Le grand baobab de Madagascar prend l’eau

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Bas aux baob­a­bs. Emblé­ma­tique de Mada­gas­car, seul endroit où on le trou­ve sur Terre, le baobab « de Gran­di­di­er » — le plus haut de tous — est men­acé de dis­pari­tion.

Tout est majestueux chez le Gran­di­di­er : sa taille, de 25 à 30 mètres, son large tronc, jusqu’à 8 mètres de diamètre, et sa longévité, pou­vant aller jusqu’à 2 000 ans. Longtemps épargné de la déforesta­tion par respect pour sa puis­sance sym­bol­ique, le baobab de Gran­di­di­er est en dan­ger.

Avec le dérè­gle­ment cli­ma­tique et l’artificialisation des sols, les riv­ières restent en eau toute l’année. Un phénomène qui fait pour­rir les jeunes baob­a­bs qui gran­dis­sent les pieds dans l’eau, selon Sébastien Gar­naud, prési­dent de l’Institut pour l’étude et la con­ser­va­tion du baobab (INECOBA). Pire encore, leur lente crois­sance ne per­met pas à l’espèce de se régénér­er et celle-ci se raré­fie. Le Gran­di­di­er compt­abilise encore entre 100 000 et 200 000 représen­tants, ce qui reste peu par rap­port à la taille de l’île.

Dans la région de Menabe, à l’ouest de Mada­gas­car, la célèbre « allée des baob­a­bs » est une attrac­tion touris­tique impor­tante. © Georges Lis­sil­lour

Or, le baobab est un arbre essen­tiel à Mada­gas­car. Ses fruits, son écorce et ses feuilles sont notam­ment exploités pour soign­er des mal­adies et s’alimenter. De nom­breuses espèces, comme les chauves-souris ou les lémuriens, sont qua­si­ment inféodées à ces arbres dans lesquels elles vien­nent se nour­rir et se nich­er.

La perte de ce baobab ne serait pas qu’un dom­mage écologique. Cet arbre géant revêt une impor­tance sociale et cul­turelle toute par­ti­c­ulière. Sou­vent surnom­mé « l’arbre à pal­abres », le baobab est un lieu de réu­nion cen­tral dans les vil­lages. Sa dis­pari­tion, à terme, serait « pure­ment dra­ma­tique », indique à Vert Sébastien Gar­naud.

Six des neuf espèces de baob­a­bs, dont le Gran­di­di­er, sont endémiques de l’île. C’est-à-dire qu’on ne les trou­ve qu’à Mada­gas­car. Trois d’entre elles sont classées « en dan­ger » sur la liste rouge de l’Union inter­na­tionale de con­ser­va­tion de la nature (UICN). Pub­lié le 1er sep­tem­bre par le Botan­ic Gar­dens Con­ser­va­tion Inter­na­tion­al (BGCI), un rap­port révèle que 30% des espèces d’arbres sont men­acées à l’échelle mon­di­ale. Mais c’est l’île mal­gache qui détient le triste record, avec 59% d’espèces en dan­ger.

A l’oc­ca­sion de notre semaine du vivant, retrou­vez chaque jour le por­trait d’une espèce men­acée, qui racon­te cer­tains des boule­verse­ments en cours.