La quotidienne

On n’est pas tout sol

Chères toutes et chers tous,

🤔 À dix jours de son ouverture à Dubaï, quelles sont les questions qui vous taraudent à propos de la COP28 sur le climat ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous vous proposerons de choisir entre deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue.


Pour une agriculture enfin sereine, apprenons d’abord à préserver les graines.


COP28 : les trois dossiers chauds pour l’avenir de la planète

La 28ème conférence des Nations unies sur le climat (COP28) débute la semaine prochaine à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Malgré les nombreux procès en inutilité, plusieurs dossiers cruciaux sont à l’ordre du jour.
 

On fait le bilan, calmement

Pour commencer, les États devront faire le premier bilan mondial (ou «global stocktake») depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015. «Ce bilan va prendre la forme d’un texte de décision où ils identifieront ce qu’ils doivent améliorer collectivement», a détaillé Marine Pouget, en charge de la gouvernance internationale sur le climat du Réseau action climat. En septembre, l’ONU avait déjà averti que le monde était sur la mauvaise pente (notre article). L’idée est donc de trouver comment améliorer les engagements pour le climat de chaque pays.
 

Viser la thune

La solidarité financière entre le Nord et le Sud sera une fois de plus au cœur des négociations à Dubaï. En 2009, les pays développés s’étaient engagés à transférer 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025 pour aider les pays du Sud à mettre en œuvre des politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Or, il est temps désormais de négocier l’objectif post-2025. D’après Oxfam, les besoins des pays du Sud pourraient atteindre le montant colossal de 3 000 milliards de dollars par an dès 2030.

Autre sujet majeur : la création d’un mécanisme de réparation des «pertes et dommages», pour que les pays les plus responsables de la crise indemnisent les pays qui en subissent les pires conséquences. «Il faut désormais le rendre opérationnel et que des engagements financiers soient pris dès cette COP», s’est félicitée Fanny Petitbon, de l’association Care France. 

Vue aérienne de Dubaï. La ville, qui est aussi l’un des sept émirats arabes unis, abrite plus de 3 millions d’habitant·es. © Christoph Schulz / Unsplash

Plus fossile à dire qu’à faire

Bien que les combustibles fossiles soient la principale cause du dérèglement climatique (à 80%), les pays ne sont jamais parvenus à acter collectivement la nécessité d’en sortir. «Paradoxalement», le fait de confier l’organisation de la COP28 à une puissance pétrogazière «a donné un regain de mobilisation assez exceptionnel», selon Arnaud Gilles, du WWF France. «Non seulement, la société civile, mais aussi plusieurs chancelleries ont fait de la sortie des fossiles leur priorité», conclut-il.

👉 Vert se rendra à la COP28 pour couvrir cet événement majeur pour le climat et vous proposer deux semaines d’éditions spéciales faites de reportages, de portraits, de décryptages et d’interviews. Un investissement conséquent, que nous avons estimé indispensable pour que vous sachiez tout des négociations mondiales sur le climat !

· Lundi, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France a recommandé de ne pas consommer les œufs des poulaillers domestiques de plus de 400 communes de l’agglomération parisienne, après la publication d’une nouvelle étude. Menée en février 2023 dans 25 poulaillers domestiques, elle révèle que ces œufs produits à domicile ont été contaminés par des polluants organiques persistants dus à des pollutions environnantes. 

Lundi encore, un nouveau rapport de l’ONU a révélé que si les Etats respectaient leurs engagements pour le climat (ce qui n’est souvent pas le cas), celui-ci se réchaufferait tout de même de 2,5°C à 2,9°C d’ici à la fin du siècle. «Les dirigeants doivent redoubler d’efforts de façon spectaculaire, avec des ambitions records, des actions records, et des réductions d’émissions records, a pressé le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Terminé le greenwashing. Fini de traîner les pieds», à quelques jours de l’ouverture de la COP28 à Dubaï. - Libération (AFP)

· Ce mardi, le média d’investigation breton Splann dévoile une enquête inédite sur la Cooperl, première coopérative porcine de France et l'une des plus grandes d'Europe, basée à Lamballe (Côtes-d'Armor). Réalisé par Ivan Logvenoff et Kristen Falc'hon, ce travail d’investigation disponible en accès libre vient enrichir un dossier consacré au lobby porcin en Bretagne.

