Pour sortir la tête de l'eau, la philo servira toujours plus que les complots.

Le feu alimente les théories fumeuses au Canada
Canada dry. Alors que le feu continue de ravager les forêts du Canada, un ancien ministre accuse des «terroristes verts» imaginaires.
Les incendies qui durent depuis plusieurs semaines ont à nouveau gagné en intensité dans l’ouest du pays après une accalmie. Ce mercredi, le Centre interservices des feux de forêt du Canada dénombre 461 feux actifs, dont 239 sont hors de contrôle. Alors que le printemps a été chaud et sec dans une grande partie du pays, la superficie brûlée - plus de 5 millions d'hectares depuis le début de l’année - est supérieure à celle de toute la Suisse.

Le ministre de la Sécurité publique du Québec parle d’un combat qui devrait durer «tout l'été». La saison des incendies de forêt est loin d’être finie, «nous ne sommes qu’à deux mois et demi d’une période de sept mois qui s’étend jusqu’à la fin du mois d’octobre», a aussi rappelé son homologue de l’Alberta.
Une situation insupportable pour beaucoup et qui attise les complots en ligne. «Pourquoi brûlent-ils le Canada ?», s’interrogent des internautes en montrant des hélicoptères lance-flammes qui pratiquent le brûlage dirigé - des contre-feux destinés à limiter l’extension des incendies. D’autres se demandent comment plusieurs feux ont pu se déclarer en même temps, allant jusqu’à évoquer la possibilité d’un attentat terroriste, alors que cette synchronicité peut très bien s’expliquer par le fonctionnement de la foudre, comme l’ont démontré de nombreux journalistes.
«Je gage qu’une bonne partie des feux de forêt ont été allumés par des terroristes verts pour donner un coup de pouce à leur campagne de changements climatiques», a commenté sans détour et sans aucun élément factuel, Maxime Bernier, chef du très conservateur Parti populaire du Canada.
D’après les données publiques portant sur les années précédentes, la foudre est responsable de 20% des incendies au Québec, et les incendiaires, seulement de 4%. Les liens entre la fréquence et l’intensité des feux de forêt et les changements climatiques font consensus au sein du monde scientifique.

· Le dérèglement climatique génère de plus en plus de turbulences à bord des avions, révèle une étude (en anglais) parue le 8 juin. Les turbulences graves ont augmenté de 55 % au-dessus de l’Atlantique nord depuis 1979. - Libération
· Mardi, un incendie s’est déclaré dans les Vosges, près de la commune de Bois-Des-Champs. 30 hectares ont déjà brûlé. Après trois semaines sans pluies significatives, la végétation est déjà très sèche.- Vosges Matin
· Mardi encore, les promoteurs d’une plage flottante privée ont dû renoncer à s’installer sur la Côte d’Azur faute d’avoir les permis nécessaires. L’île artificielle prévoyait d’accueillir jusqu'à 350 personnes, amenées en navettes pour bénéficier d’un restaurant, un bar et une piscine d'eau douce. - France 3
· Les événements météorologiques extrêmes ont fait 195 000 morts dans l’Union Européenne entre 1980 et 2021, révèle l’Agence européenne de l’environnement (AEE) ce mercredi (rapport en anglais). Les canicules étant à l’origine de 80% de ces morts, «l’été ne rime plus seulement avec les vacances […]. Le climat devient extrême et changeant en Europe et nous devons nous y préparer», explique une des expertes de l’agence. - Le Monde (abonné·es)





«Il faut travailler l'écosystème pour ne pas être le seul petit poisson dans l’océan». Ce mardi,Vert organisait une soirée de débats pour tenter de répondre à cette brûlante question à l’heure où des milliardaires s’achètent des médias comme d’autres des pains au chocolat : Peut-on avoir des médias indépendants ET puissants ? Devant la salle comble du Point Éphémère à Paris, des figures de Mediapart, Streetpress, Médianes, Contexte, Un bout des médias et Vert ont notamment insisté sur l’importance «faire corps». Récit d'une soirée qui a accouché de riches idées et donné de la force à ses participant·es, à lire ici.

Quels sujets pour un bac de philosophie au service de l’écologie ?
Hêtre ou ne pas hêtre ? Ce mercredi, plus de 500 000 lycéen·nes planchent sur la célèbre épreuve de philosophie du baccalauréat. Avec l’aide du philosophe spécialiste de la pensée écologique Dominique Bourg, Vert a imaginé ce que donnerait une version de l’épreuve 100% écolo.
«Le bonheur est-il affaire de raison ?», «Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?». Au lieu de ces sujets-là (proposés ce mercredi matin aux élèves de terminale générale), pourquoi ne pas profiter du bac de philo pour phosphorer sur l’avenir de nos sociétés à l’aune des bouleversements climatiques ? «Il est essentiel qu’on fasse réfléchir les jeunes sur ces enjeux, même si ce serait déjà à nous de le faire, considère Dominique Bourg. Je pense qu’à l’avenir, il y aura de plus en plus de sujets de philosophie autour de ça». Un des sujets du bac technologique cette année semble lui donner raison, puisqu’il demande aux lycéen·nes : «Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?».
Pour questionner la notion de progrès, le philosophe propose : «Est-ce que les techniques vont nous sauver face à la crise climatique ?», ou sa variante «Peut-on tout attendre des techniques ?». Ou bien encore «Fuir sur Mars, si tant est que ce soit possible, serait-il un progrès ?».
Les sujets du bac de philo pourraient aussi interroger l’évolution de nos modes de vie : «Que pourrait être une société sobre ?» ou «Que serait la vie simple dans un monde écologique ?».
Pléthore de sujets qui peuvent venir questionner nos choix de gouvernance : «Les démocraties peuvent-elles faire face à la crise écologique ?», ou encore «La crise écologique doit-elle nous conduire à adopter un régime autoritaire ?».
Enfin, une multitude de questions sont imaginables autour des notions de nature. «Comment pourrait-on refonder nos relations à la nature ?», ou «Quelle est la diversité des types de relations que nous entretenons avec la nature ?», voire la question volontairement provocatrice de «Faut-il sauver les loups ou les bergers ?», souffle Dominique Bourg. Vous avez quatre heures.

Une anthropologue interroge la société des loisirs
Dans le premier numéro du podcast Sous contraintes, réalisé par la journaliste Fanny Parise avec le média Novethic, une anthropologue s’interroge sur «le retour du non-agréable» dans nos sociétés du loisir. Achat de biens jetables, ère de l’automobile, tourisme de masse… Alors que la «parenthèse consumériste» pourrait se refermer, émerge peut-être une nouvelle façon de vivre ensemble.

+ Justine Prados, Alban Leduc, et Loup Espargilière ont contribué à ce numéro.