Un numéro où l'on verra que les envahisseurs des uns sont les sauveurs des autres.

Pourvu qu'elles soient mignonnes, les espèces invasives sont les bienvenues
Trop mimi la perruche ! Plus les animaux exotiques invasifs sont considérés comme « charismatiques », plus il est difficile de lutter contre leur implantation, selon une étude publiée lundi 6 avril.
Après la destruction des habitats naturels, les espèces invasives constituent la deuxième plus grande cause de disparition de la biodiversité. Lorsqu'elles pénètrent le territoire d'autres animaux, elles deviennent des rivales, voire des prédatrices des espèces endogènes.

Or, comme l'explique une équipe internationale de scientifiques, plus une espèce est jugée positivement par la population - qui la trouve jolie, colorée, ou sympathique - plus son implantation sera facilitée. Nombre d'entre elles ont d'ailleurs été introduites volontairement, pour des raisons esthétiques.
Les scientifiques citent l'exemple de l'écureuil gris nord-américain. Plus agressif, plus habile, il a chassé de nombreuses populations de son cousin, l'écureuil roux, depuis son arrivée en Angleterre. Autre problème : il endommage de nombreux arbres en bonne santé en s'attaquant à leur écorce. Moins timide que son cousin, il se laisse approcher dans les parcs, ce qui le rend très populaire.
Comme le rappelle le Monde, lorsque l'écureuil gris est arrivé en Italie, des associations de défense des animaux se sont opposées aux campagnes de lutte contre son implantation. Celles-ci ont favorisé son rapide développement à travers le continent.
C'est ainsi que l'introduction de petites tortues de Floride, de perruches à collier en Europe, ou de ratons-laveurs au Japon a été accélérée par les préjugés positifs des habitants. A lire dans le Monde (abonnés).

Les guêpes samouraïs au secours des noisettes
Moins mimi que la perruche... L'invasion de la Turquie par la punaise diabolique met en péril la production mondiale de noisettes.
Native de l'Asie du Nord-Est, la punaise diabolique s'est répandue à travers le monde au sein de conteneurs, dans lesquels elle a pullulé en l'absence de prédateurs, rappelle le Guardian.

La punaise diabolique a été aperçue pour la première fois en Turquie en 2017. Depuis, elle s'est installée dans la région située autour de la Mer noire, où se concentrent 70% de la production mondiale de noisettes, dont elle raffole. Si rien n'est fait rapidement, un cinquième des stocks planétaires pourraient être réduits à néant.
Parmi les pistes étudiées pour endiguer l'invasion, les autorités réfléchissent à l'introduction en Turquie de la guêpe samouraï, prédatrice naturelle qui pond ses larves dans les œufs de la punaise diabolique. Au Canada, la guêpe samouraï n'a pas attendu qu'on l'introduise. De son propre chef, elle a suivi sa proie.
Mais en Turquie, les délais de mise en œuvre de cette solution pourraient se révéler trop longs. Avant d'envisager une telle solution, appelée « bio-contrôle », les spécialistes doivent s'assurer que la nouvelle arrivante ne causera pas elle-même de dégâts trop importants à la biodiversité locale. Or, les fortes chaleurs attendues cette année risquent d'accélérer encore le développement de la punaise diabolique. A lire dans le Guardian (en anglais).

Les hippopotames de la cocaïne, héritiers de la mégafaune préhistorique
La phrase qui va suivre peut surprendre. Echappés de la hacienda de Pablo Escobar, les hippopotames colombiens pourraient remplacer les lamas géants disparus il y a plusieurs dizaines de milliers d'années.
Pablo Escobar avait importé plusieurs hippopotames d'Afrique dans sa résidence de Medellin, en Colombie. Après sa mort, en 1993, les mammifères se sont retrouvés dans la nature. Depuis bientôt trente ans, ceux-ci paissent tranquillement dans de petits lacs du nord de la Colombie. Plus grande espèce invasive du monde, les hippopotames colombiens nuisent à la biodiversité locale en empiétant, notamment, sur le territoire des lamantins.
Or, comme l'expliquent des scientifiques dans un article publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, les espèces invasives de mammifères herbivores à travers le monde, dont les hippopotames de la cocaïne, n'ont pas qu'un impact négatif sur la biodiversité. Au contraire, celles-ci pourraient permettre de restaurer en partie un monde perdu : celui de la mégafaune du pléistocène supérieur (-120 000 à -11 700 avant notre ère), peuplée de mammifères géants avant que ceux-ci ne soient décimés par les humains.
Les mustangs, ces chevaux sauvages d'Amérique du Nord, rendent les mêmes services écologiques à leur environnement que leurs ancêtres éteints. Les hippopotames colombiens, quant à eux, remplissent en partie les fonctions des lamas géants, ou des notoungulata, d'étranges ongulés préhistoriques.
Honnis des fermiers nord-américains, les cochons sauvages retournent la terre comme le faisaient les pécaris géants avant eux. Ce faisant, ils contribuent à accélérer la pousse des arbres. Toutes ces espèces dites « invasives » (un terme que dénoncent les auteur•rices de l'étude) participent donc à restaurer une partie de la biodiversité anéantie autrefois par nos ancêtres. A lire dans le Guardian (en anglais).

Les graines et plants potagers considérés comme des biens de première nécessité
Oublié•e•s des mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre la propagation du Covid-19, horticulteurs et jardineries indépendantes avaient interdiction d'ouvrir leurs portes depuis la mi-mars. Le gouvernement a fait marche arrière et les graines et plants potagers sont désormais considérés comme des produits de première nécessité.
Une mesure initialement d'autant plus injuste que les grandes chaînes de jardinerie avaient conservé l'autorisation d'ouvrir pour la simple raison qu'elles vendaient de la nourriture pour animaux.
Le changement de réglementation a de quoi rassurer un secteur pour qui la période qui va de la mi-mars à la fin mai est la plus importante de l'année. Depuis le début du confinement, de nombreux horticulteurs ont dû jeter des quantités importantes de fleurs qu'ils n'ont pas pu écouler. Ils n'ont toutefois pas l'autorisation de vendre de plantes d'ornement. Seuls les plants et graines à vocation alimentaire sont autorisés.
Des arrêtés sont progressivement pris au niveau départemental pour définir les rayons, les types de produits et les lieux de vente autorisés. En l'absence de directives claires au niveau national, un certain flou demeure.

L’effondrement du quatrième âge
50 jours après le collapse brutal de notre société, que faire des derniers résidents des maisons de retraite ? Les Parasites proposent une vision toujours aussi peu optimiste de l'effondrement dans le sixième épisode de la série du même nom.
