La quotidienne

Les riches bichent

Chères toutes et chers tous,

🗣️ Sobriété, égalité, fraternité ? Mardi 31 janvier, venez discuter avec l'économiste Maxime Combes lors d'un grand entretien organisé par Makesense et Vert à la Maison du zéro déchet (Paris 12) de 18h30 à 20h. Infos et réservations ici.

Vous en voulez plus ? Ou moins ? Passez facilement de la quotidienne à l’hebdo (et vice versa) en gérant vos abonnementsPour ce faire, un lien est disponible au bas de chaque numéro.


Les riches peuvent bien continuer de flamber, ce sont les autres qui finiront grillés.


A Davos, le patron de l’ONU dénonce le « grand mensonge » des pétroliers

C’est pour leur pomme. Au Forum économique mondial qui se tient à Davos (Suisse) cette semaine, la responsabilité des majors pétrolières dans le changement climatique est pointée du doigt par les militant·es écologistes mais aussi par Antonio Guterres, dont les prises de position sont de plus en plus tranchées.

Cet échange sera d’autant plus médiatisé que la lettre ouverte envoyée cette semaine par les quatre militantes pour demander aux multinationales d’arrêter d’exploiter les énergies fossiles a déjà recueilli près de 880 000 signatures. En 2021, l’AIE avait pour la première fois appelé les entreprises et les États à renoncer aux nouveaux projets d’énergies fossiles afin limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C.

« Aujourd’hui, les producteurs de combustibles fossiles et ceux qui les soutiennent continuent de se battre pour accroître la production, tout en sachant pertinemment que leur modèle économique est incompatible avec la survie de l’humanité », a fustigé Antonio Guterres à Davos © World economic forum

Lors de son discours prononcé mercredi à Davos, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a vilipendé le « grand mensonge » des majors du pétrole, qui savaient avec précision les dommages environnementaux que causeraient leurs activités, tout comme l’industrie du tabac a longtemps et sciemment caché la nocivité de ses cigarettes. « Certains producteurs d’énergies fossiles étaient parfaitement conscients dans les années 1970 que leur produit-phare allait faire brûler la planète », a-t-il dénoncé, réclamant que les « responsables soient punis ».

Vendredi 13 janvier, une étude de la prestigieuse revue Science a démontré, de manière implacable, que l’entreprise ExxonMobil disposait déjà, il y a 50 ans, d’une fine connaissance scientifique sur le lien entre l’usage immodéré de l’or noir et les immenses quantités de gaz à effet de serre rejetées dans l’atmosphère.

Pour financer, entre autres, la lutte contre le dérèglement climatique, des ultra-riches se proposent par ailleurs de mettre la main au portefeuille. Dans une lettre ouverte aux dirigeants politiques rassemblés à Davos, 200 millionnaires, dont l’acteur Mark Ruffalo ou les héritiers de l’empire Disney, réclament d’être davantage taxés.

· Lundi, Paris Animaux Zoopolis a déposé plainte contre la mairie d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) pour maltraitance sur les pigeons. Dans une enquête publiée mardi, l’association dénonce des « méthodes cruelles » pour limiter les populations de volatiles, qui sont piégés de longs jours dans des cages avant d’être gazés. Une pétition a été lancée pour mettre fin aux « campagnes de gazage à Asnières » - France info

· Mercredi, la grève dans les barrages hydrauliques contre le projet de réforme des retraites a entraîné une baisse de production équivalente à la perte d’un réacteur nucléaire. Rétablissement de l’électricité et du gaz aux plus précaires, énergies gratuites, baisse de production : dans cette bataille, les travailleur·ses du secteur de l’énergie comptent peser de tout leur poids pour « désorganiser l’économie » et « reprendre en main l’outil productif », a expliqué la CGT Mines-Energie à l’Express.

· Mercredi, une enquête du journal britannique The Guardian a montré que plus de 90% des crédits carbone (une unité de CO2 évitée ou séquestrée) octroyés par le leader mondial Verra dans les forêts tropicales étaient « largement inutiles » et pourraient même aggraver le réchauffement climatique. Ces crédits sont achetés par Disney, Easyjet, Shell ou Gucci pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre. - The Guardian (en anglais)

· Dans les prisons françaises, les mesures de sobriété énergétique s’ajoutent à de multiples dysfonctionnements, une mauvaise isolation des bâtiments et des pannes de chauffage qui pèsent sur les conditions de détention déjà catastrophiques des prisonniers français. « Il fait plus froid en cellule qu’en promenade », a raconté un détenu à Streetpress.

