La quotidienne

Winter is (enfin ?) coming

Chères toutes et chers tous,

Vous avez loupé le coche pendant la première quinzaine de janvier ? Il n’est pas trop tard pour se lancer dans le « Sober january » (« janvier sobre »), un challenge lancé par le réseau Makesense et le jeu Ma petite planète avec Vert pour apprendre à faire preuve de sobriété au quotidien. Plus d’informations sur ce « calendrier de l’après » sur notre article ou sur le site du défi. Alors, on s’y met ?


La réalité météorologique redépasse enfin la science-fiction, mais certains continuent d’écrire leur dystopie avec du charbon.


À Lützerath, en Allemagne, la mobilisation contre une mine de charbon grandit

Des terres minées. Samedi, des milliers de manifestant·es se sont mobilisé·es à Lützerath, dans l’ouest de l’Allemagne, contre le projet d’extension d’une mine de charbon à ciel ouvert qui menace de détruire ce petit village.

Ce weekend, des milliers de manifestant·es en provenance de plusieurs pays ont convergé vers ce village situé près de Cologne pour s’opposer à l’opération d’évacuation de la Zone à défendre (Zad) de Lützerath entamée quelques jours plus tôt par la police allemande. Celle-ci a décompté 15 000 participant·es, contre 35 000 pour les organisateur·rices de la mobilisation de samedi.

La mobilisation de samedi fut l’occasion de nombreux affrontements entre les activistes et les forces de l’ordre. Une vingtaine de militant·es auraient été hospitalisé·es et environ 70 policiers seraient blessés, rapporte l’AFP. D’après la police, seul·es quelques activistes occupaient encore la zone dimanche soir.

© Huffington post

À l’instar de la Française Camille Etienne ou l’Allemande Luisa Neubauer, la militante écologiste Greta Thunberg était présente à Lützerath pour l’occasion. « Berlin doit rendre des comptes. La science est claire : nous devons garder le carbone dans le sol. L’Allemagne se ridiculise », a fustigé l’activiste, vendredi. Devant le cratère laissé par l’immense mine, elle a déclaré : « Ça ressemble au Mordor, pour de vrai. Cela montre de quoi les humains sont capables dans les mauvaises circonstances », a-t-elle ajouté, en référence au brûlant royaume de Sauron, l’antagoniste du Seigneur des anneaux de J.R.R Tolkien.

Depuis deux ans, des activistes occupent le hameau de Lützerath pour lutter contre l’extension de la mine de Garzweiler II, un site d’extraction de lignite (charbon) à ciel ouvert qui appartient à l’énergéticien allemand RWE. En octobre dernier, le gouvernement a conclu un accord avec l’entreprise, lui permettant d’étendre son exploitation en échange d’une fermeture de ses centrales à charbon ramenée à 2030 et non en 2038, comme le prévoient les objectifs nationaux.

· Ce weekend, le groupe Sud-Ouest, qui détient le journal du même nom, a publié un manifeste baptisé « Déclic » pour s’engager « face aux enjeux climatiques et environnementaux ». Rubrique dédiée à l’urgence en accès libre, comité scientifique interne, bilan carbone et plan de sobriété : le groupe a dévoilé sa stratégie en une quinzaine de points. - Sud-Ouest

· En fin de semaine dernière, six départements du Grand Est ont été placés en alerte rouge au pollen, a annoncé le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). En cause : la floraison précoce des arbres due aux températures particulièrement élevées de ce mois de janvier par rapport aux normales de saison. Le risque d’allergie devrait diminuer en ce début de semaine avec la chute des températures, et le retour de la pluie et de la neige. Ce lundi, la quasi-totalité du pays est placée en vigilance jaune ou orange « vent » par Météo-France avant le passage de la tempête Gérard. - Libération (AFP)

· La banque suisse HSBC aurait accordé un prêt « secret » de 340 millions de dollars (314M€) au géant allemand de l’énergie RWE pour lui permettre d’agrandir sa mine de charbon à ciel ouvert de Garzweiler, qui doit engloutir le village de Lützerath, près de Cologne (Allemagne). Il y a trois mois, la banque s’engageait à cesser de financer de nouveaux projets liés au charbon, énergie fossile la plus émettrice de gaz à effet de serre. - The bureau of investigative journalism (anglais)

