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En France, l’état préoccupant des terres agricoles

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Arti­fi­cial­i­sa­tion, dégra­da­tions des sols, con­cen­tra­tion des ter­res… L’é­tat des sur­faces agri­coles laisse à désir­er en France. L’as­so­ci­a­tion Terre de liens s’in­quiète de ce qu’elles vont devenir, alors que le quart d’en­tre elles doit chang­er de main au cours des dix prochaines années.

52 % du ter­ri­toire nation­al français est occupé par des ter­res agri­coles, ce qui en fait la plus grande sur­face agri­cole de l’Union européenne. Mais elles sont en dan­ger, alerte l’as­so­ci­a­tion Terre de liens dans son pre­mier rap­port paru lun­di. L’ar­ti­fi­cial­i­sa­tion est galopante : entre 50 000 et 60 000 hectares sont trans­for­més chaque année. Soit « une sur­face équiv­a­lente à la capac­ité de nour­rir une ville comme le Havre ». Or, « quand on imper­méa­bilise un sol, il n’y a pas de retour en arrière pos­si­ble », explique Isabelle Feix, experte à l’A­gence de la tran­si­tion écologique (Ademe), dans le rap­port.

Autres motifs d’inquiétude pour l’as­so­ci­a­tion : la dégra­da­tion des sols, la spécu­la­tion sur le fonci­er agri­cole, la con­cen­tra­tion des ter­res (qui favorise les grandes exploita­tions) et le non-renou­velle­ment des généra­tions paysannes. Dans moins de dix ans, un quart des agriculteur·rices français·es auront pris leur retraite et plus de cinq mil­lions d’hectares, soit près de 20 % de la sur­face agri­cole française, vont chang­er de main.

Évo­lu­tion des sur­faces agri­coles, du nom­bre de fer­mes et des emplois agri­coles en France, entre 1950 et 2020 © Illus­tra­tion extraite du rap­port “État des ter­res agri­coles” de Terre de liens

Que vont devenir leurs ter­res ? Beau­coup d’en­tre elles sont rachetées par des fer­mes voisines, occa­sion­nant un accroisse­ment de la sur­face moyenne des exploita­tions, passée de 15 hectares en 1960 à 69 hectares en 2020. Ces agran­disse­ments empêchent les nou­velles instal­la­tions et con­duisent à la perte d’emplois agri­coles. Terre de liens estime à 320 000 le nom­bre de postes équiv­a­lent temps plein détru­its au cours des vingt dernières années. Le champ est lais­sé libre à des exploita­tions indus­trielles qui tuent la vie des sols à cause de l’emploi d’en­grais et de pes­ti­cides.

Face à ces con­stats, l’as­so­ci­a­tion exhorte les candidat·es à l’élec­tion prési­den­tielle à s’en­gager pour une « grande loi sur les ter­res agri­coles », afin de préserv­er l’usage des ter­res, favoris­er les pra­tiques vertueuses et aider à l’in­stal­la­tion d’une nou­velle généra­tion d’agriculteur·rices.

Quelques repères sur les ter­res agri­coles et leurs exploitant·es aujour­d’hui en France © Illus­tra­tion extraite du rap­port “État des ter­res agri­coles” de Terre de liens

Depuis sa créa­tion en 2003, Terre de liens cherche à enray­er la spécu­la­tion fon­cière et à pro­mou­voir un mod­èle d’a­gri­cul­ture paysanne. Grâce à des dons, elle rachète des ter­res puis les loue à des agriculteur·rices porteur·ses de pro­jets à taille humaine, favorisant la bio­di­ver­sité et le respect des sols. Avec l’ac­qui­si­tion de 7 000 hectares depuis 2003, l’as­so­ci­a­tion a per­mis l’in­stal­la­tion de plus de 500 paysan·nes.