Le vert du faux

Quel train de nuit pourrez-vous prendre pour partir en vacances cet été ?

Bientôt l’été ! L’envie de s’évader devient plus pressante, en prenant, pourquoi pas, un train de nuit. Cette option écologique permet de parcourir de nombreux kilomètres pour rallier différentes destinations en Europe ou dans le Sud de la France. On fait le point sur les lignes ouvertes cet été.
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Certain·es le trou­veront aven­tureux, d’autres bucol­ique, d’autres, roman­tique. Le train de nuit est à coup sûr pra­tique. «Il fait gag­n­er du temps, en évi­tant de per­dre une demi-journée ou une journée dans les trans­ports. Ces trains per­me­t­tent aus­si de par­tir et d’arriver en cen­tre-ville, avance Nico­las Forien du Col­lec­tif Oui au train de nuit. Il présente aus­si un avan­tage écologique évi­dent par rap­port à l’avion et à la voiture».

En France, on estime le train 80 fois moins pol­lu­ant que l’avion ; et 50 fois moins que la voiture. Alors qu’il ne restait que les lignes Paris-Bri­ançon et Paris-Latour-de-Car­ol en 2015, le train de nuit con­nait un nou­v­el essor depuis 2020. Aujourd’hui, on compte deux lignes inter­na­tionales et huit nationales. Et le pub­lic en est de plus en plus deman­deur : la fréquen­ta­tion des trains de nuit français a con­nu une hausse de 77% entre 2019 et 2022.

Pour les femmes, voy­ager seule, de nuit, n’est pas tou­jours syn­onyme de sérénité ; l’idée de se retrou­ver seule dans un wag­on avec des hommes peut en dis­suad­er plus d’une. «Il existe aujourd’hui des couchettes réservées aux femmes», pré­cise Patri­cia Perennes, écon­o­miste du trans­port fer­rovi­aire à Trans-mis­sions, une entre­prise de con­seil auprès des pou­voirs publics sur la mobil­ité durable. Cette option est pro­posée dans les Inter­cités et les trains de nuit inter­na­tionaux au départ de Paris, au même tarif qu’un bil­let clas­sique. «Atten­tion toute­fois, le nom­bre de places est lim­ité», indique Nico­las Forien.

Vienne, Berlin… Direction l’Europe

Envie d’aller vis­iter un autre pays, de s’immerger dans une autre cul­ture ? De décou­vrir de beaux musées, des lieux fes­tifs ? Direc­tion Vienne et Berlin en train de nuit.

Sup­primée en 2014, la ligne noc­turne Paris-Berlin a fait son grand retour en décem­bre 2023. Une ligne «sym­bol­ique», selon Nico­las Forien, «car elle relie deux cap­i­tales dis­tantes de 1000 kilo­mètres, l’idéal pour des tra­jets de nuit». Pro­posée par Night­jet, mar­que de trains de nuit gérés par l’entreprise publique autrichi­enne ÖBB, les allers sont pos­si­bles les mardis, jeud­is et samedis; et les retours les lundis, mer­cre­dis et ven­dredis. Stras­bourg, Franc­fort, Erfurt et Halle sont égale­ment desservis. Il faut compter au min­i­mum 65 euros pour une place assise, et 180 euros pour une couchette.

La ligne Paris-Vienne, aus­si gérée par ÖBB Night­jet, est ouverte depuis octo­bre 2021. Avec des allers les mardis, ven­dredis et dimanch­es et des retours les lundis, jeud­is et samedis, les deux cap­i­tales sont reliées en 15 heures. Les arrêts desservis sont Stras­bourg, Karl­sruhe, Munich, Rosen­heim, Salzbourg, Linz, St Pöl­ten. Un aller avec couchette est à 120 euros min­i­mum.

Ces trains rouleront tout cet été, mais leurs horaires sont sus­cep­ti­bles d’être mod­i­fiés à cause de travaux sur les lignes. «En Alle­magne et en Autriche, il est com­mun de met­tre en vente les bil­lets de train avant que les horaires soient défini­tive­ment fixés, pré­cise le mem­bre du Col­lec­tif Oui aux trains de nuit. Les pop­u­la­tions sont habituées à véri­fi­er au dernier moment, ce qui n’est pas le cas des Français». À not­er que la pre­mière semaine de juil­let, les trains hors week-end seront au départ et au retour à Stras­bourg.

