Bon vent au charbon


S'ils essaient de se parer de leurs plus beaux atours, les fossiles sont de moins en moins attrayants, même pour la finance.

Total contre X 

C'est l'angoisse, Total. En compagnie d'élèves et d'anciens élèves, des militants de plusieurs ONG ont investi l'école Polytechnique, jeudi, pour protester contre l'implantation du pétrolier sur le campus de Saclay (Essonne). 

Peu après 8h du matin, quelques dizaines d'étudiants et de membres de Greenpeace, des Amis de la Terre ou d'Action climat Paris ont donné de la voix et sonné le clairon pour perturber le conseil d'administration de l'école. Conseil où siège Patrick Pouyanné, PDG de Total.

Jérémie Jung © Greenpeace

La contestation enfle depuis plusieurs mois, alors que Polytechnique prévoit d'installer en son sein la direction Recherche et innovation de Total. Celle-ci doit être logée dans un bâtiment de 10 000m2, érigé à deux pas du restaurant universitaire de la prestigieuse école d'ingénieurs. Cet édifice devrait accueillir 250 salariés et sera ouvert aux étudiants. 

« Imaginerait-on un centre de R&D [Recherche et développement - NDLR] du groupe Huawei au sein de Télécom Paris, de Monsanto sur le campus d’AgroParisTech, de British Tobacco dans une faculté de médecine ? », demandent des étudiants sur un site dédié à la contestation du projet. Les élèves dénoncent la « privatisation » de leur école par le pétrolier et exigent que le bâtiment soit installé à l'extérieur de leur campus. 

Toutes vuvuzelas dehors, les protestataires ont finalement réussi à faire annuler le conseil d'administration. A lire dans 20 Minutes (AFP).

Un weekend de mobilisations très incertain en raison de l'épidémie de coronavirus

Elle devait marquer les esprits à la veille du premier tour des élections municipales : la grande marche pour le climat, prévue samedi à Paris, a été annulée. C'est également le cas de nombreux autres événements à travers le pays planifiés les 13 et 14 mars. 

A la suite de l'allocution d'Emmanuel Macron, qui s'est exprimé jeudi soir pour annoncer de nouvelles mesures visant à ralentir la propagation de l'épidémie, les organisateurs de la marche parisienne ont considéré « que les conditions [n'étaient] pas réunies pour garantir la sécurité des participantes et des participants et susciter une mobilisation massive », comme ils l'ont expliqué dans un communiqué. Dans chaque ville de France, les organisations à l'initiative des marches prévues samedi 14 mars ont tranché au cas par cas. 

De nombreux événements, planifiés vendredi 13 mars dans le cadre des grèves pour le climat de Youth for Climate, ont été annulés, comme à Toulouse ou à Dijon. D'autres rassemblements et actions sont maintenus, pour l'heure, à Marseille, Lyon ou Bordeaux.

Vendredi toujours, des militants d'ANV-COP21 doivent se rendre devant le palais de l'Elysée pour y brandir les portraits d'Emmanuel Macron chipés dans des dizaines de mairies. Objectif : rappeler le président à ses promesses et dresser son « vrai bilan » en matière climatique et sociale.

L'Antarctique et le Groenland se liquéfient 

S'il fallait une raison supplémentaire pour se mobiliser ce weekend : à cause de l'augmentation de la température des océans et, dans une moindre mesure, de celle de l'air, les glaces du Groenland et de l'Antarctique fondent désormais six fois plus vite que dans les années 1990

C'est ce que révèle une synthèse de la plus vaste collection de données sur le sujet, produites par une équipe internationale de spécialistes des glaces polaires. En combinant les résultats de deux études (l'une au sujet de l'Antarctique, l'autre à propos du Groenland), des scientifiques ont déterminé que les calottes glaciaires des pôles suivaient actuellement la trajectoire du pire des scénarios envisagés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). 

Des glaces fondent au large d'Ammassalik, au Groenland © Christine Zenino

La perte de glaces combinée de l'Antarctique et du Groenland était, en moyenne, de 475 milliards de tonnes par an dans les années 2010, contre 81 dans les années 1990, comme l'ont révélé les auteurs de la synthèse

La fonte des glaces contribue à accélérer l'élévation du niveau des mers. Selon le rapport spécial du Giec consacré à la cryosphère et aux océans, ceux-ci pourraient monter d'1,1 mètre d'ici à la fin du siècle. A lire sur le site de l'Université de Leeds (en anglais)

L’éolien et le solaire moins chers que le charbon

Bon vent ! Il sera bientôt moins cher de construire de nouvelles centrales solaires ou éoliennes que d'exploiter celles qui tournent déjà au charbon, selon un think tank spécialisé dans la finance climatique. 

Le Carbon tracker initiative a calculé que ce devrait être le cas pour l'ensemble des grands marchés mondiaux d'ici 2030. En outre, il est d'ores et déjà plus avantageux de se lancer dans la production d'électricité à partir de l'énergie solaire ou éolienne, plutôt que de construire une nouvelle centrale au charbon. 

Reste à convaincre, entre autres, le Japon, qui prévoit de bâtir 22 centrales au charbon. Le solaire devrait y être plus rentable que le minerai fossile d'ici 2023. A l'échelle mondiale, près de 40% de l'électricité est toujours produite à partir de charbon. A lire dans le Guardian (en anglais).

Vous êtes à court d'idées pour réduire vos déchets et améliorer votre empreinte écologique ? Vous ne savez pas quoi faire ce weekend ? Désormais, le vendredi, c'est le jour du Do it yourself (faites-le vous même) ! On inaugure cette nouvelle série par une recette simplissime - et presque gratuite - pour apprendre à se passer de son tube de dentifrice. 

Cliquez sur l'image pour l'agrandir et la télécharger. © Vert

Au début, le goût et la poudre risquent de vous faire bizarre mais, au bout de quelques temps, vous trouverez absurde l'idée de repasser au dentifrice classique.

Un député En marche ! répond à Aurélien Barrau

Ce député de la République en marche a bien entendu le message d'Aurélien Barrau, astrophysicien et figure de proue de la lutte écologiste dont nous parlions mercredi. Mais l'élu de la majorité a sa propre définition de l'urgence et répond « calmos » au scientifique. Un pastiche signé Bertrand Usclat, papa de Broute.

© Broute