Émissions de gaz à effet de serre en tonnes d'équivalent CO2 en fonction du niveau de richesse découpé par décile. Les 0,1% les plus fortunés émettent 57 fois plus de CO2 que les 10% les plus modestes. Cliquez sur l'image pour la voir en grand. © Ecological economics

Ils en font, des tonnes. On le savait : en moyenne, les plus riches sont aussi celles et ceux qui contribuent le plus au réchauffement climatique (Vert). Une nouvelle étude, à paraître dans la revue Ecological economics et repérée par le chercheur Loïc Giaccone, a mesuré les inégalités criantes en termes d’émissions de gaz à effet de serre entre les ménages américains les plus modestes et les 0,1% des foyers les plus riches : celles-ci vont de 17 tonnes de CO2 équivalent (tCO2eq) pour les premiers à 955 tonnes pour les autres. Aux Etats-Unis, les plus fortunés sont donc 57 fois plus responsables du dérèglement climatique que les plus pauvres. Une poignée de richissimes (les 1,5% des 0,1%) explose les compteurs, avec 3 000 tCO2eq par ménage. L’étude s’intéresse également aux inégalités raciales et montre que « les émissions des ménages blancs non hispaniques [sont] 1,3 fois plus élevées que celles des ménages noirs ».

Sobriété : cet hiver, les Français réduisent leur consommation d’électricité pour de vrai

Court-jus. La consommation d’électricité a baissé de 8,5% en France ces quatre dernières semaines, révèle le gestionnaire de réseau RTE. Une embellie qui n’est pas du seul fait de cet hiver tiédasse.

La baisse observée par rapport à la moyenne de la même période entre 2014 et 2019 est « à température normale », c’est-à-dire corrigée des variations de la météo. Elle est constatée dans tous les secteurs.

Si elle reste très inférieure à l’accoutumée, la disponibilité du parc nucléaire s’améliore et la production d’électricité éolienne est « particulièrement abondante » depuis la mi-décembre. Résultat : la France n’a quasiment pas recouru aux polluantes centrales à charbon et à gaz depuis lors.

Dans son bilan publié mercredi, RTE applaudit « une consommation plus basse, une production d’électricité en hausse, des stocks hydrauliques et gaziers bien remplis et un système d’échanges avec les pays voisins parfaitement fonctionnel, la France est mieux préparée à faire face aux situations de tension ».

La consommation électrique est en baisse depuis le mois de septembre 2022. ©  RTE

Les appels du gouvernement à couper le wifi auraient-ils porté leurs fruits ? Pour l’heure, il est difficile de savoir précisément ce qui relève de la sobriété choisie ou de la contrainte économique liée à l’envolée des prix de l’énergie. RTE note toutefois que la consommation des particuliers a baissé depuis l’été alors qu’ils étaient protégés par le bouclier tarifaire.

Résultat de la météo particulièrement chaude et de la baisse de la consommation, les prix de marché du gaz et de l’électricité ont fortement diminué ces derniers mois. Pour RTE, c’est le signe que les tarifs pratiqués en été et en automne n’étaient « pas cohérents » et « témoignaient d’une anticipation exagérée du risque de défaillance par les acteurs de marché ». Ce qui n’a pas empêché les énergéticiens comme TotalEnergies de réaliser des surprofits absolument inédits - 16 milliards d’euros de bénéfice sur les neuf premiers mois de 2022 -, que le gouvernement se refuse toujours à taxer.

Vélo cargo ou longtail : les enfants sont-ils en sécurité sur ces nouveaux biclous ?

En ce jour de grève, vous allez peut-être ressortir le vélo pour emmener vos enfants à l’école. Si les sièges enfants placés sur le porte-bagage arrière sont homologués depuis belle lurette, rien ne semble prévu pour les nouveaux vélos, longtrails ou vélo cargo, que l’on voit fleurir dans les métropoles. Ces nouveaux vélos sont-ils vraiment sécurisés pour les enfants ? Le Parisien a mené une enquête éclairante pour sa série en vidéo Biclou.

© Le Parisien

+ Pénélope Dickinson, Loup Espargilière et Lou-Eve Popper ont contribué à ce numéro.