Un numéro où l'on verra qu'en cette fin d'époque, la vieille industrie se pare d'habits neufs pour nous offrir ce qu'elle sait faire de plus sale.
De nouvelles températures record en France
L'hiver caliente se poursuit. 27,8°C à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), 27°C à Seillans (Var), 26,6°C à Biarritz... Lundi 3 février, de nouveaux records de température ont été battus en France à l'occasion du « pic de douceur » qui réchauffe actuellement l'Europe.
Certaines températures minimales relevées par Météo France ont également atteint des sommets pour un mois de février : 18°C au cœur de la nuit du 2 au 3 février à Calvi (Haute-Corse) ou 14,7°C à Clermont-Ferrand.
Cette vague de chaleur est due à un phénomène météorologique classique – un anticyclone charriant de l'air chaud depuis les Açores, mais celui-ci est amplifié par le réchauffement climatique. Les températures relevées entre décembre et janvier, supérieures de 2,3°C à la normale, en font le deuxième début d'hiver le plus chaud depuis 1900.
« À terme, des conséquences alarmantes pour la biodiversité sont à craindre » a alerté le ministère de la transition écologique sur Twitter. Les écosystèmes à travers le pays risquent de connaître de fortes perturbations. En Savoie, par exemple, on redoute une pullulation d’insectes (punaises, larves de mouches, pucerons), dont les populations sont normalement régulées par le froid.
A Saint-Etienne, où il a fait 18,9°C dimanche, on constate le bourgeonnement avant l'heure des plantes. « Le problème c'est qu'il a fait trop doux tout l'hiver, les plantes ne se sont pas reposées », dit un jardinier à France Bleu. Si le gel revenait, les bourgeons ne survivraient pas et ne donneraient pas de fruits.
Les températures devraient nettement baisser dès ce mardi. A lire dans le Monde.
Son projet de mine validé, Adani a arrosé le gouvernement australien
Un renvoi de wagonnet ? Après avoir obtenu l'accord du gouvernement pour lancer son projet de mégamine dans l'Etat australien du Queensland, le géant indien Adani a donné plus de 150 000€ aux deux partis au pouvoir.
Au printemps 2019, dans les semaines qui ont suivi la validation du projet, la multinationale a donné respectivement 100 000 dollars australiens (67 500€) au parti Libéral et au parti National, qui composent la coalition au pouvoir en Australie. C'est ce qu'a révélé la commission électorale australienne, lundi 3 février, comme le raconte le Sydney Morning Herald.
Le 5 avril 2019, le parti libéral avait déjà reçu 12 500€ (7 600€) quatre jours avant que la ministre de l'environnement d'alors ne signe le plan de gestion des eaux souterraines. Celui-ci a permis le lancement du chantier de la colossale mine Carmichael, projet extrêmement controversé. A lire dans le Sydney Morning Herald (en anglais).
Siemens se cache derrière les Aborigènes
Le géant allemand Siemens doit réaliser la signalétique du chantier de la future mine Carmichael et sa participation est de plus en plus décriée. Pour se dédouaner, la multinationale a déclaré bénéficier du soutien des populations indigènes. Une délégation de riverains de la future mine du Queensland est actuellement en Allemagne pour expliquer que non, les Aborigènes ne cautionnent pas ce projet.
Des représentants du Conseil de famille Wangan et Jagalingou vont tenter de rencontrer le directeur général de Siemens, Joe Kaeser, qui a affirmé que ceux-ci « avaient approuvé » le projet, ce que nie farouchement le conseil aborigène. Le DG de Siemens a affirmé que ce soutien était d'ailleurs « très important » pour la firme. Mercredi 5 février, la délégation devrait également assister à l'assemblée générale des actionnaires pour dénoncer le projet.
Lundi 3 février, 19 organisations de médecins issues d'Australie, du Royaume-Uni ou encore, d'Inde, ont publié une lettre ouverte à Siemens pour lui demander de « mettre un terme à sa collaboration avec Adani et sa mine qui ruine le climat ». A lire dans le Guardian (en anglais).
