Chassez le gaz naturel…

C'est chaud. La production d'énergies fossiles (pétrole, gaz, etc.) prévue pour les prochaines années à travers le monde est beaucoup trop importante pour maintenir le réchauffement en-dessous d'1,5°C - et même 2°C, par rapport à l'ère préindustrielle. C'est le résultat d'une étude menée par le Programme environnement des Nations Unies (Unep) et plusieurs instituts de recherche. 

Cette étude mesure le « production gap » : l'écart qui sépare les quantités de CO2 qui seront émises par la production d'énergies fossiles et ce qu'il faudrait faire pour rester sous la barre des 1,5°C. Les engagements pris par les nations lors de l'Accord de Paris sont eux-mêmes très insuffisants et mèneraient le monde vers un réchauffement de l'ordre de 3 à 4°C, comme le rappelle le Guardian

Selon les projets en cours et à venir, d'ici 2030, les quantités de CO2 résultant des énergies fossiles seront 50% trop élevées pour rester sous la barre de 2°C, et de 120% pour 1,5°C.

En rouge : les programmes et projets réels des pays.  En marron : les engagements pris dans l'Accord de Paris En bleu ciel : la production à atteindre pour rester sous 2°C En bleu foncé : la production à atteindre pour rester sous 1,5°C

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Parfait exemple du « gap » entre les buts annoncés et la réalité des politiques publiques : la France. Dans le même temps, comme l'a relevé Actu-environnementl'Etat n'accepte que timidement de réduire ses aides aux énergies fossiles à l'étranger

Chaque année, des centaines de millions d'euros sous forme de garanties publiques sont accordés à des projets pétroliers ou gaziers aux quatre coins du globe. Dans le projet de loi de finances pour 2020, en débat à l'Assemblée, la majorité a prévu de mettre fin aux garanties de l'Etat pour la recherche et l'exploitation de charbon, ainsi que d'hydrocarbures obtenus par des méthodes non-conventionnelles, comme la fracturation hydraulique.

Rien en revanche concernant le gaz et le pétrole. Ce qui fait bondir les associations : « Le gouvernement et la majorité veulent continuer à assurer le chaos climatique », se sont émus les Amis de la Terre, dans un communiqué. Selon les chiffres de l'association, depuis 2009, « la France a octroyé 9,3 milliards d’euros de garanties publiques pour l’industrie du pétrole et gaz, via son agence de crédit à l’exportation Bpifrance Assurance-Export », pour des projets au Mozambique ou dans l'Arctique. 
 

Charbon made in France

A l'intérieur de nos frontières, en revanche, le charbon pourrait perdurer, ne serait-ce qu'un peu. Le cauchemardesque chantier de la centrale nucléaire EPR dernière génération de Flamanville (Manche) n'en finit plus de prendre du retard alors que les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) seront mis à l'arrêt au début de l'année prochaine. Intialement, l'ouverture de la première devait conditionner la fermeture de l'autre. De leur côté, comme le raconte le Monde, les futurs parcs éoliens en mer en construction en Normandie et Pays de la Loire ne seront pas encore achevés. 

Emmanuel Macron avait promis de fermer les quatre dernières centrales à charbon de l'hexagone d'ici 2022. Mais au vu du mauvais timing, le Réseau de transport d'électricité (RTE) recommande de laisser la centrale de Cordemais (Loire-Atlantique) continuer à tourner de manière restreinte, notamment pour répondre à la demande accrue lors des pics hivernaux, au-delà de la date initialement annoncée.

Cages à poules

Autre reculade gouvernementale, dénoncée par huit organisations en faveur du bien-être animal : dans la loi agriculture et alimentation (EGalim), il était prévu que les réaménagements et constructions de nouvelles cages pour les poules pondeuses seraient désormais interdits. Or, un an plus tard, le décret n'est toujours pas paru. En outre, comme le rapporte le Monde, les associations ont reçu un courrier, signé du ministère de l'agriculture, dans lequel il est indiqué en filigrane que les réaménagements seront finalement possibles. Dans un communiqué, les organisations dénoncent une « marche arrière » et rappellent Emmanuel Macron à sa promesse de campagne de « faire disparaitre l’élevage en batterie des poules pondeuses au profit des élevages alternatifs ». 
 