Ta mère en slip de Vert ! Nous sommes absolument ravi·es de vous annoncer que l’inénarrable Ophélie Damblé, alias «Ta mère nature», débarque dans l’équipe de Vert ! Celle qui s’est notamment fait connaître pour ses «plantes dont tout le monde s’en tamponne» sur Youtube et Instagram, tiendra une nouvelle chronique en vidéo, courte et punchy, dans laquelle elle mettra en lumière (et en chanson, on l’espère !) des faits étonnants sur l’agriculture et la biodiversité. À retrouver (bientôt) toutes les deux semaines sur le compte Instagram et dans la newsletter de Vert !

Vandana Shiva: «Ni les produits chimiques ni les énergies fossiles ne sont indispensables à l’agriculture»

Militante écologiste indienne et pionnière du mouvement altermondialiste, Vandana Shiva rappelle, dans cet entretien à Vert, l’urgence de repenser nos pratiques agricoles pour préserver la biodiversité et lutter contre le changement climatique. 
 

Comment devient-on, comme vous, une leader avec une telle influence dans le monde ?

Je n’ai pas travaillé en ce sens. J’ai fait mon travail. J’ai honoré mes responsabilités à chaque instant. Je pense que jouer un rôle de leader découle de deux choses. Dire la vérité. Ne jamais plier devant un pouvoir injuste. Et, dans une époque où un pouvoir injuste règne partout dans nos vies, continuer à faire la chose juste vous permet de montrer la voie aux autres.

La militante indienne vient de faire paraître son autobiographie, Vandana Shiva, mémoires terrestres. © Navdanya

Vous avez travaillé toute votre vie à la restauration des sols et à une agriculture respectueuse du vivant. Que pouvons-nous en apprendre pour protéger la biodiversité dès maintenant ?

Mon engagement de 50 ans dans la restauration des sols et le développement d’une agriculture durable m’a permis de constater les dangers de l’agriculture industrielle, principalement alimentée par des énergies fossiles. Cette pratique dégrade la biodiversité en utilisant des intrants chimiques nocifs. Les conséquences néfastes, telles que l’émission de protoxyde d’azote, qui est 300 fois plus nocif que le dioxyde de carbone, et la création de zones mortes du fait des engrais qui se déversent dans les cours d’eau, soulignent l’urgence de repenser notre approche agricole.

D’un autre côté, les exploitations biologiques, en favorisant la biodiversité, démontrent des avantages indéniables. Nos recherches indiquent que l’agriculture basée sur la biodiversité offre une nutrition plus riche, permettant ainsi de nourrir efficacement la population, tout en préservant notre planète. Il est essentiel de remettre en question le mythe selon lequel les produits chimiques et les énergies fossiles sont indispensables à l’agriculture, car cela compromet non seulement la biodiversité mais contribue aussi au changement climatique.
 

👉 La suite de cet entretien où il est question du renouvellement de l’autorisation du glyphosate pour 10 ans, des liens entre féminisme et écologie et de la COP28 à Dubaï est à lire sur vert.eco

5 raisons pour lesquelles les SUV, c’est bon pour la planète

Vous n’allez pas le croire, on s’était trompés ! En fait, les SUV ne posent aucun problème pour le climat, c’est même tout l’inverse ! Nous avons commis l’erreur de nous fier aux scientifiques et aux expert·es du sujet plutôt qu’aux constructeurs automobiles. On vous explique tout dans cette vidéo.

© Compte Instagram de Vert

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Anne-Claire Poirier et Justine Prados ont contribué à ce numéro.