Libres et changés ou libre-échangés ?


Il semblerait que dans "le monde d'après", l'Europe signe toujours des accords de libre-échange avec l'autre bout du monde. 

En plein confinement, un nouvel accord de libre échange entre l'UE et le Mexique 

Promis, rien ne sera plus jamais pareil après la crise du Covid-19. Enfin presque. Mardi 28 avril, l'Union européenne et le Mexique ont annoncé l'aboutissement de leurs négociations au sujet d'un nouvel accord de libre-échange

« Tandis que la plupart de nos efforts des derniers jours portaient sur la crise du coronavirus, nous avons aussi fait avancer notre agenda pour un libre-échange ouvert et juste, un agenda qui reste très important », s'est félicité Phil Hogan, commissaire européen en charge du commerce.

Le nouveau deal constituera une refonte d'un précédent accord, entré en vigueur en 2000. En 20 ans, les échanges entre UE et Mexique ont déjà été multipliés par trois, applaudit la Commission européenne.

Les entreprises européennes pourront désormais accéder aux « marchés publics de 14 États mexicains qui représentent 64 % du PIB du Mexique », comme l'ont confié des sources bruxelloises à l'AFP. Dans le nouvel accord, « quasiment tous les biens échangés entre l'UE et le Mexique seront affranchis de taxe », indique encore la Commission. 

Tweet de l'économiste Maxime Combes

Alors que de nombreuses voix s'élèvent en Europe pour réclamer une relocalisation des économies, ralentir les échanges et diminuer la dépendance des Etats au marché mondialisé en réponse à la crise du Covid-19, la Commission prend le chemin strictement inverse. Mais, promet cette dernière, le pacte UE-Mexique respectera l'Accord de Paris. Sans que l'on comprenne bien ce que cela signifie. 

L'aboutissement de ces négociations ouvre la voie à une ratification, d'abord par le Parlement européen, puis par les parlements nationaux de chacun des Etats-membres. Un processus qui devrait encore durer de longs mois. Plus d'informations dans le Figaro (AFP). 

« Pas un chèque en blanc » à Air France. Ah bon ? 

Un chèque en vert ? Le gouvernement français s'échine à répéter que les 7 milliards d'euros accordés par l'Etat à Air France seront accompagnés de contreparties environnementales. Mais lesquelles ?

Vendredi 24 avril, après qu'il vient d'annoncer le soutien financier massif de l'Etat français à sa compagnie aérienne phare, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, l'a annoncé : en échange, Air France devra « devenir la compagnie la plus respectueuse de l’environnement de la planète »

Même son de cloche du côté d'Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique : « Ce n'est pas un chèque en blanc », a-t-elle juré sur le plateau d'Europe 1, ce lundi. Selon la ministre, l'Etat aurait demandé à Air France de s'engager sur plusieurs points : utiliser des biocarburants, notamment, et « réduire de 50% les émissions de CO2 sur les vols domestiques d'ici 2024 »

Une telle promesse est-elle tenable ? Depuis 2013, les émissions liées aux vols à travers l'Europe ont bondi de 26%, d'après l'ONG Transport & Environment. Et, comme l'a résumé la climatologue Corinne Le Quéré, présidente du Haut-Conseil pour le climat : « L'aviation est un secteur difficile car il n'a pas de solution technologique pour atteindre la neutralité carbone. Les technologies évoluent lentement à cause de la sécurité aérienne. C'est un secteur dépendant de la compensation carbone. C'est le seul secteur où une diminution de la demande faciliterait l'atteinte de la neutralité carbone ». 