· Les scientifiques du pétrolier ExxonMobil avaient réalisé des prédictions sur l’évolution du climat d’une précision effarante dès la fin des années 1970, a révélé une étude parue dans la revue Science, jeudi dernier. Malgré un niveau de connaissance comparable aux scientifiques indépendants et gouvernementaux, la firme a choisi de taire ses découvertes et a longtemps nié l’impact des énergies fossiles sur l’emballement du climat. - France info (AFP)

58 000 piscines olympiques

Tout fout l’volcan. L’éruption, il y a un an, du colossal volcan Hunga Tonga–Hunga Ha’apai dans l’archipel des Tonga, pourrait nous faire dépasser temporairement 1,5°C de réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle. Une nouvelle d’autant plus étonnant que d’ordinaire, les éruptions volcaniques ont plutôt tendance à refroidir la température mondiale, car elles larguent dans la stratosphère (à plus de dix kilomètres d’altitude) des aérosols - des particules en suspension - qui renvoient certains rayonnements du soleil vers l’espace. Le volcan tongien a propulsé à des dizaines de kilomètres d’altitude des quantités phénoménales de vapeur d’eau (146 millions de tonnes d’eau, soit quelque 58 000 piscines olympiques), un puissant gaz à effet de serre, révèle une nouvelle étude parue dans Nature climate change. Le risque de dépasser 1,5°C, soit l’objectif de l’Accord de Paris, pendant au moins une année d’ici à 2026 était de 50% ; la probabilité dépasserait désormais une chance sur deux avec 57%. Les températures pourraient rester artificiellement plus élevées à cause du volcan pendant cinq à dix ans, comme l’a raconté l’un des auteurs à Carbon brief (anglais).

« À La Croix, nous sommes convaincus que l’écologie ne peut pas être un lieu de désespérance »

La Croix et la manière. Page « Économie » transformée en « Éco et transition », dossier hebdomadaire consacré à la crise climatique et aux solutions : le journal La Croix opère une importante mue verte. Son rédacteur en chef, Jérôme Chapuis, raconte à Vert l’origine de ces changements et la vision du quotidien chrétien.


En ce début d’année 2023, vous annoncez des choix éditoriaux forts en faveur de l’écologie. Quelle est l’origine de cette mue ?

Nous avons fait le choix de sortir de l’alerte et du plaidoyer pour entrer dans l’ère de l’urgence et des solutions. « Notre maison brûle » [célèbre discours de l’ancien président de la République Jacques Chirac], c’était en 2003. Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus seulement de prendre conscience des enjeux environnementaux, mais d’être dans l’action. En France, il y a un relatif consensus sur le constat, pas sur les solutions. 
 

Pourquoi avoir choisi de placer l’environnement dans les pages Economie plutôt que d’en faire une thématique transversale ?

Quand vous lisez les rapports scientifiques, vous vous apercevez que la sphère économique a une empreinte déterminante, par rapport aux petits gestes qui ont un impact plus faible. Au fond, la sphère économique, c'est le grand pivot. C’est ce qui nous a conduit à concentrer nos forces sur le service Économie.

Jérôme Chapuis, rédacteur en chef de La Croix © Pénélope Dickinson/Vert

Qu’est-ce qui change avec cette nouvelle rubrique « Éco et transition » ?

Notre parti pris est de traiter d’économie par le prisme de la transition. Nous jouons sur des ambiguïtés avec le préfixe « Éco » qui se réfère à la fois à l’économie et à l’écologie. « Éco », c’est la « maison commune ». D’ailleurs, la grande intuition du Laudato Si [la lettre encyclique du pape François sur la sauvegarde de la maison commune, qui date de 2015], est de dire que tout est lié. Il n’y a pas de transition écologique sans justice sociale.

Aujourd’hui, aucune entreprise ne peut chercher à avoir de bons résultats sans se soucier de son impact sur l’environnement. Nous allons continuer à regarder si des grandes entreprises sont en difficulté, en croissance, mais la question des résultats financiers sera secondaire. Ce qui nous intéresse à présent, c'est comment ces entreprises se transforment et comment les organisations s’adaptent au dérèglement climatique.

Retrouvez la suite et fin de cet entretien, où il est question de journalisme de solutions, sur vert.eco

Pourquoi les prix de l’électricité s’envolent-ils ?

Volt face. Le prix du courant bondit et nos factures aussi. À quoi est due cette envolée ? Est-elle partie pour durer ? Le Monde fait le tour de la question dans cette excellente vidéo.

© Le Monde

+ Pénélope Dickinson, Loup Espargilière et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.