La quotidienne

Argent sale

Des milliards de dollars partent chaque année en fumée noire et il ne reste au climat que de fumeux espoirs. 


Le FMI pointe les incroyables subventions accordées aux énergies fossiles

Usine à gaz. Les soutiens directs et indirects aux énergies fossiles ont représenté la somme colossale de 5 900 milliards de dollars en 2020. A l'inverse, une taxation adaptée pourrait permettre d'atteindre nos objectifs climatiques, selon le fonds monétaire international (FMI)

Représentant à elle seule 80% des émissions mondiales de CO2, la combustion de gaz, de pétrole et de charbon est l'ennemi n°1 du climat. Elle contribue également à la pollution de l'air, responsable d'un décès sur cinq dans le monde, selon des estimations récentes (Le Monde). Malgré ce bilan plus que déplorable, l'industrie fossile capte l'équivalent de 6,8% du PIB mondial en passe-droits en tous genres. Des soutiens qui grimperont à 7,4% du PIB mondial en 2025 malgré les engagements climatiques des pays, prévient le FMI.

Cinq pays sont responsables des deux tiers des soutiens aux fossiles : la Chine, les États-Unis, la Russie, l'Inde et le Japon ©Flickr/ Max Phillips

Pour arriver à la somme, colossale, de 5 900 milliards de dollars de soutiens annuels, le FMI a bien-sûr pris en compte les 450 000 milliards de dollars de subventions directes allouées chaque année au secteur. Mais cela ne représente que 8% des montants examinés. Le reste correspond à l'écart entre le prix marchand des énergies fossiles et leur coût environnemental et social. L'institution estime ainsi que le prix marchand du charbon est au moins 50% inférieur à son coût réel pour la collectivité, en raison des pollutions engendrées.

La suppression de ces soutiens directs et indirects d'ici 2025 pourrait induire une baisse d'un tiers des émissions globales de CO2 et permettre le respect des engagements climatiques pris à Paris en 2015, affirme le FMI. Cela permettrait aussi d'éviter 900 000 décès liés à la pollution de l'air et d'augmenter sensiblement les revenus des États. Certes, la suppression de ces aides entraînerait une hausse sensible des prix de l'énergie mais l'argent récupéré pourrait amplement servir à compenser cette hausse pour les plus vulnérables, estime le FMI.

· En 2050, plus de cinq milliards de personnes pourraient avoir des difficultés à accéder à l'eau, a averti mardi l'organisation météorologique mondiale. En 2018, elles étaient déjà 3,6 milliards dans ce cas. Le nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de 29% depuis 2000, touchant principalement l'Afrique tandis que, dans le même temps, les inondations ont augmenté de 134%, affectant surtout l'Asie. Ces aléas ont des conséquences majeures pour la sécurité hydrique, d'autant que l’eau douce utilisable et disponible ne représente que 0,5% de l’eau présente sur Terre. L'obs (AFP)

· Au Royaume-Uni, le gouvernement s'en prend aux activistes du climat. La ministre de l’Intérieur veut soumettre au Parlement un projet de loi donnant à la police le droit de saisir les équipements utilisés par les militants pour s’enchaîner à des bâtiments. Les manifestants pourraient, eux, être condamnés à six mois de prison et à des amendes « illimitées ». Des militants d'Extinction Rebellion et Insulate Britain bloquent depuis plusieurs semaines des axes routiers dans le sud de l’Angleterre, afin d’obtenir des actions fortes de la part du gouvernement sur le climat, raconte Reporterre.

« On ne peut pas manger de charbon, on ne peut pas boire de pétrole, on ne peut pas respirer du gaz »

Chaos debout. La punchline de la militante ougandaise, Vanessa Nakate, a fait sensation lors de son apparition au sommet des Jeunes sur le changement climatique, organisé par les Nations unies à Milan. Depuis son discours le 28 septembre dernier, son message est devenu viral. Cela fait pourtant plusieurs années qu'elle le répète à l'envi à travers l'organisation qu'elle a fondé : Rise Up Movement, qui vise à alerter sur la vulnérabilité des communautés africaines aux désastres climatiques. « Il y a certaines choses auxquelles on ne peut pas s’adapter », martèle-t-elle aussi. « On ne peut pas s’adapter à la faim, on ne peut pas s’adapter à l’extinction, ou aux traditions perdues, ou à l’Histoire perdue » en référence aux déplacés climatiques. Son portrait dressé par l'AFP

Pourquoi jeter quand on peut troquer ?

Ça en jette ! En Haute Gironde, un syndicat chargé des déchets a préféré construire un supermarché du troc plutôt qu'une nouvelle déchetterie. Chaque année, plus de 1000 tonnes de produits sont ainsi échangées plutôt que jetées.

« L'histoire se passe en 2017 », raconte fièrement le Smicval sur son site internet. Le syndicat mixte intercommunal dédié à la collecte et à la valorisation des déchets du Libournais se questionne sur l'avenir de sa déchetterie devenue obsolète : en reconstruire une nouvelle... ou bien innover ?

Le Smicval Market est né quelques mois plus tard d'un constat simple : ce qui n’a plus d’utilité pour les uns peut en avoir pour les autres. Dans ce supermarché à l'envers, on commence donc par déposer ce qui ne nous sert plus avant de piocher gratuitement dans les rayonnages. Il y a des caddies mais pas de caisses !

Après quatre ans d’existence, le Smicval market revendique un bilan extrêmement encourageant : 80% des jouets déposés sont ainsi repris et le volume de déchets enfouis a baissé de 60%. Le Smicval Market est financé par les habitants du territoire via la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) ; son accès est donc réservé aux riverains. Le Smicval prévoit d'ouvrir deux autres smicval market sur son territoire de compétence. Mais une idée pareille mérite d'essaimer dans tout l'hexagone.

Biens de (sur)consommation

Achetés en un clic et jetés aussi vite, nos objets du quotidien vont et viennent si rapidement qu'on en oublie le chemin parcouru pour qu'ils arrivent jusqu'à nous. Les épisodes de la mini-série Product retracent en quelques minutes l'incroyable parcours de certains de nos biens iconiques : une rose, du sucre, de la pâte à tartiner ou encore des crevettes. Leur histoire commence presque toujours dans un pays pauvre et se finit bien souvent à la poubelle. Entre les deux, des milliers de kilomètres. 

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