La quotidienne

Mal aux crues

Chères toutes et chers tous,

📅  Mercredi 22 novembre à 19h, à deux jours du Black friday, rendez-vous à l’académie du climat, à Paris, pour notre grande soirée sur le numérique intitulée : «Climat, surconsommation, droits humains : faut-il débrancher le numérique?», animée par Juliette Quef et Loup Espargilière. Pour réserver vos places, c’est juste là.


Les pluies et les crues inondent le Pas-de-Calais, qui aimerait bien voir le soleil briller.


Après une brève accalmie, les inondations pourraient repartir de plus belle dans le Pas-de-Calais

Pas de calmé. À l’issue d’une semaine de crues et de fortes pluies, les habitant·es sinistré·es du Pas-de-Calais craignent d’énièmes dégâts alors que de nouvelles intempéries sont attendues en ce début de semaine.

Dans le Pas-de-Calais, la fatigue et l'inquiétude continuent de planer au-dessus des populations sinistrées par des inondations depuis la semaine dernière. Les crues exceptionnelles de la Liane, l’Aa et la Canche ont entraîné de gros débordements mardi dernier, à nouveau alimentés par de fortes intempéries en fin de semaine. Après une brève accalmie ce week-end, une reprise des précipitations est prévue ces lundi et mardi, laissant craindre de nouvelles inondations. La vigilance rouge pour risques de crues a été levée dimanche matin, mais le département reste en vigilance orange.

Près de 250 communes ont été touchées par des inondations à des degrés plus ou moins importants depuis la semaine dernière, dont les alentours de Montreuil-sur-mer et Saint-Omer. 

Les maisons et bâtiments inondés dans la commune de la Calotterie, près de Montreuil-sur-mer dans le Pas-de-Calais, le 10 novembre. © Anthony Brzeski / AFPTV / AFP

Près de 400 établissements scolaires garderont leurs portes closes jusqu’à mercredi, a prévenu la préfecture du département dans son dernier point de situation. 600 foyers restent privés d’électricité et 7 200 personnes subissent des restrictions d’usage de l’eau - une situation qui devrait perdurer jusqu’en milieu de semaine.

«Sur les quinze derniers jours, certaines stations du Pas-de-Calais ont enregistré des cumuls de pluie qui ont, chaque année, une chance sur 100 de se produire», détaille Météo-France, qui a relevé 275 millimètres à Bainghen, 263 mm à Nielles-les-Blequin ou 240 mm à Boulogne-sur-mer. À titre de comparaison, «250 mm de pluie signifient que 250 litres d'eau tombent sur un mètre carré de la zone concernée», illustre Météo-France.

S’il est trop tôt pour associer à ces intempéries au changement climatique, on sait que celui-ci a pour effet de multiplier et d’intensifier les précipitations extrêmes, a pointé le Giec dans son dernier rapport (notre article).

· En fin de semaine dernière, le Parlement européen a adopté la nouvelle norme Euro 7 contre la pollution automobile. Prévue pour entrer en vigueur à l’été 2030 pour les voitures et camionnettes, et l’année suivante pour les bus et camions, elle prévoit notamment de réduire les émissions de particules des pneus et des freins et de rendre les batteries plus durables. Le texte est beaucoup moins strict que la version initiale proposée par la Commission européenne. - Actu Environnement

· Ce weekend, les épreuves masculines de la coupe du monde de ski alpin de Zermatt-Cervinia (Suisse) ont dû être annulées pour cause de conditions météo défavorables - trop de vent et de chutes de neige. Déjà passée à la trappe 2022, cette fois pour manque de flocons, cette étape de la compétition qui intervient très tôt dans l’année est dénoncée par de nombreux sportifs, à l’image du vice-champion olympique de descente, le Français Johann Clarey qui la qualifie de «non-sens». - Le Monde

· Les représentant·es de 175 pays et de l’industrie pétrochimique se réuniront toute cette semaine à Nairobi (Kenya) pour négocier une série de mesures destinées à lutter contre la pollution plastique. Ces discussions marquent une nouvelle étape dans l’élaboration d’un traité international qui devrait être adopté avant la fin 2024. - TV5 Monde

