Producteurs de laid


Pour nous abreuver de leur jus immaculé, les géants du lait souillent la nature en toute impunité.  

Comment Lactalis pollue des dizaines de cours d’eau

On va en faire tout un fromage. Lactalis, le géant français du lait, est accusé d'avoir laissé se déverser des rejets toxiques dans des dizaines de cours d'eau français.

En bon magnat des produits laitiers, Lactalis possède des dizaines de sites de production de fromage à travers la France. Or, comme le révèle une enquête du média d'investigation Disclose, des violations du code de l'environnement ont été constatées dans 38 d'entre eux depuis 2010. 

Dans l'Isère, où est fabriqué le Saint-Marcellin « Etoile du Vercors », ou dans le Cantal, lieu de production du bleu d'Auvergne ou du Saint-Nectaire, des rejets de produits toxiques sont soupçonnés d'avoir occasionné la pollution de milieux naturels et la mort de milliers de poissons. 

La rivière de la Seiche en 2017, victime d'une pollution de l'usine Lactalis de Retiers, en Ille-et-Vilaine. © Eau et rivières de Bretagne

Toutes ces usines ont en commun d'être des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) en raison de leur dangerosité potentielle pour la nature. A ce titre, elles sont chargées de s'« autosurveiller ». Ainsi elles analysent elles-mêmes les effluents qu'elles rejettent. Hélas, d'après Disclose, certaines des ICPE de Lactalis s'appliquent à ne pas mesurer tous les polluants qu'elles relâchent (détergents, produits désinfectants, métaux, etc.) voire, rendent des rapports falsifiés aux autorités. 

De quoi gagner du temps et de l'argent en n'effectuant pas les transformations nécessaires. En outre, faute de personnel, la plupart des rapports d’autosurveillance ne sont jamais vérifiés par les agent•e•s des différentes directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), a constaté Disclose. Et, en l'absence de réelle volonté politique, les pollueurs sont rarement ciblés par les préfectures. A lire dans Disclose

• La réforme de la Politique agricole commune, ce colossal programme européen de subventions, est l'objet d'âpres discussions tout au long de la semaine. Réunis à Luxembourg lundi et mardi, les ministres de l'agriculture des 27 Etats-membres tentent de s'accorder sur trois points cruciaux, parmi lesquels la mise en place d'écorégimes : un système qui pourrait rémunérer les producteurs en fonction de leurs services rendus à l'environnement. Le texte sera étudié par le Parlement européen à partir de demain. Les enjeux, présentés par Libération.

• Lundi, la Chine a incendié la politique climatique des Etats-Unis, présentés comme un « briseur de consensus et un fauteur de trouble »Dans un long communiqué du ministère des affaires étrangères chinois, Pékin accuse Donald Trump, qui a promis de retirer son pays de l'Accord de Paris au lendemain de la présidentielle, d'avoir « sérieusement miné l'équité, l'efficacité et l'effectivité d'une gouvernance mondiale de l'environnement ». Premier émetteur mondial de CO2, la Chine a récemment promis d'atteindre la neutralité carbone en 2060 - Washington Post (en anglais)

Biberonnés au plastique 

C’est lait. Les bébés abreuvés de lait infantile dans des biberons en plastique absorbent, chaque jour, des millions de particules de micro-plastiques

Pour s'en convaincre, des scientifiques ont passé en revue les modèles les plus répandus de biberons faits de polypropylène (PP) à l'échelle mondiale. Elles et ils ont également étudié les habitudes des parents (nombre de repas, utilisation de chauffe-biberon, etc.) à travers 48 régions de la planète. Les chercheur•euse•s ont suivi les conseils d'utilisation, comprenant notamment la stérilisation des biberons à haute température et le mélange du lait en poudre.

Ainsi, dévoile leur étude publiée lundi dans Nature food, les bébés nourris aux biberons en PP seraient exposés à 1,6 million de particules de micro-plastiques par jour au cours de leur première année. Un chiffre qui atteint les 2 millions aux Etats-Unis ou en Europe. Chaque litre de lait préparé dans ces conditions contiendrait également des milliers de millions de nano-particules (d'un diamètre inférieur à 100 nanomètres). 

Ces chiffres dépassent largement toutes les précédentes estimations. Si la plupart de ces éléments sont rejetés par l'organisme, l'impact sur la santé d'une telle profusion de plastique est encore largement inconnu, comme l'a expliqué John Boland, un des auteurs, au Guardian.

Pour réduire cette pollution, les scientifiques suggèrent de passer au biberon en verre, ou d'utiliser de l'eau bouillie dans un récipient sans plastique, puis refroidie, pour rincer le biberon trois fois après sa stérilisation. Plus d'informations dans le Guardian (en anglais). 

Un simulateur de réchauffement climatique pour la prairie du futur

Le champ du cygne ? Des scientifiques ont développé un simulateur de réchauffement climatique pour trouver les plantes fourragères qui s'y adapteront le mieux

Des prés brûlés, munis de miroirs et d'appareils technologiques en tous genres, des serres sur rail et des drones photographes ; voici le Siclex, le simulateur installé dans la Vienne par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) à Lusignan. 

Le Siclex, en 2019 © Inrae

Des agronomes s'y affairent pour tenter d'entrevoir la prairie du futur, celle qui nourrira le bétail lorsque le climat se sera encore plus détraqué, raconte le Monde. Se basant sur les scénarios de réchauffement élaborés par le Giec, elles et ils s'appliquent à faire varier les conditions de température ou d'humidité de leurs champs-test où tentent de pousser plusieurs variétés de plantes fourragères. 

Objectif : tester les associations de plantes qui se tiendront frais et qui supporteront le stress hydrique. Un problème qui se pose déjà aujourd'hui, alors que les fortes chaleurs font chuter la production de fourrage en été. L'utilisation de prairies bien conçues permettrait de limiter les importations de nourriture pour le bétail. Un mélange de variétés respectant certains équilibres serait bien plus efficace que les grandes monocultures à destination du bétail basées sur l'irrigation, comme le maïs. 

Mais enfin, le plus simple serait encore de réduire la consommation de viande, fortement émettrice de CO2 et contributrice de premier plan au réchauffement climatique (Vert). A lire dans le Monde (abonnés). 

Les images satellites des crues hors normes dans les Alpes-Maritimes

Des images satellites analysées par le Monde révèlent l'ampleur des destructions causées par le passage de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes, début octobre. Des précipitations hors du commun avaient fait naître des inondations et des coulées de boue qui ont provoqué destructions et morts. 

Les crues se sont étendues à des lieux qui n'étaient pas considérés comme des zones à risque par les services de l'Etat, interrogeant sur l'efficacité de la prévention. Les événements extrêmes de ce type sont voués à se multiplier sous l'effet du dérèglement climatique. 

© Le Monde