Décryptage

Se rapprocher de la nature pour mieux la défendre : qu’est-ce que l’«éco-sensibilité» ? 

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Un sensible. Un contact direct et quotidien avec la nature pourrait être la clé pour intéresser le grand public aux politiques environnementales, défend une note du laboratoire d’idées La Fabrique écologique, publiée mardi.

Les rapports scientifiques sur la crise climatique s’amoncellent, et pourtant l’individu moderne poursuit sa destruction méthodique de la nature. «Le discours dominant paraît s’en tenir à une approche froide et rationnelle de la crise écologique, la résumant en courbes d’émissions de gaz à effet de serre et en projections hermétiques», regrette Paul Klotz, haut fonctionnaire et expert associé à la Fondation Jean Jaurès, dans une note publiée le 1er octobre pour La Fabrique écologique. Celle-ci s’appuie notamment sur des travaux du Conseil d’analyse économique, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail (Anses), et sur des ouvrages ou des entretiens avec des philosophes comme Serge Audier, Pierre Charbonnier ou Baptiste Morizot.

Les incitations à opérer une rupture écologique ne s’adresseraient ainsi qu’à celles et ceux qui disposent du capital culturel suffisant, ou du moins qui se satisfont d’un discours purement scientifique. «Il est difficile de produire du changement sans comprendre l’enjeu, en particulier dans une société où abondance et consommation sont synonymes de liberté», observe Paul Klotz auprès de Vert

La coulée verte René-Dumont à Paris, un exemple de friche réhabilitée. © Antoine Poncet / Vert

«Une nouvelle doctrine politique»

Alors que nous nous sommes progressivement éloigné·es du monde vivant, il faut, selon lui, rétablir une sensibilité à la nature pour en faire un levier de transformation écologique et sociale. C’est ce qu’il appelle l’«éco-sensibilité». «Ça ne veut pas dire faire des câlins aux arbres, plaisante-t-il, mais plutôt s’immerger dans la nature pour se forcer à comprendre la crise écologique». Pour ça, il propose par exemple de recenser les oiseaux – ou toute autre espèce animale ou végétale – autour de chez soi. «L’idée est de comprendre comment l’écosystème fonctionne en l’observant» pour avoir envie de le protéger ensuite, précise-t-il.

Mais plus que par des actes individuels, l’éco-sensibilité est définie dans la note comme «une nouvelle doctrine politique», donc collective. Paul Klotz préconise par exemple de réhabiliter des friches. Et «pourquoi ne pas imaginer une végétalisation systématique de chaque nouvel espace public aménagé ?», questionne-t-il.

Un «pass Nature» sur le modèle du pass Culture ?

La place de l’éducation est également centrale selon lui. Il plaide pour «organiser plus de classes vertes» ou mettre en place un «pass Nature», sur le modèle du pass Culture. L’ambition est notamment de permettre aux plus jeunes de se détourner des écrans, au profit de sorties au grand air. «En 2020, 49% des enfants de 11 à 17 ans présentaient «un risque sanitaire très élevé», défini comme le fait de passer plus de 4h30 par jour devant un écran», pointe la note, citant l’Anses. La bataille des imaginaires se poursuit, et elle se joue avant tout dehors. 

Image d’illustration : Austin Ban/Unsplash

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