La quotidienne

Boycott de maille

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Pour gagner la bataille contre le réchauffement, rien ne sert de mettre les COP au ban.


«Boycotter la COP28 serait le meilleur service à rendre à l’industrie fossile»

Good COP, bad COP ? Alors que la 28ème conférence mondiale (COP28) sur le climat est sur le point de s’ouvrir à Dubaï (Émirats arabes unis), des voix appellent à boycotter ce sommet organisé par un pays pétrolier. Or, c’est tout le contraire qu’il faudrait faire.

N’y avait-il pas meilleur sol que celui du 7ème producteur mondial de pétrole pour inviter les dirigeant·es de la Terre entière à phosphorer sur le climat ? Probablement. Mais le jeu de la diplomatie internationale en a décidé ainsi (nos explications). Cela ne remet nullement en cause la nécessité de ce sommet à l’heure où tous les voyants sont au cramoisi.

→ Paradoxalement, l’accueil de la conférence par ce pays si particulier remet au centre du jeu l’indispensable sortie des énergies fossiles, mentionnées pour la première fois pendant la COP26 de Glasgow, en 2021.

→ Les COP constituent le seul espace où l’ensemble des pays du globe peut se retrouver pour parler de climat. Si les 27 éditions précédentes donnent l’impression de n’avoir eu aucun effet notable, tentez d’imaginer à quoi ressemblerait un monde dans lequel le sujet serait resté cantonné à la politique intérieure de chaque État.

→ Le financement des «pertes et dommages» - les destructions dans les pays les plus pauvres causées par une crise climatique largement due aux émissions de gaz à effet de serre des pays riches - sera au cœur des négociations.

→ Boycotter la COP, c'est donner encore moins d'écho aux voix, déjà si ténues, des représentant·es des pays en développement, des peuples autochtones et des communautés marginalisées. Aujourd’hui, le centre de gravité de l’action mondiale pour le climat se situe dans le Sud géopolitique.

C'est précisément parce que le grand public ne prête quasiment aucune attention à ces COP qu'elles peuvent accoucher d’aussi piètres résultats. Boycotter cet événement déjà si peu suivi serait le meilleur service à rendre à tous les partisans de l’inaction climatique. Pour empêcher de négocier en rond, prenons-nous de passion pour la COP28 !

Un éditorial de Loup Espargilière, rédacteur en chef de Vert

· Vendredi, l’État français a été condamné par le Conseil d’État à payer deux astreintes de 5 millions d’euros chacune pour ne pas avoir suffisamment réduit la pollution de l’air à Paris et à Lyon. Les 10 millions récoltés se partageront entre l’association Les Amis de la Terre (qui a saisi le Conseil d’État en 2017) et des organismes publics ou associatifs impliqués dans les questions de santé publique et environnementale. – France Inter

· Vendredi encore, des scientifiques ont indiqué qu’A23a, l’iceberg le plus grand au monde avec son milliard de tonnes et ses 4 000 kilomètres carrés, s’était remis à bouger après trente ans d’immobilité. Détaché du continent antarctique en 1986, il stationnait depuis en mer de Weddell. Sa remise en mouvement, à ce jour inexpliquée, pourrait occasionner des perturbations dans le déplacement des phoques, manchots et oiseaux. – Libération

· Dimanche, une soixantaine de dirigeant·es de grandes entreprises françaises ont appelé à accélérer la transition écologique et à «construire une nouvelle prospérité compatible avec les limites de notre planète». Cette tribune compte de surprenants signataires, dont les présidents de BNP Paribas et du Crédit agricole, deux banques qui financent largement les énergies fossiles (dont les «bombes carbones» - notre article), de TotalEnergies, d’Air France, ou du constructeur d’autoroutes Vinci. – La Tribune Dimanche

Des cartouches en circuits courts

Des cartouches pour faire un carton. Loto, presse, tabac, paiement des amendes, réception de colis, timbres… et bientôt munitions pour la chasse ! À partir de 2024, les buralistes qui en feront la demande pourront fournir les chasseurs et chasseuses en balles de fusils. Une nouveauté annoncée par Jean-Simon Mérandat, chef du Service central des armes et explosifs du ministère de l’intérieur le 22 novembre dernier, qui concerne les munitions de catégories C et D, destinées au tir sportif et à la chasse. Cette vente devient possible en raison de l’allègement des certifications nécessaires à l’exercice du métier d’armurier et ne sera destinée qu’aux personnes enregistrées dans le Système d’information sur les armes.

Avant la COP28, un état des lieux alarmant de la lutte contre la crise climatique

Un bilan bilant. À quelques jours de l’ouverture de la 28ème conférence de l’ONU (COP28) sur le climat, plusieurs récentes études dressent un bilan catastrophique de l’état de la planète et de la luttre contre le dérèglement climatique. On fait le point sur la situation.
 

Le monde se dirige vers un réchauffement de près de 3 degrés

Si les États respectent leurs engagements climatiques actuels (ce qui n’est pas toujours le cas), le monde se réchauffera tout de même de 2,5°C à 2,9°C d’ici à la fin du siècle, a révélé la dernière édition de l’Emissions gap report, publié chaque année par l’ONU. Entre janvier et début octobre, on a compté 86 jours au-dessus de 1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, l’objectif de l’Accord de Paris. 
 

Toujours trop de gaz à effet de serre dans l'atmosphère

Pour la première fois, en 2022, la concentration de dioxyde de carbone (CO2, le principal gaz à effet de serre) a dépassé de 50% le niveau de l’ère préindustrielle (417,9 parties par million - l’unité de mesure du CO2 dans l’atmosphère - en 2022 contre 278,3 en 1750), a dévoilé l’Organisation météorologique mondiale dans son bulletin annuel sur les GES
 

On continue de produire bien trop de fossiles

Les États prévoient de produire deux fois trop de combustibles fossiles en 2030 (pétrole, gaz et charbon) pour contenir le réchauffement sous 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, a conclu le Production gap report, publié par les Nations unies et plusieurs instituts de recherche début novembre. 

Un homme dérive au large du Groenland. La surface du morceau de glace correspond à celle perdue à cause des émissions de gaz à effet de serre relatives à son voyage en avion depuis l’Australie. Adam Sébire / Climate Visuals

Les engagements des pays ne tiennent pas du tout la route

L’ONU a réalisé la synthèse des engagements de chacun des États (les Contributions déterminées au niveau national - CDN, ou NDC en anglais) des 195 parties de l’Accord de Paris. Le constat est cinglant : si les États appliquent l’ensemble de leurs promesses, les émissions de gaz à effet de serre mondiales ne baisseront que de 2% en 2030 par rapport à 2019. Or, une diminution de 43% est nécessaire pour limiter le réchauffement à +1,5°C d'ici à la fin du siècle. 
 

Les financements sont encore très largement insuffisants

Les besoins économiques pour financer l’adaptation au changement climatique des pays en développement sont dix à dix-huit fois supérieurs aux flux financiers actuels, a alerté l’ONU dans son Adaptation gap report, paru début novembre. Ils atteignent 215 à 387 milliards de dollars (environ 196 à 353 milliards d’euros) chaque année de cette décennie, et devraient augmenter de manière significative d’ici à 2050. 

Les bonnes nouvelles de Gaëtan

Pour commencer la semaine avec l'envie de changer le monde, retrouvez les inénarrables bonnes nouvelles de Gaëtan Gabriele. Avec une surprise en prime!

© Vert

+ Gaëtan Gabriele, Jennifer Gallé et Justine Prados ont contribué à ce numéro.