Les geais qui replantent des forêts, ou les bienfaits du réensauvagement naturel

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Tra­vail à la chêne. Au Roy­aume-Uni, des geais ont replan­té la moitié des arbres de deux nou­velles forêts en quelques années à peine, preuve de l’ef­fi­cac­ité de la régénéra­tion naturelle de cer­tains écosys­tèmes.

A Monks Wood, une réserve naturelle du comté de Cam­bridge, un ancien champ d’orge aban­don­né en 1961 et une ex-prairie délais­sée en 1996 ont fait place à deux nou­veaux bois. Et cette fois, les forestiers ou les asso­ci­a­tions n’y sont pour rien. Comme le racon­tent les auteur·rice·s d’une étude pub­liée dans la revue Plos One, plus de la moitié des arbres qui peu­plent ces deux espaces renaturés ont été plan­tés par des geais des chênes.

Un geai des chênes (Gar­ru­lus glan­dar­ius) qui tient un escar­got dans son bec. © Dinkum

Ceux-ci stock­ent régulière­ment des glands sous terre pour s’as­sur­er d’avoir à manger tout l’hiv­er. Oubliés par les corvidés, cer­tains fruits devien­dront des chênes. Cette dis­per­sion des glands grâce au tra­vail des geais per­met aux arbres de répan­dre rapi­de­ment leur descen­dance et de cou­vrir de larges dis­tances.

En 24 années à peine, l’an­ci­enne prairie est peu­plée de 132 arbres par hectare – prin­ci­pale­ment des chênes. Un chiffre qui monte à 390 pour le champ d’orge.

Dans ces zones lais­sées libres, les jeunes pouss­es ont pu prof­iter de la réap­pari­tion de ronces et d’aubépine, qui les ont pro­tégées de l’ap­pétit des mam­mifères. La brous­saille leur a aus­si per­mis de sur­vivre à des épisodes de fortes chaleurs, indique l’é­tude. Autant d’ar­gu­ments qui plaident pour des solu­tions de « réen­sauvage­ment pas­sif » à chaque fois que cela est pos­si­ble, selon les sci­en­tifiques. Au Roy­aume-Uni comme en France, la plan­ta­tion d’ar­bres à des fins cli­ma­tiques – sou­vent des conifères peu adap­tés au ter­roir local — est fréquem­ment opérée de manière indus­trielle.