On se raconte des salades. Dans Celle qui nous colle aux bottes, attendrissant dialogue intergénérationnel entre une fille et son père, Marine de Francqueville abat les haies qui séparent citadins partisans du tout-bio et agriculteurs conventionnels rétifs à tout changement.
C’est une histoire touchante que met en scène la première bande-dessinée de cette jeune illustratrice et réalisatrice de courts-métrages. Lors de son mémoire de fin d’études, Marine de Francqueville choisit de s’intéresser à « l’agriculture ». Thème qui la conduit tout droit chez ses parents à Trigny, dans la Marne, où son père a repris la ferme familiale dans les années 1980. Avec ses tracteurs, ses engrais et son roundup – le tristement célèbre herbicide à base de glyphosate de Monsanto — il y cultive des tonnes de céréales. « Grâce au productivisme on peut nourrir le monde », se ravit-il. « Et l’environnement ? Et la santé des gens ? Et la vie ? » rétorquent sa fille et le lecteur.
Un débat entre deux époques superbement illustré, où la volonté honnête de comprendre le point de vue de l’autre fait de cette bédé un objet rare. On appréciera particulièrement l’humour de l’autrice, la recherche de subtilités et l’amour qui se dégage du dialogue de papa et « minouche ». Une bande-dessinée en noir et blanc, qui réussit à mettre des couleurs dans la relation, écorchée, entre paysans et citadins. Parce que rien n’est jamais si simple que nos idées reçues et qu’il existe « cinquante nuances d’engrais ».
Celle qui nous colle aux bottes, Marine de Francqueville, Editions Rue de l’échiquier, 2021, 208p, 21,90€. A paraître le 22 avril. Les premières pages sont feuilletables ici.