Le Japon lance la construction de 22 nouvelles centrales à charbon
Et pendant ce temps-là, l'air de ne pas y toucher, le Japon prévoit la construction de 22 nouvelles centrales au charbon au cours des cinq prochaines années.
C'est l'une des conséquences indirectes de la destruction de la centrale de Fukushima, en 2011. Ayant fortement réduit l'apport du nucléaire dans la production d'électricité du pays, le Japon a dû trouver des alternatives. Mais l'archipel a choisi la plus sale d'entre toutes : le charbon, responsable d'environ un tiers des émissions mondiales de gaz à effets de serre liées à l'énergie.
L'ironie est grande, de la part du pays qui a promis de faire de ses Jeux olympiques de l'été 2020 les plus verts jamais organisés. En réalité, le Japon fait figure d'« anomalie » parmi les pays occidentaux, comme le dit un chercheur de l'Université de Tokyo, interrogé par le New York Times. 80% de l'électricité y est produite à base de charbon, pétrole et gaz. Après la Chine, le pays est par ailleurs le deuxième plus gros sponsor de projets de mines et usines de charbon à travers la planète. A lire dans le New York Times (en anglais).
Les ventes de voitures neuves plongent en France
Au cours du premier mois de l'année 2020, les ventes de voitures neuves ont plongé de 13,44% par rapport à janvier 2019, selon les chiffres du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA), publiés le 1er février.
Depuis le 1er janvier 2020, une nouvelle norme européenne interdit aux constructeurs de dépasser les 95 grammes d'émissions de CO2 par kilomètre, en moyenne, sur l'ensemble de la gamme des véhicules qu'ils vendent. Autrement, ils s'exposent à des amendes.
En décembre, en revanche, les ventes avaient explosé (27,7%). Les constructeurs avaient bradé leurs véhicules les plus polluants pour écouler leurs stocks.
Par ailleurs, le montant maximum du malus écologique s'élève à 20 000€ depuis le 1er janvier. Résultat, les émissions moyennes des véhicules vendus en janvier 2020 ont chuté de près de 17 grammes de CO2 par kilomètre. A lire sur le site de France Info.
Un Hummer électrique : l'oxymore ultime de l'industrie automobile
Ceci n'est pas une plaisanterie. Dimanche 2 février, lors de la coupure pub de la mi-temps du Superbowl, le constructeur automobile GMC a dévoilé les contours du premier Hummer électrique.
Bien conscient de l'oxymore qu'un tel véhicule constitue, le spot nous promet d'ailleurs une « révolution silencieuse ». Pour la première fois, de nombreuses publicités pour des véhicules électriques ont émaillé ce grand moment de la réclame américaine qu'est le Superbowl. Les constructeurs ont rivalisé de slogans absurdes comme Audi qui, avec son e-Tron (ça ne s'invente pas), propose de « conduire vers un futur plus soutenable ».
Plus de 3 tonnes, 1000 chevaux... Le Hummer électrique : voici le véhicule aberrant qu'il fallait inventer, nouveau champion d'une industrie qui ne sait plus comment faire croire aux consommateurs que leurs actions sont sans conséquences. Aux Etats-Unis, pour l'anecdote, l'électricité (y compris celle qui emplira les batteries des nouvelles muscle cars) est toujours issue à plus de 60% du gaz naturel et du charbon, selon l'agence américaine de l'énergie. A lire sur le site de Grist.
En Inde, des ponts vivants entre les arbres
Et si, plutôt que de poursuivre cette interminable fuite en avant technologique, on calmait franchement le jeu ? Dans l'Etat indien du Meghalaya, des architectes construisent et entretiennent de véritables ponts vivants entre les arbres. Utilisant les racines des ficus elastica (arbres à caoutchouc), Morningstar, 23 ans, participe à l'élaboration de ces édifices faits d'enchevêtrements complexes et subtiles. Le temps que poussent les racines, chaque pont met au moins vingt ans à être façonné. Un reportage réalisé par France 2.
