C’est vache. Dans le roman graphique Jungle beef, l’ethnobotaniste Olivier Behra relate l’ampleur de la déforestation due à l’élevage, arrosé par l’argent de la drogue, qui ravage l’une des plus grandes réserves naturelles de biodiversité au monde : le Rio Platano au Honduras.
En 2016, Olivier Behra réalise un reportage sur la mystérieuse « Cité blanche » d’une civilisation amérindienne disparue. Alors qu’il remonte le fleuve Platano, guidé par un passionné de plantes, Jorge, celui-ci lui révèle les destructions opérées par les narcotrafiquants dans la forêt tropicale. Entre deux incursions dans la jungle humide et la contemplation des quetzals, jacamars et autres perroquets multicolores, le narrateur avance dans la découverte d’une machinerie désolante qui menace la biosphère.
Croqué par Cyrille Meyer, ce récit s’applique aussi à lier trafic et consommation en déniaisant nos assiettes européennes : « Partout où la mafia est là, on rase, on scalpe, on balafre des forêts entières. Et puis ils rackettent, massacrant des paysans, des villages et des tribus ! […] Puis ils font des steaks hachés ou produisent du soja pour l’Europe, pour inonder les fast-foods de burgers de merde, de plats déshydratés, de hachés congelés pas chers, de raviolis, de bouillon cube, de nourriture pour animaux. » Un constat saignant.
Olivier Behra, Cyrille Meyer, Jungle beef, Quand les narcos attaquent la forêt vierge, Steinkis, Les escales, octobre 2021, 144p., 20€