Depuis la fin de l’année 2023, la com­pag­nie autrichi­enne met sur rail ses nou­velles rames «Night­jet nou­velle généra­tion». On y trou­ve six niveaux de con­fort, allant du siège au com­par­ti­ment deux per­son­nes, avec toi­lettes et douch­es privés.

Un temps envis­agé, se ren­dre en Ital­ie par train de nuit ne sera finale­ment pas pos­si­ble. L’entreprise Mid­night Trains, qui devait ouvrir la ligne Paris-Venise dans les mois à venir, a annon­cé fin mai avoir mis la clef sous la porte, faute d’investisseurs et de sou­tien de l’État. Créée en 2021, cette start-up française ambi­tion­nait de reli­er Paris à de nom­breuses métrop­o­les européennes grâce à de véri­ta­bles «hôtels sur rails».

Nice, Briançon… Direction le Sud

Rejoin­dre le Sud de la France sans pass­er par le bitume ou les airs est pos­si­ble grâce aux Inter­cités de nuit. Un aller avec couchette sans carte de réduc­tion est en moyenne à 80 euros pour le mois de juil­let. Pour celles et ceux âgé·es de 16 à 27 ans et munis d’un Pass rail, ces tra­jets seront réserv­ables entre le 1er juil­let et le 31 août pour 19,50 euros.

En décem­bre 2023, la ligne Paris-Auril­lac a rou­vert le même week-end que le Paris-Berlin, venant com­pléter les sept des­ti­na­tions déjà exis­tantes. Le Sud-Ouest est bien desservi avec cinq autres : Paris-Latour-de-Car­ol (Pyrénées-Ori­en­tales) et Paris-Toulouse (via Mon­tauban) ; Paris-Tarbes (Dax, Bay­onne et Pau) ; Paris-Cer­bère (Nîmes, Mont­pel­li­er et Per­pig­nan) et Paris-Rodez.

Tous les jours de la semaine, dans les deux sens, Paris dessert Nice, avec de nom­breux arrêts : Mar­seille-Blan­car­de, Toulon, Les Arcs-Draguig­nan, Saint-Raphaël-Vales­cure, Cannes et Antibes. Le départ est prévu à 20h51 de la gare d’Austerlitz pour une arrivée à 9h25 en gare de Nice. Pen­dant l’été, il faut compter autour de 90 euros une place avec couchette en sec­onde classe pour un départ en semaine, et 120 euros en week-end.

De même pour Bri­ançon (Hautes-Alpes) – avec des escales à Crest, Die, Veynes-Dévoluy, Gap, Chorges, Embrun, Mont-Dauphin-Guillestre et l’Argentière-Les Ecrins. «C’est le même départ, de Paris. Les deux trains se sépar­ent avant Valence au matin», explique Nico­las Forien.

Les lignes d’Intercités de nuit con­nais­sent un cer­tain nom­bre de décon­v­enues. En rai­son d’un affaisse­ment de talus, le Paris-Rodez s’effectuera par exem­ple en car jusqu’au min­i­mum le 4 juil­let inclus. Et les réser­va­tions pour les voy­ages entre le 5 juil­let et le 4 août ne sont pas encore ouvertes. Le retour à la nor­male est prévu pour le 5 août.

De nom­breuses pannes des rames sont aus­si à déplor­er, comme sur la ligne Paris-Auril­lac, quelques mois après son ouver­ture. «Les Inter­cités de nuit sont vieux, ils datent des années 1970–80, fait remar­quer Patri­cia Perennes. Il nous faut de nou­veaux wag­ons et de nou­velles loco­mo­tives !»

La con­struc­tion de ces nou­veaux équipements prend en moyenne cinq ans ; à ce jour, le gou­verne­ment n’a pas annon­cé avoir passé com­mande… Rai­son de plus, selon Nico­las Forien, de se mobilis­er pour les trains de nuit.

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