Les rhinos s’érodent


Déjà saccagée par les activités humaines, la biodiversité fait aussi les frais de la pandémie de Covid-19.

La disparition de la biodiversité due au réchauffement sera brutale

Sous l'effet du réchauffement climatique, les écosystèmes ne s'étioleront pas progressivement : ils s'effondreront par des accélérations brutales, selon les auteurs d'une étude publiée mercredi 8 avril dans Nature. 

Plutôt que d'imaginer une photographie du futur en 2050 ou 2100, les scientifique ont proposé pour la première fois une vision année par année du déclin de la biodiversité. Pour ce faire, les chercheurs ont divisé la Terre en zones de 100km2. Puis, ils ont analysé, secteur par secteur, les données climatiques de 1850 à 2005 pour en tirer des projections annuelles jusqu'à 2100. 

Résidentes des océans tropicaux, les tortues vertes sont fortement menacées par le réchauffement climatique © Brocken Inaglory

Selon les scientifiques, les espèces animales ou végétales pourraient connaître un déclin brutal – jusqu'à une extinction au niveau local – si la température venait à dépasser certains niveaux inhabituellement élevés. Zone par zone, ils ont estimé à quelle date chacune des 30 000 espèces étudiées subirait des chaleurs inédites. 

Il en ressort que si rien n'est fait pour endiguer les émissions mondiales de CO2, les écosystèmes des océans tropicaux seront les premiers à connaître un rapide déclin dès la décennie actuelle. Les espèces peuplant forêts et montagnes tropicales suivront dès les années 2040.

D'après les auteurs de l'étude, si le réchauffement atteint 4°C d'ici la fin du siècle (c'est la trajectoire sur laquelle nous nous trouvons), au moins 15% des écosystèmes connaîtront des « épisodes d'exposition brutale ». Ce qui signifie qu'ils perdront plus de 20% de leurs espèces en moins de dix ans. Si le réchauffement est contenu sous la barre des 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, seuls 2% des écosystèmes connaîtront de tels événements. A lire dans le Guardian (en anglais).

Un recours au Conseil d'État contre les épandages agricoles

Ils ne peuvent plus les sentir. Mardi 7 avril, l'association Respire a déposé un référé-liberté au Conseil d'État pour tenter de restreindre les épandages d'engrais pendant l'épidémie de Covid-19

Un nombre croissant d'études suggèrent un lien entre pollution de l'air et propagationrisque d'infection et mortalité du Covid-19. Or, si les niveaux d'oxydes d'azote, notamment produits par la circulation routière, ont connu une forte baisse depuis le début du confinement, il en va différemment de la présence de particules fines dans l'air. 

Comme Vert s'en faisait l'écho, celle-ci est principalement due aux épandages d'engrais dans les exploitations agricoles, en partie responsables des pics de pollution constatés ces dernières semaines en France.

« Alors que notre pays est en crise, il est absurde, voire criminel, de ne pas mettre en oeuvre tous les moyens dont nous disposons contre le virus. Or, lutter contre la pollution de l’air en fait partie » a expliqué Olivier Blond, directeur de Respire, pour justifier le lancement de cette procédure d'urgence. Son association réclame la mise en « application immédiate des dispositions prévues en cas de pic de pollution, jusqu’à la cessation de l’état d’urgence sanitaire […] en particulier dans le cadre des activités agricoles ». Les préfets pourraient alors limiter, voire, interdire les épandages agricoles. À lire sur le site de Respire

La faune sauvage africaine, victime collatérale du Covid-19

La mort de rhinocéros, lions et éléphants pourrait s'ajouter au triste bilan de la pandémie de Covid-19. Désertés par les touristes et gardiens, certains parcs naturels africains connaissent une recrudescence des actes de braconnage

Depuis quelques semaines, de nombreux rhinocéros ont été braconnés dans certains parcs naturels du sud de l'Afrique © Hein Waschefort

Au moins neuf rhinocéros tués dans la province du Nord-Ouest de l'Afrique du Sud, six au Botswana ; Depuis que des mesures de confinement ont été prises à travers le continent, les braconniers ont le champ libre pour s'attaquer aux animaux protégés, comme le raconte le New York Times

Ces dernières années, la chasse d'espèces menacées avait connu un net déclin dans le sud du continent, grâce aux politiques de conservation prises par les Etats très largement financées par le tourisme. Or, la disparition des visiteurs entraîne des pertes financières sévères pour les parcs nationaux.

Non seulement de grands espaces ne sont plus surveillés par les touristes et leurs guides, mais les gardiens pourraient rapidement se retrouver au chômage, faute d'entrées d'argent. Et le développement de la misère sous l'effet de la crise économique risque de pousser certains à chasser pour la viande ou les trophées. A lire dans le New York Times (en anglais). 

Les universités françaises s’emparent de la question animale

Spécialisation en éthique animale, diplôme universitaire en droit animalier ou en sociologie des animaux ; Depuis cinq ans, les formations universitaires portant sur les questions animales se multiplient en France. 

Inspirées des animal studies proposées dans les facs anglo-saxones, celles-ci se développent à mesure que monte dans la société l'intérêt pour les sujets liés aux animaux, raconte le Monde. De plus en plus d'offres d'emploi et pas de cursus spécifique : c'est ce qui a motivé Cédric Sueur à cofonder, en 2015, la première formation de ce type à l'université de Strasbourg. 

L'animal est de moins en moins considéré comme un simple objet biologique ; Ces cursus mêlent des notions de droit, d'économie, d'éthologie (l'étude du comportement animal), ou de philosophie. A lire dans le Monde (abonnés). 

Quand la nature fait son retour

Si nous restions confiné•e•s 30 ou 50 ans, à quoi ressemblerait notre environnement ? Dans une série de trois documentaires, Arte raconte l'histoire d'autant de lieux autrefois dévastés par les humains, redevenus des havres de biodiversité en quelques décennies. Tous les épisodes sont disponibles en replay sur le site d'Arte et sur Youtube (iciici et ).

Le premier épisode, consacré à la renaturation de l'ancien rideau de fer entre Allemagne de l'Ouest et de l'Est © Arte