Chasse à la glu

Autres oiseaux, même souffrance. L'association One Voice a défendu, mercredi 20 novembre, un recours devant le Conseil d'Etat pour tenter de faire interdire la chasse à la glu. Il s'agit d'une technique traditionnelle de chasse, répandue en Méditerranée, qui consiste à enduire de colle les branches des arbres pour attraper vifs merles et grives. En France, cette technique n'est autorisée que dans cinq départements de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur. 

De nombreuses recours ont déjà été déposés par plusieurs associations, comme la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Cette dernière a porté plainte en avril 2019 contre la France devant la Commission européenne après que le Conseil d'Etat avait validé une première fois la pratique de la chasse à la glu

La LPO juge la pratique cruelle et non-sélective. Selon elle, des dizaines de milliers de petits oiseaux, membres parfois d'espèces protégées sont piégés de cette manière. Le Conseil d'Etat devrait rendre sa décision dans les semaines prochaines.
 

Chasse au promeneur

Parmi les victimes des chasseurs, il y a aussi les promeneurs du dimanche. Au cours du seul weekend dernier, au moins trois personnes sont mortes et trois autres ont été blessées, selon le décompte fait par l'Express. De plus, une femme enceinte a été tuée par des chiens dans l'Aisne, comme l'a raconté le Parisien. Si la preuve n'est pas encore établie, les soupçons se portent sur une meute de chiens appartenant à des chasseurs à courre qui officiaient dans le coin. Des tests ADN, effectués sur 67 animaux, devraient désigner les responsables. 

Des morts qui s'ajoutent à la litanie annuelle de victimes. L'an dernier, 131 accidents de chasse ont été recensés, faisant sept morts. Accusés de dérégler les populations animales des forêts et de faire des victimes parmi les civils, les chasseurs ont à nouveau été la cible d'une vague de critiques provenant des associations animalistes et écologistes.

« Hildago démission ! » Si les artères de la capitale ne sont parfois que de longs amas de voitures sur des dizaines de kilomètres, tout n'est peut-être pas de la faute de la maire de Paris. Une étude de l'ONG Transport et environment, publiée jeudi 7 novembre et dont le Monde nous expose les principaux enseignements, pointe du doigt la responsabilité d'Uber dans la congestion et la pollution des grandes villes européennes

En France, ils sont désormais 30 000 chauffeurs à satisfaire les demandes de 2,7 millions de clients. Dont 20 000 pour la seule ville de Paris en 2018, contre 10 000 en 2015, comme l'a calculé l'étude. Et comme ces véhicules parcourent bien davantage de kilomètres qu'une voiture appartenant à un particulier, ils occasionnent 180 000 tonnes de CO2 supplémentaires à Paris. Soit l'équivalent de la production d'environ 90 000 véhicules.

Problème supplémentaire : la quasi-totalité des VTC enregistrés en 2017 en France roulent au diesel, carburant qui génère son lot de NOx (oxyde d'azote – qui aggrave les pics de pollution), et de particules fines et ultra-fines. L'ONG suggère de convertir rapidement la flotte d'Uber dans les grandes villes à la voiture électrique, ce que la firme a déjà promis de faire à Londres d'ici 2025.

Les élections municipales arrivent et avec elles, des promesses de changement. Pour peser sur les programmes, une soixantaine d'associations ont élaboré un vaste Pacte pour la transition. Rédigé à l'intention des candidats par le Réseau action climat, Emmaüs ou Enercoop, ce pacte consiste en un programme commun fait de 32 mesures. Parmi celles-ci : le développement de l'agriculture urbaine, une alimentation moins carnée dans la restauration collective, la rénovation énergétique des bâtiments, la limitation de la publicité ou encore, la promotion des monnaies locales. 

Comme le rappellent les membres du « Pacte », l'enjeu est d'importance : « les prochaines élections municipales décideront des programmes d’action pour les territoires jusqu’en 2026 alors que le GIEC nous donne jusqu’en 2030 pour inverser la tendance ». L'adoption du pacte constituerait également un solide argument de campagne alors que l'environnement est désormais la principale préoccupation des Français.

Un numéro de Vert décidément un brin étouffant. « Naître et mourir dans un élevage de cochons », c'est le nom de la dernière vidéo publiée par l'association L214. Commentée par Yann Arthus-Bertrand, cette enquête montre l'existence sordide de cochons dans un élevage du Finistère.

Le photographe souhaite que les candidats aux prochaines municipales s'engagent à ne plus servir de produits animaux issus d'élevages intensifs dans les cantines scolaires.