre l’interdiction des passoires thermiques dans les copropriétés, dès 2025. Cette mesure permettrait de continuer à louer des habitations très énergivores, classées G selon le diagnostic de performance énergétique. Elle s’appliquerait lorsque la copropriété a engagé des travaux de rénovation ou s’il y a un blocage de celle-ci ou du locataire pour les effectuer. - Sud ouest

· Mercredi encore, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a annoncé avoir identifié des substances dangereuses dans des centaines de cosmétiques vendus en Europe. Les molécules retrouvées sont interdites par la législation européenne à cause de leurs effets nocifs sur la santé (diminution de la fertilité ou augmentation du risque de cancers). «Les autorités compétentes ont pris des mesures pour retirer du marché les produits non conformes», a précisé l’ECHA. - Le Monde

· Jeudi, Justin Tkatchenko, ministre des Affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a indiqué que son pays boycotterait la 29ème Conférence des Nations Unies (COP 29) sur le climat qui débute le 11 novembre prochain. Il dénonce «une perte de temps» et appelle les pays pollueurs à «se ressaisir». Cette nation insulaire est particulièrement vulnérable aux effets du dérèglement climatique tels que la montée des eaux. - Le monde (AFP)

Mazin Qumsiyeh, chercheur palestinien : «Nous vivons un génocide et un écocide, ils sont intentionnels»

Mazin Qumsiyeh est un biologiste palestinien, professeur à l'université de Bethléem, en Cisjordanie, et engagé pour les droits humains. Fondateur et directeur de l’Institut palestinien pour la biodiversité et la soutenabilité, il a co-écrit la stratégie nationale palestinienne pour la biodiversité soumise aux Nations unies dans le cadre de la COP16 en Colombie.

Dans un entretien exclusif à Vert, le chercheur raconte l’impact de l’occupation israélienne sur ses terres natales et les destructions environnementales qui défigurent la Palestine.

Mazin Qumsiyeh lors d’un discours sur la Palestine en Australie, en avril 2024. © Green Left

En ce moment a lieu la COP16 sur la biodiversité. Le thème choisi par le pays hôte, la Colombie, est «Peace with nature» («la paix avec la nature»). Ce sujet a un écho tout particulier avec la situation actuelle en Palestine, et notamment à Gaza…

Ce que nous voyons en ce moment dépasse toute imagination. Les terres sont méthodiquement détruites avec des bulldozers et des bombes incendiaires larguées sur les populations civiles. À Gaza, nous avons analysé le couvert végétal par images satellites et calculé qu’entre 64% et 75% des zones agricoles et sauvages ont disparu.

La réserve naturelle de Wadi Gaza [une zone humide protégée dans la bande de Gaza] a été lourdement touchée, notamment sur sa partie orientale. Et il y a aussi ce qui est impossible à estimer : il va probablement falloir attendre des siècles pour utiliser de nouveau la nappe phréatique de Gaza.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de cet entretien, mené par Esteban Grépinet et Justine Prados

«Il n’est plus l’heure de se demander si ça vaut le coup d’agir» : la chronique de Loup Espargilière dans la Terre au carré

Chauffe qui peut. Que veut dire un réchauffement global à +1,5°, 2° ou 3,1°C ? Dans sa dernière chronique sur France Inter, le rédacteur en chef de Vert, Loup Espargilière, revient sur plusieurs rapports récents selon lesquels l’humanité est sur la mauvaise pente climatique. Mais les solutions existent et il est trop tard pour être pessimiste !

© La Terre au carré / Vert

+ Loup Espargilière, Esteban Grépinet, Mathilde Picard, Justine Prados, Juliette Quef et Sanaga ont contribué à ce numéro.