1 milliard

Du liquide pour la glace. Vendredi 10 novembre, à la clôture du premier One planet polar summit qui s’est tenu à Paris, Emmanuel Macron s’est engagé à financer la recherche polaire à hauteur d’un milliard d’euros d'ici à 2030. Une manne indispensable à la connaissance de ces zones, souvent perçues comme de lointaines étendues glacées à l’écart du monde, mais qui sont aux avant-postes du changement climatique (notre article). Signé par une trentaine d’États (sans les États-Unis, la Chine et la Russie) «l’appel de Paris pour les glaciers et les pôles» est le second résultat tangible de cette conférence. Le texte prévoit notamment d’identifier des zones protégées en haute mer (ces espaces maritimes qui ne sont sous l'autorité d'aucun État) et de créer une coalition internationale des villes et des régions côtières. Un navire d'exploration, appelé le Michel Rocard, sera également construit. Cette conférence internationale aura aussi été l’occasion pour l’ONG Greenpeace de dénoncer l’action de la Norvège : le pays veut exploiter les fonds marins de la partie de l’Arctique qu’il contrôle à la recherche de minerai.

© Marion Leprêtre / Greenpeace

Gaspard Koenig : «Pour résoudre la crise écologique, la génération suivante va tenter de prendre le pouvoir par tous les moyens»

Gaspard Koenig a été finaliste du dernier prix Goncourt pour son roman Humus. On y suit le parcours de deux jeunes hommes diplômés de l’école d’ingénieurs AgroParisTech qui ont un rêve en commun : sauver la terre avec les lombrics. À Vert, l’auteur raconte les prémices de son roman et les contraintes, les moyens d’action radicaux et les contradictions de ses personnages.


Pourquoi avoir écrit un livre sur l’écologie, et plus spécifiquement sur les vers de terre ?

Mon ambition était d’écrire un roman d’apprentissage sur notre époque, très documenté et ancré dans le réel. Dans les romans d’apprentissage du 19ème siècle, les héros recherchent l’amour et la gloire. Aujourd’hui, nos jeunes héros veulent sauver la planète, ou du moins la fine couche d’humus qui l’entoure. Alors même que j’avais cet objectif, je me suis intéressé aux vers de terre de mon potager. Et ça a donné Humus.

Les vers de terre sont une parabole. L’être humain a toujours regardé au-dessus de sa tête, et ce, depuis 2 500 ans, alors que cette vie organique d’une richesse incommensurable est juste sous nos pieds. C’est aussi un sujet drôle, original, mignon. Les vers de terre sont de vrais personnages de roman, avec des espèces et des couleurs très variées. Personne ne les avait regardés d’aussi près en littérature.

© Élodie Grégoire

Dans votre livre, vous abordez le thème du militantisme et de la radicalisation. Comment percevez-vous l’usage du terme «écoterrorisme», de plus en plus utilisé par les politiques aujourd’hui ?

Le terme d’écoterrorisme utilisé aujourd’hui par le ministre de l'Intérieur n'a aucun sens. C'est d'ailleurs à la fois totalement délirant par rapport aux militants actuels et une perte complète de repères par rapport à la nature même du terrorisme.

Ce qui se fait aujourd’hui est étonnamment très sage. Les jeunes couvrent de peinture des œuvres d’art vitrées, ils font attention à mettre la bonne couleur de chasuble lors de leurs manifestations. Cette jeunesse s'appuie sur les rapports, elle convoque les scientifiques à ses assemblées.

Dans mon livre, j’ai mis en scène la génération d'après, c'est-à-dire celle qui est adolescente aujourd'hui, 10 ans après. Si les jeunes de cette génération ont l'impression que les actions bien gentilles de leurs aînés n'ont servi à rien, ils vont rentrer dans une tout autre logique : celle de prendre le pouvoir par tous les moyens pour résoudre la crise écologique, et non plus de faire prendre conscience. Ce sera du vrai terrorisme avec des morts, des bombes, du sang.

Les bonnes nouvelles de Gaëtan

Pour commencer la semaine avec une furieuse envie de danser, ne ratez pas les dernières bonnes nouvelles de Gaëtan Gabriele. Au menu, cette semaine : restauration de la nature, asile climatique et pubs lumineuses.

© Vert

+ Loup Espargilière, Gaëtan Gabriele, Jennifer Gallé, Juliette Mullineaux et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.