Les députés entendent (beaucoup) plus les grosses firmes que les citoyens

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Lob­by­tomie. Les indus­triels et les entre­pris­es sont dix fois plus représen­tés dans les audi­tions par­lemen­taires en France que les asso­ci­a­tions citoyennes et les ONG, révèle Politi­co.

Le site améri­cain d’in­for­ma­tions poli­tiques s’est plongé dans l’a­gen­da de l’assem­blée nationale depuis mai 2017. Il en a tiré une intéres­sante typolo­gie des quelque 8 000 participant·e·s à 5 300 audi­tions ou débats. Ces con­sul­ta­tions sont cen­sées éclair­er les député·e·s engagé·e·s dans l’ex­a­m­en d’un texte de loi ou dans des enquêtes et mis­sions par­lemen­taires. Mais la liste des per­son­nes invitées révèle un très fort par­ti pris.

On retrou­ve des représentant·e·s de grandes entre­pris­es et/ou de leurs groupe­ments dans 86% des audi­tions compt­abil­isées. Con­tre seule­ment 7% pour les ONG représen­tant les droits des consommateur·rice·s et des citoyen·ne·s, souligne Politi­co. Le top 15 des lob­by­istes les plus fréquem­ment auditionné·e·s est inté­grale­ment trusté par le monde de l’en­tre­prise. Et ce n’est pas le seul déséquili­bre puisque 70% des per­son­nes audi­tion­nées sont des hommes, lesquels représen­tent, au pas­sage, 60% des député·e·s français·es, rap­pelle Politi­co.

Energie, agri­cul­ture et com­merce sont les secteurs les plus représen­tés lors des audi­tions publiques au Palais Bour­bon. Tout en bas de la liste on trou­ve les asso­ci­a­tions envi­ron­nemen­tales (2,1% des audi­tions) et les autres ONG (1,9%). © Politi­co

Les lob­by­istes du secteur de l’én­ergie sont les plus représenté·e·s avec 31 des 200 acteur·ice·s les plus fréquem­ment invité·e·s (15,6%). S’en­suit l’a­gri­cul­ture, avec 26 représentant·e·s (13,1%). Des tro­pismes à met­tre en lien avec les lois adop­tées depuis le début du quin­quen­nat, tou­jours très douces avec l’en­tre­prise et l’in­dus­trie, comme la loi Egal­im (agri­cul­ture et ali­men­ta­tion) de 2018, la loi Cli­mat-Énergie de 2019 ou encore la loi Cli­mat et Résilience actuelle­ment exam­inée par les députés. 

Politi­co pré­cise que son étude ne cou­vre que les audi­tions publiques car les agen­das indi­vidu­els des député·e·s sont rarement publics, bien que 300 député·e·s de la majorité s’y étaient engagés en 2019 (Le Monde).