La quotidienne

Mercoplusisur ?

Avec l'Amérique du sud, le président français danse une valse-hésitation, au risque d'aggraver la déforestation. 


Mercosur : quand la France dit « non », c'est peut-être « oui »

Mercopasur ? Alors qu'elle prétend l'inverse, la France serait prête à sauver l'accord de libre-échange controversé entre l'Union Européenne et le marché commun de l'Amérique du Sud.

« Sur le Mercosur, j’ai stoppé net les négociations », expliquait en juin dernier Emmanuel Macron aux 150 citoyens de la Convention sur le climat. Elles semblent - au contraire - aller bon train, d'après un document de travail tout juste transmis au Comité de suivi de la politique commerciale, auquel participent des élus, des syndicats et des ONG. Selon le Monde, qui a eu accès au document, le ministère du commerce extérieur y laisse entendre que Paris accepterait de ratifier l’accord conclu en 2019 par l'UE, sans le renégocier. A condition, toutefois, que des engagements séparés soient pris contre la déforestation et le réchauffement climatique.

© Christian Braga / Greenpeace

Selon la Fondation Nicolas Hulot, les conditions exigées sont « purement déclaratives et non contraignantes » (AFP). D'autre part, elles passent sous silence de nombreux sujets dont les droits humains, l'impact sur les économies locales et la déstabilisation des marchés agricoles, souligne l'économiste Maxime Combes.

L'Accord entre l'UE et le Mercosur prévoit la suppression des droits de douane sur 91 % des biens européens exportés vers le marché sud-américain. Il entraînera également une hausse des importations de produits agricoles. En septembre 2020, un rapport d’experts remis à Jean Castex estimait que l'accord aggraverait la déforestation en Amérique du Sud en raison de l'accroissement de l'élevage bovin destiné à l'exportation vers l'Europe.

Le nombre d'intoxications graves aux pesticides est en forte hausse dans le monde. En 1990, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait estimé leur nombre à un million. Une nouvelle étude du réseau international d'action contre les pesticides (PAN) réévalue ce chiffre à au moins 385 millions par an, provoquant 11 000 décès. Au cours de cette période, la consommation mondiale de pesticides a bondi en moyenne de 81 %, décrypte Reporterre.

Le nombre de procès climatiques a augmenté de 75% en trois ans, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue). Au 1er juillet 2020, 1 550 procès avaient été ouverts dans 38 pays (dont 1 200 aux États-Unis), contre 884 dans 24 pays en 2017. La plupart de ces actions sont dirigées vers les États mais certaines visent également les entreprises. La France accueille deux de ces procès, intentés contre l’État : celui de la commune de Grande-Synthe (Nord) et celui de l'Affaire du siècle, détaille Actu-Environnement.

Pas touche au gaz de couche !

Oh ! Dans le gaz. En Lorraine, un projet d'exploitation gazière suscite l'indignation des associations environnementales. 

Le 19 janvier dernier, une trentaine d'associations environnementales ont adressé à Emmanuel Macron une lettre ouverte pour « stoppe[r] le gaz de couche en Lorraine ». Le gouvernement doit statuer d'ici début 2022 sur la demande de concession déposée par La Française de l'énergie (ex European Gas Limited). Le projet vise l'exploitation du gaz emprisonné dans des veines de charbon inexploitées. Quatre puits d'exploration ont déjà été forés, le projet de développement prévoit 41 sites, étendus sur 200 km2, comprenant en moyenne sept puits de forage chacun.

L’enquête publique, clôturée en novembre 2020, a récolté un avis favorable malgré 85 % de voix contre chez les citoyens et élus qui se sont exprimés. Si la concession est octroyée, chaque forage fera l’objet d’une instruction, d’une enquête publique et d’études environnementales.

Un forage gazier © gazdecouche.over-blog.com

Pour les auteur.ice.s de la lettre ouverte, un feu vert au projet « serait un nouveau renoncement du gouvernement face à ses engagements », en particulier celui de cesser tout soutien aux projets d'extraction fossile. « Ce type d’hydrocarbure n’a jamais été exploité en France, mais les impacts environnementaux et climatiques dramatiques de son extraction sont bien connus à l’étranger », rappellent-ils : « pollution de l’air, de l’eau, des sols, fortes émissions de gaz à effet de serre ». 

Le site d'information environnementale Novethic (filiale du Groupe Caisse des Dépôts) ose quand même une question épineuse : vaut-il mieux polluer chez nous ou polluer ailleurs ? La France consomme annuellement quelque 600 TWh de gaz, qu'elle importe de Norvège, de Russie, des Pays-Bas. Selon le journal, les réserves trouvées en Lorraine représentent l’équivalent de cinq ans de consommation annuelle française.

Des fermiers nigérians obtiennent (enfin) justice contre Shell

Mieux vaut tard que jamais ? 13 ans après que leurs villages ont été dévastés par des fuites de pétrole, quatre fermiers nigérians ont remporté leur bataille juridique contre Shell.

Vendredi 29 janvier, la cour d'appel de La Haye (Pays-Bas) a statué en faveur de ces quatre fermiers soutenus par les associations environnementales Milieudefensie et les Amis de la terre. D'une part, la justice estime que Shell Nigeria est bien responsable de la pollution constatée en trois endroits du Delta du Niger. D'autre part, elle considère que la maison-mère Royal Dutch Shell a manqué à son devoir de vigilance.

Dans le delta du Niger, fortement pollué, l'espérance de vie est inférieure de dix ans à celle du reste du Nigeria © Flickr /  Sosialistisk Ungdom (SU)

Le pétrolier néerlandais est condamné à installer un système de détection des fuites sur tous ses oléoducs au Nigéria. Le montant des indemnités qu'il devra verser aux plaignants reste encore à définir : il s'agit de compenser une pollution durable qui a rendu inutilisables les champs et les étangs autour de trois villages. Les fuites de pétrole n'ont jamais été nettoyées en profondeur et du nouveau pétrole s'échappe encore régulièrement, selon les associations.

Bien qu'historique, « c'est une victoire au goût amer », a réagi l'un des plaignants Eric Dooh de Goi dans un communiqué. Deux des réquérants - dont son père - sont décédés avant la fin du procès. « Aucune victime ne devrait avoir à attendre 13 ans pour obtenir justice », a indiqué Jill McArdle, chargée de campagne sur la Responsabilité des entreprises aux Amis de la Terre Europe. Les ONG souhaitent se saisir de cette affaire pour réclamer une législation européenne et internationale plus ambitieuse sur le devoir de vigilance des entreprises.

Les JO d'été en Laponie ?

Jeux parodiques. Grâce à la hausse sensible des températures, la ville la plus froide de Finlande, Salla, peut enfin se porter candidate pour accueillir les jeux olympiques d'été de 2032. « Nous avons le cœur chaud, pour les températures ça arrive », explique la vidéo, qui vise à alerter sur les effets perceptibles du changement climatique.

© Save Salla