Ils affichent une volonté résolue d'arrêter les fossiles et de sauver le vivant, mais certains grands de monde s'y connaissent en faux-semblants.

Congrès de l'UICN : un message fort, et après ?
Le congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) s'est achevé vendredi par de nombreuses déclarations résolues, mais la bonne volonté des Etats laisse toujours à désirer.
« L’humanité a atteint un point de bascule. Notre fenêtre de tir pour répondre à ces urgences interdépendantes [biodiversité et climat, NLDR] et partager équitablement les ressources de la planète se réduit très vite. Nos systèmes existants ne fonctionnent pas. » Ces mots, contenus dans le « manifeste de Marseille » qui conclut dix jours de conférences, débats et tractations, signent l'urgence du moment.
Dans ce texte de clôture, l'UICN exhorte les gouvernements à s'attaquer au réchauffement climatique, ainsi qu'« aux facteurs qui diminuent la vie ». Mais aussi à adopter des plans de relance « fondés sur la nature », à « entreprendre la réforme des systèmes financiers, économiques et réglementaires », et à cesser les investissements dans les énergies fossiles.

En fin de semaine dernière, plus de 1 300 membres de l'UICN – représentant·e·s d'Etats, d'ONG et de peuples autochtones - ont adopté des dizaines de motions sur une foule de sujets. Non-contraignantes, elles permettent de fixer un cap à quelques mois de la COP15 sur la biodiversité, qui se tiendra en avril à Kunming (Chine). Parmi celles-ci (la liste ici) : l'objectif de 30% d'aires marines protégées d'ici 2030 ; de protéger 80% de la forêt amazonienne en 2025 ; la lutte contre la pollution plastique ; un moratoire sur l'exploitation minière des fonds marins.
Or, la France, qui hébergeait ce sommet, a refusé de soutenir cette dernière motion. En outre, l'exécutif a promis à Marseille que 5% de la Méditerranée serait placée en protection « forte » d'ici 2027 ; un net recul, alors qu'en janvier 2021, le gouvernement prévoyait de protéger fortement 10% des aires marines nationales dès l'année prochaine. De quoi douter de l'ambition trompétée par tous les Etats.

· Vendredi, le géant Gazprom a annoncé la fin des travaux sur le colossal et controversé pipeline Nord Stream 2. Long de 1 200 kilomètres, il devrait permettre d'acheminer 55 milliards de mètres cubes de gaz par an entre la Russie et l'Allemagne via la mer Baltique. En plus de constituer une catastrophe écologique, ce projet fournit de nouvelles armes géopolitiques à la Russie, décryptées par le chercheur Loïc Simonet dans une tribune au Monde. Son démarrage pourrait toutefois être compliqué si les Verts venaient à remporter les élections législatives en Allemagne.
· Samedi, 400 personnes ont manifesté contre la vente du domaine de Grignon (Yvelines), un site agronomique de 310 hectares que l'Etat s'apprête à céder à un promoteur immobilier pour en faire des logements. Les élèves d'AgroParisTech et les chercheur·se·s de l'Inrae, installés depuis 200 ans sur ce site, et les élus locaux soutiennent un projet alternatif qui propose d'y installer un incubateur d’entreprises, des laboratoires et un musée. - Le Parisien


227
Défonceurs de la Terre. En 2020, le nombre de militant·e·s écologistes tué·e·s à travers le globe a atteint un nouveau record : 227 personnes, soit quatre par semaine, ont été assassinées pour avoir défendu l'environnement ou leurs terres, indique l'ONG Global Witness dans un rapport publié ce lundi. La vaste majorité des meurtres a eu lieu en Amérique latine. En tête, la Colombie (65 morts), suivie par le Mexique (30). En Asie, ce sont les Philippines qui dominent (29 morts). Europe, Etats-Unis et Océanie sont quasiment indemnes. 30% des meurtres sont liés à l'extraction de ressources, dont l'exploitation forestière, le minage et l'agrobusiness. Les peuples autochtones ont payé un tribut particulièrement lourd.

L'université Harvard enterre les fossiles
Terminée, l'école pétrolière. La célèbre université américaine a annoncé la fin prochaine de ses investissements dans les énergies fossiles.
Comme les autres membres de l'Ivy league, le club fermé des huit universités privées les plus prestigieuses du pays, Harvard est assise sur un gros pactole. Son fonds de dotation s'élève à quelque 42 milliards de dollars (35,6 Mds€), un record.
Cette somme, sur laquelle se finance en partie l'université, est placée dans de très nombreux fonds et projets. Aujourd'hui, moins de 2% du total est investi dans des fonds d'investissement privés qui détiennent des parts dans l'industrie fossile. Or, dans un communiqué publié jeudi et qui fera date, le président de l'université d'Harvard, Lawrence Bacow, a annoncé que ces actions indirectes dans le gaz ou le pétrole seraient bientôt liquidées. La Harvard management company, qui gère le fonds, n'a plus de parts directes dans cette industrie et n'en cherchera plus. L'ensemble du portefeuille sera neutre en CO2 d'ici 2050, promet encore le président.

Il s'agit d'une « victoire massive » pour les membres du groupe Fossil fuel divest Harvard, mobilisé·e·s de longue date contre les investissements fossiles de leur université. « Il a fallu organiser des discussions et des manifestations, des entretiens avec l'administration, des votes d'élèves et d'anciens, des sit-ins de masse et des arrestations, des stratégies juridiques historiques, et envahir des terrains de football », a détaillé l'organisation étudiante dans une série de tweets. « Mais aujourd'hui, nous avons la preuve que l'activisme fonctionne, purement et simplement. »
Leur action s'inscrit dans un mouvement plus large baptisé Divest, pour « désinvestissement », qui essaime dans les universités américaines, soutenu par certaines ONG comme 350.org.

La chasse aux appelants
Coin couic ! L'été finissant, la chasse vient de rouvrir dans la majorité des départements français. L'occasion de mettre un coup de projecteur sur l'une de ses innombrables et peu reluisantes pratiques : la chasse aux appelants. Un canard d'élevage engoncé dans une petite cage appelle ses congénères sauvages à l'aide : de quoi s'assurer un ball-trap réussi sans trop d'effort. Une technique détaillée et dénoncée dans Brut par le naturaliste Pierre Rigaud qui s'est, une fois encore, attiré une volée de menaces de mort.

