La bonne idée

Quelles toilettes sèches choisir pour ma maison ou mon appartement ?

20% de notre consommation d’eau potable au quotidien part dans nos chasses d’eau. Adopter des toilettes sèches permettrait de réduire efficacement ce gaspillage. Auteur du livre Installer des toilettes sèches, Maxime Leurent donne à Vert ses meilleurs conseils pour choisir le modèle le plus adapté.
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Dans le Nord de l’Espagne, Maxime Leurent a créé un cen­tre d’expérimentation et de for­ma­tion à toutes les solu­tions qui peu­vent men­er à l’autonomie. Dans cette ferme 100 % auto­suff­isante en eau, qui n’est pas reliée au réseau d’assainissement, il a pu tester plusieurs mod­èles de toi­lettes sèch­es. Une con­ver­sion d’autant plus indis­pens­able aujourd’hui qu’«avec le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, il va fal­loir vivre dans un monde avec de moins en moins d’eau», dit-il à Vert.

Quel est le meilleur modèle si je veux des toilettes sèches rapidement ?

Les plus sim­ples et les plus rapi­des à installer sont les toi­lettes à litière bio maitrisée (TLB). À une con­di­tion : avoir accès à un com­post. Elles se com­bi­nent davan­tage avec un mode de vie rur­al qu’urbain.

Il s’agit, en gros, d’un seau placé sous une cuvette. Facile à con­stru­ire, cette ver­sion ne demande pas de place sup­plé­men­taire ; une demi-journée peut suf­fire aux per­son­nes bricoleuses. Prin­ci­pal incon­vénient : les TLB deman­dent beau­coup de manip­u­la­tions, car il faut vider le seau en moyenne tous les trois jours dans un bac à com­post. «Il y a donc une expo­si­tion à de la matière fraiche, met en garde Maxime Leurent. Même si, en réal­ité, je pense que les freins sont surtout dans la tête».

Les toi­lettes à litière bio­maitrisée sont com­posées d’une base rec­tan­gu­laire dans laque­lle est placée un seau. © Emmanuel Delaloy

Si je veux un modèle sans entretien ?

«Pour une instal­la­tion de long terme, les toi­lettes à dou­ble fos­se peu­vent être les plus appro­priées, con­seille Maxime Leurent. Elles sont plus com­pliquées à installer et doivent être bien dimen­sion­nées. Mais avec ce mod­èle, il n’y a pas de manip­u­la­tion, c’est roy­al».

Le principe est de créer deux grandes fos­s­es ; cha­cune dotée de sa cuvette. On utilise une pre­mière fos­se pen­dant un an et demi à deux ans. Quand elle est rem­plie, on utilise la deux­ième alors que la pre­mière se décom­pose. Après deux ans à nou­veau, la matière de la pre­mière fos­se est décom­posée. On peut alors la vider grâce à une porte don­nant sur l’extérieur, et ali­menter son com­post. «Le plus gros frein reste l’installation, pré­cise Maxime Leurent. Cette for­mule demande pas mal de maçon­ner­ie, surtout si on veut la met­tre dans une mai­son exis­tante. Mais rien d’impossible !»

Les toi­lettes à dou­ble fos­se. © Maxime Leurent

Si j’habite en ville, sans accès compost ?

«Pour les per­son­nes en ville, il y a un mod­èle très promet­teur : les toi­lettes lom­bri­com­pos­teurs. On n’a pas encore beau­coup de recul sur le fonc­tion­nement à long terme. Mais c’est l’avant-gardisme des toi­lettes sèch­es !, s’enthousiasme Maxime Leurent. Les lom­brics s’occupent de décom­pos­er la matière, et comme il n’y a pas d’ajout de sci­ure, ce sont des petits vol­umes». Dans cette ver­sion, il faut s’assurer que les lom­brics soient en bonne san­té. Et atten­tion, il faut sépar­er l’urine car les vers ne la sup­por­t­ent pas. Maxime Leurent se mon­tre con­fi­ant quant à un mod­èle en cours d’expérimentation : le cacar­rousel. D’autres mod­èles sont disponibles sur inter­net mais, selon Maxime Leurent, ils ne sont pas encore au point.

En ter­mes de prix, les toi­lettes à dou­ble fos­se sont les plus chères car elles deman­dent de la con­struc­tion. Faites mai­son, les TBL coû­tent moins de 100 euros. Les deux néces­si­tent de la sci­ure, dont le prix dépend de la manière de se fournir.

Retrou­vez plus de con­seils, ain­si que des plans, dans Installer des toi­lettes sèch­es — Réduire sa con­som­ma­tion en eau et recy­cler les nutri­ments, Maxime Leurent, 2024, Ulmer, 128 p., 16,90€

Pho­to d’il­lus­tra­tion : Maxime Leurent con­stru­it des toi­lettes à litière bio­maitrisée. ©Emmanuel Delaloy