La phrase qui va suivre peut surprendre. Echappés de la hacienda de Pablo Escobar, les hippopotames colombiens pourraient remplacer les lamas géants disparus il y a plusieurs dizaines de milliers d’années.
Pablo Escobar avait importé plusieurs hippopotames d’Afrique dans sa résidence de Medellin, en Colombie. Après sa mort, en 1993, les mammifères se sont retrouvés dans la nature. Depuis bientôt trente ans, ceux-ci paissent tranquillement dans de petits lacs du nord de la Colombie. Plus grande espèce invasive du monde, les hippopotames colombiens nuisent à la biodiversité locale en empiétant, notamment, sur le territoire des lamantins.
Or, comme l’expliquent des scientifiques dans un article publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, les espèces invasives de mammifères herbivores à travers le monde, dont les hippopotames de la cocaïne, n’ont pas qu’un impact négatif sur la biodiversité. Au contraire, celles-ci pourraient permettre de restaurer en partie un monde perdu : celui de la mégafaune du pléistocène supérieur (-120 000 à ‑11 700 avant notre ère), peuplée de mammifères géants avant que ceux-ci ne soient décimés par les humains.
Les mustangs, ces chevaux sauvages d’Amérique du Nord, rendent les mêmes services écologiques à leur environnement que leurs ancêtres éteints. Les hippopotames colombiens, quant à eux, remplissent en partie les fonctions des lamas géants, ou des notoungulata, d’étranges ongulés préhistoriques.
Honnis des fermiers nord-américains, les cochons sauvages retournent la terre comme le faisaient les pécaris géants avant eux. Ce faisant, ils contribuent à accélérer la pousse des arbres. Toutes ces espèces dites « invasives » (un terme que dénoncent les auteur•rices de l’étude) participent donc à restaurer une partie de la biodiversité anéantie autrefois par nos ancêtres. A lire dans le Guardian (en anglais).