La quotidienne

Bilan cabròn !

Chères toutes et chers tous,


Avec les ultra-riches et le nouveau président argentin, on a raison de se biler, nous autres humains.


À eux seuls, les 1% les plus riches aggravent plus la crise climatique que les deux tiers les plus pauvres de l’humanité

Enrichi en CO2. En raison de leur mode de vie et leurs investissements, les plus riches ont un impact démesuré sur le climat, alerte l’ONG Oxfam.

Les 10% les plus riches sont responsables la moitié des émissions humaines de CO2 liées à la consommation, tandis que les 50% les plus pauvres sont à l’origine de 8% du total mondial, révèle Oxfam dans un rapport publié ce lundi. Plus sidérant encore, les 1% les plus fortunés émettent davantage de gaz à effet de serre que les 66% les plus pauvres de l’humanité.

Pour arriver à de telles conclusions, Oxfam s’est appuyé sur des données fournies par le Stockholm environment institute. Si les inégalités sont moins fortes à l’échelle française, les 1% les plus riches émettent en moyenne chaque année plus de dix fois plus de CO2 (40,2 tonnes) qu’une personne parmi la moitié la plus pauvre (3,8 tonnes). D’ici à 2030, les premiers devront diviser leurs émissions par dix tandis que les derniers devront les réduire d’un quart pour atteindre nos objectifs climatiques.

L’empreinte carbone des Français·es est largement corrélée à leur niveau de revenus, comme le montre ce rapport. © Oxfam 

Pour briser cette «spirale négative», Oxfam France plaide pour l’instauration de plusieurs mesures qui épargneraient 70% des Français·es, souligne Alexandre Poidatz, responsable du plaidoyer «Climat et inégalités» pour l’association et co-auteur de l’étude. Parmi celles-ci, un impôt sur la fortune climatique, une taxe sur les dividendes pour les entreprises ne respectant pas l’Accord de Paris ou encore la fin de niches fiscales «climaticides», comme celle sur le kérosène dans l’aviation. Des mesures qui pourraient rapporter quelque 50 milliards d’euros par an pour financer une transition juste, estime l’association.

· En France, la neutralité carbone est «loin d’être atteinte en 2050», de l’aveu même du ministère de la Transition écologique. C’est ce que révèle un document interne à la Direction générale de l’énergie et du climat, qui a scénarisé la baisse des émissions secteur par secteur en fonction des mesures envisagées par le gouvernement. Résultat : les objectifs de réduction des émissions à 2030 et 2050 ne seront pas atteints en l’état. - Contexte (abonné·es).
 

· Vendredi, l’entreprise agrochimique Bayer a été condamnée par un tribunal du Missouri (Etats-Unis) à verser plus de 1,5 milliard de dollars à trois plaignants, dont le cancer est imputé à l’utilisation du Roundup, un désherbant à base de glyphosate. L’entreprise fera appel. Depuis qu’elle a acquis Monsanto (qui commercialise le Roundup) en 2018, Bayer est empêtrée dans quelque 160 000 procès liés au désherbant et a perdu la moitié de sa valeur en Bourse. - 20 Minutes (AFP)
 

· Vendredi, la température de la Terre a ponctuellement dépassé pour la première fois les 2°C de réchauffement par rapport à l’ère pré-industrielle, selon les relevés satellitaires de Copernicus. Plus précisément, la température globale a atteint 2,06°C de plus que la moyenne 1850-1900. «Depuis début septembre, nous sommes également constamment au-dessus des +1,5°C (définis par l'accord de Paris)», a souligné le chercheur en agrométéorologie Serge Zaka sur X.

Les écarts à la température, mois par mois et année par année, par rapport à la période 1850-1900. En rouge, l’année 2023. © Copernicus

«Il existe, dans l’histoire de la Terre, un cycle de températures»

Javier Milei, le nouveau président argentin


Javier est contre tout. Dimanche, les Argentin·es ont élu à la tête de leur pays l’économiste «antisystème» de 53 ans Javier Milei, qui l’a emporté à 55,7% des suffrages face au péroniste Sergio Massa. Celui qui se définit comme «anarcho-capitaliste» est un populiste libertarien climatosceptique au style excentrique, fan de heavy metal et des ex-présidents américain Donald Trump et brésilien Jair Bolsonaro. Avec ses discours antiprogressistes, Javier Milei veut «décapiter l’État à la tronçonneuse», remplacer le peso par le dollar pour endiguer l’inflation galopante, fermer les ministères de la Santé et de l’Éducation et revenir sur le droit à l’avortement, conquis en 2020. Celui qui a décidément toutes les qualités estime que le réchauffement climatique n’est pas lié aux activités humaines, mais n’est qu’un «cycle». Face aux multiples problèmes environnementaux, il ne voit d’ailleurs qu’une seule réponse : la privatisation des écosystèmes. C’est chaud.

Plastiques : où en est le projet de traité mondial pour lutter contre cette pollution massive ?

Polymère à boire. La semaine de tractations qui s’est déroulée à Nairobi (Kenya) a révélé de nombreux blocages.

Réuni·es du 13 au 19 novembre, les représentant·es de 175 États avaient pour mission d’examiner et d’examiner en détail une première version du futur traité mondial contre la pollution plastique. Objectif : avoir un document prêt pour la fin 2024.

Quels résultats ? Un brouillon qui aura épaissi – passant de 30 à une centaine de pages – et un dialogue de sourds entre les pays qui souhaitent agir sur la production des plastiques et ceux qui veulent limiter l’action mondiale dans le traitement des déchets. Dans ce dernier groupe, figurent sans surprise les grands pays pétroliers du Golfe, emmenés par l’Arabie saoudite, mais aussi la Russie et l’Iran.

«Si la Chine et les États-Unis se sont montrés très actifs sur la nécessaire prise de conscience du problème, ils ne veulent pas entendre parler d’objectifs contraignants de réduction de la production, décrypte pour Vert Henri Bourgeois-Costa de la Fondation Tara, association pionnière dans le suivi de cette pollution dans l’océan. Dans ces négociations, la présence d’un grand nombre de lobbyistes pétroliers pose également un réel problème de crédibilité. Selon un comptage qui reste à affiner, ces derniers étaient plus de 170, soit bien davantage que les représentants des 70 petits États présents à Nairobi !»

Selon des estimations de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) parues en 2022, si rien n’est fait, les déchets plastiques produits au niveau planétaire devraient presque tripler d’ici à 2060. Deux nouvelles sessions de discussions auront lieu dans les mois qui viennent, à Ottawa (Canada) au printemps 2024, puis en Corée du Sud à la fin de la même année, pour tenter d’aboutir à ce traité international.

Les bonnes nouvelles de Gaëtan

Pour commencer la semaine avec la Tribu de Dana en tête, ne ratez pas les dernières bonnes nouvelles de Gaëtan Gabriele. Au menu, cette semaine : fourrure lituanienne et renouvelables chinois.

© Vert

+ Loup Espargilière, Gaëtan Gabriele, Jennifer Gallé, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.