Les jets privés contre le train du changement


A Davos, les grands de ce monde s'apprêtent à prendre des airs contrits en se penchant sur le chevet du climat. Avant de repartir en claquant la porte de leur jet privé repeint en vert.

Les mers chaudes font les oiseaux morts

Sur la côte Ouest d'Amérique du Nord, un million d'oiseaux marins sont morts en moins d'un an. La cause, identifiée dans une étude publiée mercredi dans la revue Plos One : une forte vague de chaleur dans l'océan Pacifique.

Entre l'été 2015 et le printemps 2016, plus de 60 000 guillemots ont été retrouvés échoués sur les côtes de l'Alaska jusqu'en Californie. Alors que ces oiseaux se tiennent généralement loin des plages, les chercheurs de l'Université de Washington ont calculé que le nombre de victimes devrait s'approcher d'un million.

Accentuée par le phénomène El Niño, cette vague de chaleur d'une intensité et d'une durée inhabituelles, a fortement perturbé l'écosystème marin, comme le raconte le Guardian. La compétition s'est accrue entre gros poissons (saumons et flétans) et oiseaux marins pour chasser le menu fretin restant. Les chercheurs ont déterminé que les guillemots sont morts de faim. La vague de chaleur a également altéré leur cycle de reproduction, empêchant l'espèce de se régénérer après les centaines de milliers de morts. 

Lions de mer, macareux huppés ou cétacés à fanons (une espèce de baleine) ; d'autres espèces ont également été très touchées.

Cette vague de chaleur exceptionnelle préfigure ce que deviendra la vie marine dans quelques années alors que, comme Vertle racontait hier, les océans se réchauffent implacablement depuis des décennies. A lire dans le Guardian.

Le TGV britannique contre la biodiversité

Mieux que les jets privés, le train ? Au Royaume-Uni, un projet de ligne de train à grande vitesse provoque l'ire des défenseurs de la biodiversité.

Le projet HS2 (pour high speed – haute vitesse) doit permettre de rallier rapidement Londres depuis Leeds, Manchester ou Birmingham. Problème, le chantier de la future ligne devrait représenter un « coût exorbitant pour la nature », dénonce le Wildlife trusts, collectif d'associations environnementales, dans un communiqué publié mercredi 15 janvier.

Le futur tracé du réseau HS2 - Wikipedia

Après s'être penchée précisément sur le trajet de la future ligne, l'organisation a produit, mercredi 15 janvier, un rapport, qui liste les atteintes qui seront faites à l'environnement. Le tracé devrait mettre à mal, entre autres, 5 refuges internationaux, 692 sites locaux classés ou encore, 108 forêts anciennes. Le Wildlife trusts ajoute que le HS2 devrait également détruire de nombreux habitats naturels qui captent de CO2. A lire dans le Figaro
 

L'Allemagne va investir massivement dans le train

Pour tenter de réduire son bilan carbone, l'Allemagne va, elle aussi, miser sur le train. Mardi, Berlin a annoncé un vaste plan d'investissement de 86 milliards d'euros jusqu'à 2030 pour rénover le réseau ferroviaire national.

Comme l'explique RFI, 2000 kilomètres de rail et de ponts vont être rénovés et des innovations technologiques devraient permettre d'augmenter la cadence des trains. Dans le détail de l'accord conclu avec la Deutsche Bahn, l'Etat allemand devrait débourser 62 milliards d'euros, qui s'ajouteront aux 24 milliards investis par la compagnie ferroviaire nationale.

En parallèle, Berlin a fortement réduit la TVA sur les billets de train pour augmenter l'attractivité du rail. A lire dans Capital.
 

La très lente sortie du charbon allemand

Il est un autre chantier colossal pour l'Allemagne. Jeudi 16 janvier, Berlin a annoncé sa stratégie pour se défaire du charbon, qui produit toujours près d'un tiers de l'énergie du pays. La transition devrait coûter 40 milliards d'euros et s'achever en... 2038. 