Sauf une baisse drastique du nombre de vols opérés par Air France, l'objectif paraît hautement inatteignable. Elisabeth Borne ne s'y est pas trompée : « Cela passe aussi par une réflexion sur le réseau d'Air France dans le pays, en particulier lorsqu'il y a des alternatives ferroviaires de moins de 2h30 ». La ministre laisse entrevoir la suppression de certaines lignes aériennes hexagonales lorsqu'elles ont un équivalent aussi - sinon plus – rapide en train. Une proposition déjà faite en mai 2019 par le député France insoumise François Ruffin, déboutée par la majorité de la République en Marche à l'Assemblée nationale. 

Hélas pour la ministre, Air France a déjà annoncé la réouverture au 11 mai de trois lignes au départ de Paris, et à destination de Brest, Bordeaux et Montpellier. Trois trajets réalisables en TGV. 

Les ouragans redessinent les lézards caribéens 

Les vents du changement. Les ouragans de plus en plus violents qui sévissent dans les Caraïbes modifient le cours de l'évolution des espèces locales, selon une étude publiée lundi dans la revue PNAS

En se penchant sur les cas de 188 espèces de lézards, de l'Amérique centrale à l'Amérique du Sud, en passant par les Caraïbes, les scientifiques ont découvert que l'on trouvait davantage de sauriens avec de larges orteils dans les zones qui avaient été frappées par des ouragans depuis 70 ans. 

Image issue de l'une des expériences menées par Colin Donihue, l'un des auteurs de l'étude © Compte Twitter de Colin Donihue

La seule explication, selon les auteurs•rices de l'étude : les cataclysmes ont modifié la courbe de l'évolution des espèces locales. Seuls les lézards avec une poigne suffisante pour s'agripper pendant les tempêtes ont survécu et transmis leur patrimoine génétique aux générations suivantes. 

« Alors que les ouragans vont devenir plus puissants en raison du changement climatique, ces événements extrêmes pourraient avoir un impact bien plus important sur la trajectoire évolutive des communautés écologiques que ce que l'on pensait jusqu'alors », notent les auteurs•rices de l'étude. L'histoire passionnante - et illustrée - de ces découvertes est à lire dans le New York Times (en anglais). 

Barbara Streisand contre le Crédit suisse

Le Crédit suisse a tenté de faire fermer un site critique à son encontre. Hélas pour lui, des dizaines de copies sont en train de voir le jour

La banque est une cible de choix pour les militants écologistes helvétiques. En novembre 2018, 12 activistes avaient pénétré dans les locaux du Crédit suisse à Lausanne pour y faire une partie de tennis. Manière de dénoncer le soutien de la banque aux énergies fossiles et d'attirer l'attention de Roger Federer, champion de tennis sponsorisé par la firme.

Autre outil de contestation, un site – discreditsuisse.ch – a été créé pour alerter sur l'impact climatique des investissements réalisés par la banque. Or, comme l'annonce l'humoriste Thomas Wiesel dans une vidéo, le Crédit suisse a exigé la fermeture du site. 

Toute l'affaire expliquée par l'humoriste Thomas Wiesel

Pour permettre « aux gens de continuer à être au courant des exploits de Crédit Suisse en matière de climat », les militants comptent sur l'effet Streisand, qui veut que les informations que l'on cherche à taire sur internet ne deviennent virales. 

C'est ainsi, indique Thomas Wiesel, que les créateurs•rices du site ont réservé des dizaines de noms de domaines très similaires (discreditsuisse-001.ch, etc.). Elles et ils invitent chacun•e à acquérir l'un de ces noms de domaine pour en multiplier les propriétaires et rendre impossible toute poursuite judiciaire. Habile.

La traque sordide des blaireaux 

Connaissez-vous la vénerie sous terre, cette pratique qui consiste à traquer pendant des heures renards et blaireaux jusqu'au fond de leur terrier ? L'association One Voice a infiltré cet étrange milieu. Il en ressort la vidéo sordide de l'une de ces parties de chasse, qui s'est tenue il y a un an dans les Haut-de-France, publiée mardi. Cette enquête s'accompagne d'une pétition réclamant l'interdiction de la vénerie sous terre. 

© One voice