Le poids des lobbies dans le détricotage de la future loi climat

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L’Observatoire des multinationales révèle certaines manœuvres employées par les lobbies industriels pour amoindrir les propositions de la Convention citoyenne pour le climat (CCC). 

Mercredi, le projet de loi « climat et résilience » sera présenté en conseil des ministres. Ce texte est censé reprendre les propositions faites en juin 2020 par les 150 « citoyens » pour réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990. 

Hélas, ces derniers mois, le gouvernement n’a eu de cesse d’annoncer allègements, reports, ou annulations des mesures les plus importantes avancées par la CCC. L’ingénieur et député (ex-LREM) Matthieu Orphelin a calculé que dans sa version actuelle, la loi climat ne permettrait de réduire les émissions que de 13 millions de tonnes de CO2 par an, en moyenne jusqu’à 2030. « Soit 12% du chemin à parcourir entre 2019 et 2030 et non 50 à 66% comme annoncé », indique l’élu.

Le décalage entre les propositions de la Convention citoyenne pour le climat et le contenu du projet de loi © Observatoire des multinationales

Dans un rapport publié ce lundi, l’« Observatoire » de Bastamag dévoile certaines astuces de l’industrie pour torpiller des propositions jugées dérangeantes. Les grandes entreprises ont pu compter sur les associations professionnelles comme la PFA (Plateforme française de l’automobile) ou l’ANIA (Association nationale des industries alimentaires). En octobre, cette dernière a écrit une lettre à plusieurs ministres pour protester contre l’interdiction des publicités pour les aliments les plus néfastes. Avec un certain succès : la proposition est absente du projet de loi. 

Des communicants ont semé des mots dans le débat, repris par certains ministres comme « aviation-bashing » : terme employé par Jean-Baptiste Djebbari, ministre des transports, pour s’opposer à la réduction du trafic aérien. Des « think tanks » ont aussi été mobilisés, comme l’Institut Montaigne qui a publié un sondage censé montrer que les Français•ses jugent la Convention « inutile ». Ou « noyautée par des militants », des mots de Brice Couturier, de la Fondapol. 

La bataille va désormais se jouer à l’Assemblée nationale. « Tous les cabinets de Paris travaillent sur la CCC », déclarait récemment à Contexte un lobbyiste. Par exemple, le cabinet Boury Tallon qui compte BASF et Air France parmi ses clients a tenu à rencontrer Matthieu Orphelin. Plus d’informations dans Bastamag

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