Un aigle à 180°. Aux Etats-Unis, les populations de l’emblématique pygargue à tête blanche, un temps proche de l’extinction, ont été multipliées par quatre au cours de la dernière décennie.
Mascotte des Etats-Unis, l’american bald eagle a failli y disparaître du paysage. Il y a un siècle, raconte le New York Times, les pygargues à tête blanche étaient considérés comme une menace, en Alaska. Leur tête a été mise à prix – 50 cents l’oiseau – causant la mort de quelque 120 000 d’entre eux. A la moitié du XXème siècle, ils ont presque été achevés par l’usage massif du DDT. En s’accumulant dans l’organisme des pygargues, ce puissant insecticide avait pour effet de ramollir la coquille de leurs œufs, décimant la quasi-totalité des populations. Le plus bas historique a été atteint en 1963 : il ne restait alors que 417 couples (Service de le pêche et de la vie sauvage des Etats-Unis).

L’interdiction du DDT en 1972, ainsi que la mise en place de politiques de conservation ont porté leurs fruits en quelques décennies. En 2007, le pygargue a été retiré de la liste des espèces menacées. En 2009, on comptait 72 000 individus à travers le pays. Un chiffre qui a bondi en 10 ans : dans un communiqué, le service gouvernemental de la pêche et de la faune sauvage, les populations atteignent désormais 316 700 individus, dont plus de 71 000 couples reproducteurs.
La ministre de l’intérieur des Etats-Unis, Deb Haaland, a applaudi une « success story » de la conservation : « le pygargue a toujours été considéré comme une espèce sacrée pour le peuple améridien, a déclaré celle qui est aussi membre de la tribu Laguna Pueblo (Nouveau-Mexique). Il est également sacré pour notre nation ».
Cette explosion génère de nouveaux comportements : certains de ces grands prédateurs s’établissent désormais comme oiseaux de jardins dans des zones résidentielles du pays.
Contrairement à son nom en anglais (bald eagle), le pygargue n’est pas un aigle. Il en diffère par son apparence (bec massif, pattes dépourvues de plumes) et son habitat – lacs, rivières et zones côtières, loin des massifs forestiers et des montagnes prisées par les aigles.