Laisse béton ! En banlieue parisienne, un projet de complexe aquatique menace 4 000 m2 de jardins ouvriers chers aux habitant·e·s mais le tribunal administratif vient de suspendre le permis de construire provoquant le retard, et peut-être l’abandon, du chantier.
A Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), les jardins ouvriers des Vertus sont un havre de verdure de 2,5 hectares à une paire de kilomètres du périphérique. Depuis plusieurs mois, ils sont aussi devenus un lieu de lutte contre un projet d’artificialisation controversé : un complexe aquatique censé rogner 4 000 m2 de parcelles.
A partir de mars 2024, celui-ci servira de piscine d’entraînement pour les Jeux Olympiques avant d’être ouvert au public. Mais son gigantisme interpelle : trois bassins, un solarium, deux saunas, un hammam, une salle de musculation, un restaurant, une « laguna » de jeux extérieurs, 900 places de gradins. Certes, la ville et ses 90 000 habitant·e·s manquent d’une piscine. Mais ses nombreuses options seront-elles acessibles aux riverains, dont 45 % vivent sous le seuil de pauvreté ? Et une telle bétonisation est-elle bien raisonnable alors que l’artificialisation des sols décime le vivant (Vert) ?

Dans leur lutte, les opposant·e·s ont reçu le soutien inattendu du tribunal administratif de Paris qui a ordonné, ce lundi, la suspension du permis de construire de la piscine. Ses arguments n’ont rien à voir avec ceux avancés par les opposant·e·s, puisqu’il pointe surtout des irrégularités en matière de droit de l’urbanisme. Mais la suspension du chantier pourrait durer plusieurs mois, au point de faire capoter l’intégralité du projet. En effet, le calendrier des travaux est serré et ceux-ci sont censés commencer en octobre pour être terminés à temps. Sur place, les opposant·e·s se réjouissent, avec prudence, de cette victoire potentielle comme le raconte Mediapart.