Dans le Nord de l’Espagne, Maxime Leurent a créé un centre d’expérimentation et de formation à toutes les solutions qui peuvent mener à l’autonomie. Dans cette ferme 100 % autosuffisante en eau, qui n’est pas reliée au réseau d’assainissement, il a pu tester plusieurs modèles de toilettes sèches. Une conversion d’autant plus indispensable aujourd’hui qu’«avec le réchauffement climatique, il va falloir vivre dans un monde avec de moins en moins d’eau», dit-il à Vert.
Quel est le meilleur modèle si je veux des toilettes sèches rapidement ?
Les plus simples et les plus rapides à installer sont les toilettes à litière bio maitrisée (TLB). À une condition : avoir accès à un compost. Elles se combinent davantage avec un mode de vie rural qu’urbain.
Il s’agit, en gros, d’un seau placé sous une cuvette. Facile à construire, cette version ne demande pas de place supplémentaire ; une demi-journée peut suffire aux personnes bricoleuses. Principal inconvénient : les TLB demandent beaucoup de manipulations, car il faut vider le seau en moyenne tous les trois jours dans un bac à compost. «Il y a donc une exposition à de la matière fraiche, met en garde Maxime Leurent. Même si, en réalité, je pense que les freins sont surtout dans la tête».

Si je veux un modèle sans entretien ?
«Pour une installation de long terme, les toilettes à double fosse peuvent être les plus appropriées, conseille Maxime Leurent. Elles sont plus compliquées à installer et doivent être bien dimensionnées. Mais avec ce modèle, il n’y a pas de manipulation, c’est royal».
Le principe est de créer deux grandes fosses ; chacune dotée de sa cuvette. On utilise une première fosse pendant un an et demi à deux ans. Quand elle est remplie, on utilise la deuxième alors que la première se décompose. Après deux ans à nouveau, la matière de la première fosse est décomposée. On peut alors la vider grâce à une porte donnant sur l’extérieur, et alimenter son compost. «Le plus gros frein reste l’installation, précise Maxime Leurent. Cette formule demande pas mal de maçonnerie, surtout si on veut la mettre dans une maison existante. Mais rien d’impossible !»

Si j’habite en ville, sans accès compost ?
«Pour les personnes en ville, il y a un modèle très prometteur : les toilettes lombricomposteurs. On n’a pas encore beaucoup de recul sur le fonctionnement à long terme. Mais c’est l’avant-gardisme des toilettes sèches !, s’enthousiasme Maxime Leurent. Les lombrics s’occupent de décomposer la matière, et comme il n’y a pas d’ajout de sciure, ce sont des petits volumes». Dans cette version, il faut s’assurer que les lombrics soient en bonne santé. Et attention, il faut séparer l’urine car les vers ne la supportent pas. Maxime Leurent se montre confiant quant à un modèle en cours d’expérimentation : le cacarrousel. D’autres modèles sont disponibles sur internet mais, selon Maxime Leurent, ils ne sont pas encore au point.
En termes de prix, les toilettes à double fosse sont les plus chères car elles demandent de la construction. Faites maison, les TBL coûtent moins de 100 euros. Les deux nécessitent de la sciure, dont le prix dépend de la manière de se fournir.
Retrouvez plus de conseils, ainsi que des plans, dans Installer des toilettes sèches – Réduire sa consommation en eau et recycler les nutriments, Maxime Leurent, 2024, Ulmer, 128 p., 16,90€
Photo d’illustration : Maxime Leurent construit des toilettes à litière biomaitrisée. ©Emmanuel Delaloy