La somme devrait servir à indemniser les entreprises, travailleurs et Länder (Etats) qui exploitent le minerai. Le gouvernement fédéral a promis une indemnité de 4,3 milliards d'euros aux fournisseurs d'électricité, en tête desquels le géant RWE, fervent exploitant du charbon.

Au cours de la prochaine décennie (essentiellement vers la fin), 19 centrales doivent être débranchées du réseau électrique allemand avant un abandon définitif en 2038. Certaines d'entre elles seront remplacées par des centrales au gaz.

Trop progressif, le calendrier a déjà été dénoncé par plusieurs organisations écologistes. Il paraît en contradiction avec le plan climat voté en décembre par le parlement allemand, qui fixe l'objectif de réduire de moitié les émissions de CO2 d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990. A lire dans le New York Times et dans Ouest-France.

À Davos, un forum écologique mondial ?

Le Forum économique mondial de Davos (Suisse), future grand-messe écolo ? Comme l'a relevé France Inter, pour son édition 2020, qui s'ouvre le 21 janvier, le raout annuel des « grands » de la planète promet de mettre l'écologie au cœur des discussions« Le monde est en état d'urgence. La fenêtre pour agir est petite », a prévenu Klaus Schwab, fondateur du Forum. 

Voilà qui a de quoi surprendre. La ville alpine est plus habituée à faire atterrir les jets privés de patrons de multinationales qu'à voir fleurir des idées en faveur du climat.

C'est peut-être par nécessité économique que les débats ne pourront plus ignorer la crise écologique. Pour la première fois, les cinq risques majeurs (qui pèsent sur l'économie mondiale), identifiés par le rapport annuel du Forum économique mondial sur le sujet, sont liés à l'environnement.

27 conférences, rassemblées sous la thématique « Comment sauver la planète ? », devraient faire se succéder à la tribune de Davos des chercheurs, journalistes, businessmen et activistes : comme l'an dernier, Greta Thunberg devrait prononcer un discours à l'adresse des puissants. A lire sur le site de France Inter.

En Inde, la dynamite contre les constructions illégales

L'Inde ne plaisante plus avec les projets immobiliers qui enfreignent sa loi de protection du littoral. Dimanche 12 janvier, cinq immeubles de 20 étages ont été dynamités à Cochin, dans l'Etat du Kerala. Ceux-ci avaient été construits illégalement sur une zone côtière considérée comme vulnérable et qui habite un écosystème fragile, explique France 2.

© Extrait du JT du 16 janvier de France 2

L'artificialisation des sols, due à la bétonisation des espaces naturels, pourrait être responsable des inondations massives qui ont touché le Kerala ces dernières années. Il s'agit de la plus grande opération de ce type jamais menée en Inde, qui cherche désormais à traquer les permis de construire obtenus frauduleusement.

En Australie, des « arbres dinosaures » sauvés des flammes 

Après les incendies monstrueux qui ont ravagé l'Australie ces derniers mois, les bonnes nouvelles se comptent sur les doigts d'une main. Comme le nombre de spécimens de pins Wollemi qui subsistent dans une zone encaissée des Blue Mountains, site naturel classé du sud-est du pays.

Des pompiers ont réussi à sauver les 200 derniers arbres de cette espèce préhistorique vieille de 200 millions d'années, lors d'une opération effectuée en catimini, fin 2019. Le dernier lieu qui abrite ces pins à l'état sauvage est maintenu secret pour ne pas y voir déferler les touristes.

© The Guardian (en anglais)

Les pompiers ont installé au sol des systèmes d'irrigation et ont tracé autour de la zone une frontière faite de retardateurs de flamme. Révélée mardi 15 janvier, l'opération a été couronnée de succès puisque le feu s'est approché des pins Wollemi sans parvenir à les détruire. A lire dans le Huffington Post.