La quotidienne

Cent balles et 8 mars

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Chez elles et dans la rue, les femmes donnent de la voix pour faire valoir leurs droits.


Le Conseil de l’Union européenne acte la sortie du Traité sur la charte de l’énergie

Traité de tous les noms. Les 27 ont validé leur retrait de cet accord international, qui permet aux compagnies fossiles d’attaquer en justice des États dont les politiques - notamment climatiques - seraient contraires à leurs intérêts.

Jeudi, les 27 États membres de l’UE ont officiellement acté le retrait coordonné du Traité sur la charte de l’énergie (TCE). Une décision qui intervient à l’issue d’une mobilisation de longue date contre ce traité jugé obsolète.

Signé en 1994, après la fin de la Guerre froide, le TCE avait pour but de protéger les investisseurs du secteur de l’énergie en leur permettant d’attaquer en justice les États signataires qui prendraient des décisions contraires à leurs intérêts économiques. Peu à peu, ce traité est devenu une arme de l’industrie pétrogazière pour dissuader l’adoption de mesures climatiques ambitieuses ou réclamer des dédommagements colossaux.

Par exemple, en 2021, les entreprises Uniper et RWE ont réclamé quelque 2,4 milliards d’euros de compensation aux Pays-Bas pour avoir prévu de bannir le charbon d’ici à 2030. L’Italie a été condamnée en 2022 à un dédommagement de près de 200 millions d’euros en faveur du pétrolier britannique Rockhopper, après lui avoir refusé l’exploitation d’un gisement offshore.

 © Adobe Stock

En 2022, une petite dizaine d’États, dont la France (notre article), ont annoncé leur souhait d’en sortir. En juillet 2023, la Commission européenne a proposé un retrait coordonné des membres de l’UE et d’Euratom (la Communauté européenne de l'énergie atomique). Une initiative validée par les Vingt-Sept ce jeudi, qui devra encore être approuvée par les eurodéputé·es avant que la sortie définitive du traité ne soit actée.

La prudence reste de mise face à la «clause de survie» du TCE, qui prévoit que les pays signataires puissent être visés par des litiges jusqu’à 20 ans après leur retrait du texte. En octobre 2022, le Haut conseil pour le climat suggérait un retrait coordonné de la France et de l’UE associé à la neutralisation de cette clause de survie, l’option «la moins risquée pour permettre l’atteinte des objectifs climatiques».

Justine Prados

· Mercredi, le ministre des Transports Patrice Vergriete a finalement balayé l’idée d’instaurer un pass ferroviaire illimité pour tou·tes à 49 euros par mois auquel Emmanuel Macron s’était dit favorable il y a six mois. Le ministre lui préfère «une expérimentation d'un pass rail ciblé sur les jeunes et sur la période estivale sur les réseaux TER et intercités». - Le Figaro

· Ce vendredi, la ministre de l’Environnement australienne, Tanya Plibersek, a annoncé qu’un nouvel épisode de blanchissement «massif» était en cours sur la Grande barrière de corail. Situé au nord-est des côtes australiennes, cet écosystème unique au monde, qui s’étend sur plus de 2 000 kilomètres, dépérit à cause de la hausse des températures marines. Sous l’effet du réchauffement climatique, les coraux expulsent les petites algues qui vivent dans leurs tissus et leur fournissent les nutriments nécessaires à leur survie. - Ouest France

· Le littoral atlantique et la Manche se préparent à vivre l’une des plus grandes marées de la décennie entre le 10 et le 13 mars, avec des coefficients allant jusqu’à 116. En 2015, la «marée du siècle» avait affiché un coefficient de 119. Sacs de sable, barrières anti-inondations… le bricolage est de mise pour éviter ses conséquences les plus salées. - France bleu

«Le long du tracé de l’A69, la liberté de la presse n’est pas garantie»

Carte de presque. Depuis plusieurs semaines, les militant·es perché·es sur des arbres pour empêcher la construction de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres font l’objet de multiples atteintes aux droits humains, selon un rapporteur spécial des Nations unies. Une situation que peinent à documenter les journalistes, victimes d’entraves de la part des forces de l’ordre dénoncées par les journalistes signataires de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, dont celles et ceux de Vert.

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«Mobilisées, une histoire féministe des contestations populaires» : quand les luttes des femmes font bouger toute la société

Planète 8 mars. Dans son nouvel ouvrage, l’historienne Fanny Gallot montre comment les femmes ont toujours pris la parole et la rue pour influencer les mobilisations sociales.

Comment, depuis les années 1950, le combat des femmes des classes populaires a-t-il fait bouger la société française ? C’est la question qui traverse le nouvel essai de Fanny Gallot, dans lequel l’historienne apporte une série d’éclairages précieux.

En rappelant, pour commencer, que les Françaises laborieuses ont toujours participé aux contestations sociales : «Déjà au XVIIIe siècle, elles prennent part aux révoltes, que celles-ci soient frumentaires (prix du pain trop élevé) ou antifiscales (taxes et impôts trop élevés) : elles peuvent alors occuper le devant de la scène et exhorter les hommes à les suivre».

Mères au foyer, agricultrices, ouvrières... Pour toutes ces femmes, si les champs des luttes sont multiples, les revendications visent toujours la reconnaissance de leur contribution invisibilisée (à la maison) ou largement déconsidérée (dans le monde du travail) au fonctionnement de la société.

Fanny Gallot revient par exemple sur le parcours de Marie-Paule Lambert, «paysanne et syndicaliste à Teillé en Loire-Atlantique». Dans les années 1970, elle participe aux manifestations en Bretagne pour réclamer une revalorisation du prix du lait (déjà !) et une juste rémunération du travail agricole. Le 23 mai 1972, «plus de mille femmes entrent dans l’usine Entremont de Quimper, avant d’investir la laiterie Le Gall», nous rappelle l’historienne. Mais, pour beaucoup, Marie-Paule Lambert reste encore la femme de Bernard Lambert, le fondateur du syndicat de la Confédération paysanne…

En extirpant les travailleuses du passé brumeux des luttes, l’ouvrage de Fanny Gallot réussit à «désandrocentrer» le récit historique des contestations qui ont façonné la France. Et à établir l’apport des luttes féministes, comme ce fut encore le cas récemment au moment des manifestations massives contre la réforme des retraites, où des mouvements comme ceux des Rosies et des pink blocs se trouvaient en première ligne.

«Mobilisées, une histoire féministe des contestations populaires», Fanny Gallot, éditions du Seuil, mars 2024, 288 pages, 22,50 €
 

Jennifer Gallé

Aux armes citoyennes !

Cent balles et 8 mars. Puisqu’elles peuvent voter, les femmes ont les mêmes droits que les hommes, pas vrai ? Inégalités salariales, violences sexistes et sexuelles, travail domestique non rémunéré… dans une vidéo rigolote et pédago, la créatrice de contenus Camille Chaudron, alias Girl Go Green, rappelle les innombrables raisons de continuer à lutter pour les droits des femmes.

©  girl_go_green 

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.