Les arguments de l’industrie charcutière ne manquent pas de sel

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Soupçon­nés d’être can­cérigènes, les sels nitrités util­isés par l’in­dus­trie char­cu­tière sont au cœur d’une con­tro­verse sci­en­tifique et régle­men­taire. 

Ils sont util­isés pour amélior­er le goût, empêch­er le développe­ment de microbes comme la lis­te­ria ou la sal­mo­nelle et don­nent sa couleur rose au jam­bon : pour les indus­triels, les sels nitrités sont la panacée. Hélas, la char­cu­terie est con­sid­érée comme un can­cérogène par l’Or­gan­i­sa­tion mon­di­ale de la San­té. Et les sels nitrités sont les prin­ci­paux sus­pects. 

C’est pour cette rai­son qu’après avoir planché pen­dant des mois sur le sujet, des député•e•s recom­man­dent, dans un rap­port ren­du ce mer­cre­di, d’in­ter­dire les « addi­tifs nitrés pour les pro­duits de salai­son » d’ici à 2023 ain­si que pour les pro­duits traités ther­mique­ment (andouilles, boudins…) d’ici à 2025, indique Libéra­tion

Certain•e•s consommateur•rice•s l’ont oublié, mais ce sont les nitrites qui don­nent sa couleur rose au jam­bon qui, naturelle­ment, est gris. © DR

De leur côté, les indus­triels arguent que la preuve du car­ac­tère can­cérogène des sels nitrités n’a pas été apportée, préférant se baser sur une étude de l’A­cadémie d’A­gri­cul­ture de France pub­liée en novem­bre 2020. Celle-ci insiste sur le fait que le sujet n’est pas tranché et, dans le doute, recom­mande de con­tin­uer à les utilis­er « afin d’éviter tout risque de réap­pari­tion d’intoxication mortelle par la tox­ine bot­ulique »Comme le rap­pelle l’UFC-Que Choisir, cette « vénérable insti­tu­tion, majori­taire­ment com­posée de pro­fes­sion­nels du secteur » va « immuable­ment dans le sens des acteurs indus­triels » dans les avis qu’elle rend. 

La rai­son de cette immo­bil­ité des indus­triels pour­rait être moins louable : « Pourquoi les indus­triels veu­lent-ils con­tin­uer d’utiliser les sels nitrités ? Ça leur per­met de con­tin­uer de faire du cochon mal élevé, pas for­cé­ment pro­pre », juge Richard Ramos, député (Modem) du Loiret inter­rogé par Libéra­tion. 

Atten­due en avril, une étude de l’A­gence nationale de sécu­rité san­i­taire, de l’alimentation, de l’environnement et du tra­vail (Ans­es) sur les risques « asso­ciés à la con­som­ma­tion de nitrites et de nitrates » per­me­t­tra peut-être de clore le débat.