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Voilà une mode qui n'a rien de drôle : l'écologie se découvre des porte-paroles qui ont fait carrière dans le pétrole.


En Suisse, le nouveau ministre de l’environnement est un ancien lobbyiste du pétrole et un « climatosceptique notoire »

CV-ridique. Issu de l’extrême droite, Albert Rösti était jusqu’alors président du lobby pétrolier Swissoil. Portrait.

De 2015 à 2022, l’élu qui a longtemps siégé à la Commission de l’environnement du conseil national - la chambre basse du parlement -, était à la tête de l’association Swissoil, qui défend les intérêts des négociants en combustibles. Une fonction étrangement absente de sa fiche de présentation sur le site officiel de la Confédération suisse et de son site personnel. Il était aussi président depuis juin 2022 d’Auto-Suisse, lobby des importateurs de voitures qui s’est fendu d’un communiqué afin de remercier Albert Rösti « pour son engagement en faveur du secteur automobile ». Ingénieur agronome de formation, l’homme a quitté en 2020 la présidence de l’UDC (Union démocratique du centre), un parti nationaliste et conservateur qui a longtemps flirté avec le climatoscepticisme (Heidi.news - abonnés). Il cumulait 16 mandats d’associations, dont 13 rémunérés, avant sa nomination.

Albert Rösti, nouveau chef du « Detec », le ministère de l'Environnement suisse © admin.ch

S’il a dû quitter toutes ses fonctions en raison de son élection, « de tels mandats ne se déposent pas comme des valises avant d’arriver au Conseil fédéral », pointaient avant l'élection les signataires d’une tribune, parmi lesquels le prix Nobel de chimie Jacques Dubochet, l’humoriste Thomas Wiesel et le philosophe Dominique Bourg, qui considère Albert Rösti comme un « climato-sceptique notoire ».

À la tête d’un ministère d’envergure, le quinquagénaire est élu pour quatre ans. Il est censé « rompre les liens antérieurs pour épouser la cause de la collectivité et de l’intérêt public », confirme auprès de Vert le chercheur en sciences politiques Pascal Sciarini.

Par exemple : Albert Rösti devra promouvoir un projet de loi « pour les glaciers », qui prévoit d’atteindre la neutralité carbone - soit l’équilibre entre nos émissions de CO2 et que la planète peut absorber - d’ici 2050. Il aura face à lui son propre parti, l'UDC, qui a obtenu un référendum contre ce texte qualifié de « poison » qui favoriserait la « dictature écologiste » (ATS).

« En France, c’est peut-être un peu surréaliste. Mais en Suisse, le fait de confier les rênes d’un département à un parti a priori très réticent peut se faire, justement pour rendre le parti coresponsable et le mettre face à la réalité du pouvoir », poursuit le professeur de l’Université de Genève. Le nouveau conseiller fédéral a opportunément déclaré juste avant son élection qu’il partageait « absolument le but de sortir des énergies fossiles »

Retrouvez notre article en intégralité sur vert.eco  

· Jeudi, le tribunal administratif de Strasbourg a annulé l’autorisation des premiers travaux à caractère définitif sur le site de stockage souterrain de déchets toxiques de Stocamine, dans le Haut-Rhin. La décision de laisser sous terre de manière illimitée 43 000 tonnes de déchets industriels a été prise en janvier 2021 par le gouvernement (Vert), mais aucun cadre légal n'autorise les travaux de confinement. - Les Échos

· Jeudi encore, l’entreprise Tereos, propriétaire de la marque de sucre Béghin-Say et numéro un français du sucre de betterave, a été condamnée pour « préjudice écologique ». Elle devra verser 500 000 euros d'amende et plus de neuf millions d’euros de dommages et intérêts, notamment à la Région Wallone, pour avoir pollué une rivière, l'Escaut, en 2020. Une digue retenant les eaux de lavage de betteraves avait cédé, et plusieurs dizaines de tonnes de poissons morts avaient été retrouvés en France et en Belgique. - France Bleu

· Plus des trois-quarts des nappes phréatiques restent sous les normales mensuelles, d’après un bulletin publié ce vendredi par le Bureau de recherches géologiques et minières. La recharge des nappes d’eau souterraine est « peu intense » et les pluies de cet automne ont été « très insuffisantes pour compenser les déficits accumulés durant l’année 2022 ». Le niveau de recharge des mois hivernaux conditionnera les réserves de l’été 2023.

« Polluants éternels »

Les « per- et polyfluoroalkylés », aussi appelés perfluorés ou PFAS, sont des substances chimiques qui se dégradent très mal et s’accumulent dans l’environnement. Ces milliers de molécules issues des produits en teflon, de certains vêtements, emballages ou peintures se retrouvent aujourd’hui dans les eaux de surface des rivières, des lacs et des étangs. Leur présence est encore « probablement très sous-estimée », jauge l’ONG Générations Futures qui réclame une nouvelle évaluation sur le territoire et l’interdiction de l’ensemble des PFAS dans l’Union européenne. Dans un rapport à ce sujet publié jeudi, Générations Futures a cherché 18 PFAS dans des échantillons d’eau, et en a trouvé dans 36% des cas. Un chiffre difficile à interpréter, mais nettement supérieur aux études officielles. Le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, a annoncé un plan d’action ministériel pour pallier le manque de données et « faire évoluer les comportements et les interdictions à l’échelle européenne ».

La jeune femme et la mer : une bédé philosophique au cœur de la « nature » japonaise

Avec la bande dessinée La jeune femme et la mer, l’autrice Catherine Meurisse signe un conte philosophique d’une grande beauté sur le rapport des sociétés modernes à la nature, qui menace autant qu’elle fascine.

« On se croirait dans un film de Miyazaki », s’exclame la jeune artiste française qui vient de débarquer au Japon pour retrouver l’inspiration au sein d’une résidence d’artistes et « peindre la nature ». Accompagnée d’un peintre qui veut faire le portrait de la mystérieuse demoiselle Nami, et confrontée par le Tanuki - un esprit de la forêt de la mythologie japonaise qui ressemble à un raton-laveur-, la jeune femme déconstruit peu à peu ses idées reçues sur une nature qu’elle idéalise. De l’étang du Miroir au volcan qui fume, celle-ci captive en même temps qu’elle est « toujours prête à vous sauter à la gueule ».

D’ailleurs, un typhon menace et dame Nami prévient : « Les hommes se prennent toujours pour des champions de la création comme de la destruction. Parfois, la nature leur rappelle qu’elle était là avant, et qu’elle sait y faire. » L’impermanence de la vie est au cœur de l’art japonais et des estampes de l’ukiyo, comme la célèbre grande vague d’Hokusaï. Mais à mesure que les humains construisent des murs anti-tsunami, ils perdent leurs réflexes, ceux-là mêmes qui les protègent des catastrophes. « Notre humanité n’est pas séparée du monde. Chacun est tour à tour influent et responsable », rappelle ce conte philosophique superbement illustré, inspiré des séjours de Catherine Meurisse au Japon.

La jeune femme et la mer, Catherine Meurisse, Dargaud, octobre 2021, 116p, 24€

Un podcast qui déniche « La vie partout »

Au départ, c’était un compte Instagram lancé par Quentin Travaillé. Il décryptait les petits mystères de la  : l’animal qui est le seul crustacé terrestre, la survie des arbres creux ou les plantes qui aiment le feu. Depuis le mois de décembre, le compte La vie partout est aussi devenu un podcast, « une émission qui se veut vulgarisatrice et facile à écouter mais pas simpliste ». Le premier épisode nous explique en dix minutes d’où vient le sol.

© La vie partout

+ Loup Espargilière, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.