La quotidienne

Les faux-cils de l’énergie

A quoi ça sert d'opérer de profonds changements si on peut juste faire semblant ?


La reprise de l'économie mondiale carbure au charbon

Désespoir de l'énergie. En 2021, la consommation d'énergies fossiles devrait exploser sous l'effet du rebond de l'économie mondiale, révèle l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Certains espéraient que la reprise se ferait sur des bases moins carbonées ; hélas, c'est un retour « à l'anormale » qui se profile. Après une année d'embolie liée au Covid-19 en 2020, l'économie mondiale redémarre avec des quantités faramineuses de pétrole et de charbon.

Publié ce mardi, le rapport Global energy review de l'AIE prévoit une hausse de la consommation d'énergies fossiles de 4,5% en 2021 par rapport à 2020. Un chiffre également supérieur de 0,5% à 2019, avant la crise. Il s'agit de la deuxième plus forte augmentation de l'histoire, après 2014.

Interrogé par le Monde, Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE s'inquiète : « Cela montre que la reprise économique mondiale sera particulièrement carbonée et cela met en danger les objectifs mondiaux de réduction des émissions ».

La centrale de génération d'électricité à partir de charbon de Sherburne County, dans le Minnesota (Etats-Unis) © Tony Webster

Cette augmentation est notamment le fait de la reprise économique de la Chine, qui mise fortement sur le charbon. A lui seul, le pays est responsable de la moitié des 4,5% de hausse de la consommation de cette énergie, la plus émettrice de CO2 que l'on puisse utiliser pour produire de l'électricité.

Le gaz devrait connaître la même hausse. En revanche, le pétrole resterait sous les niveaux de 2019. La consommation totale d'énergie devrait croître de 4,6% et l'année 2021 pourrait être l'une des pires de l'histoire en matière d'émissions de CO2 avec 33 tonnes relâchées dans l'atmosphère.

Après une hausse de 3% en 2020, les énergies renouvelables devraient continuer de se développer en 2021. Mais leur croissance ne se substitue pas à celle des fossiles.

• Sioux, militante des droits des populations amérindiennes et fondatrice du camp de résistance qui a mené la bataille contre le mégaprojet de pipeline « Dakota Access » à travers les Etats-Unis, LaDonna « Brave Bull » Allard est morte à l'âge de 64 ans. Le portrait de celle qui luttait pour la libération de la Terre-mère est à lire dans le New York Times (en anglais).

Près d’un million de consommateur·rice·s - essentiellement en zones rurales - boivent une eau polluée, notamment par des pesticides et des nitrates issus de l'agriculture, alerte l'UFC Que Choisir dans une étude publiée mardi. Toutefois, 98 % des usagers ont accès à une eau conforme à la totalité des critères sanitaires. Sur son site, l'association spécialiste de la consommation a mis à jour une carte interactive de la qualité de l'eau en France, commune par commune. - Que Choisir

Le greenwashing des compagnies pétrolières

Les faux-cils de l'énergie. Les géants du pétrole multiplient les messages trompeurs pour minimiser leur impact sur le réchauffement climatique.

« Neutralité carbone », produits « verts » ou « propres », promesses de « solutions »... Les géants de la production d'hydrocarbures sont parmi les premiers émetteurs de gaz à effet de serre sur la planète. Pourtant, de communiqués en spots publicitaires, ils continuent à affirmer l'inverse. Une « grande tromperie » dénoncée par l'ONG ClientEarth qui vient de publier une vaste enquête sur ce greenwashing à grande échelle.

L'Américain Chevron, par exemple, promet qu'il fait « partie de la solution » au changement climatique. Hélas, il n'a pas de stratégique qui lui permette de respecter les objectifs énoncés dans l'accord de Paris. Son projet de capture et de stockage de carbone (lire notre article à ce sujet) ne devrait couvrir que moins de 1% de ses émissions de 2019, indique l'ONG.

« Engagés pour une meilleure énergie ». Avec ce slogan absurde, Total fait la promotion de l'énergie photovoltaïque; Or, entre 2010 et 2018, seuls 4% des dépenses d'investissement de la firme ont concerné l'éolien ou le solaire, indique ClientEarth.

Sur son site, le géant saoudien Aramco promet de « mener ses affaires d'une manière qui permette de répondre au défi climatique ». Et tant pis si le plus gros émetteur mondial de CO2 prévoit de chercher de nouveaux gisements de gaz et de pétrole, alors que ses réserves dépassent déjà très largement celles de Exxon, Chevron, Shell, BP et Total réunies.

En 2020, Total a promis sans détour d'atteindre la neutralité carbone en 2050 : ce qui signifie que, cette année-là, l'ensemble du CO2 encore émis devra être compensé, par exemple en plantant des arbres. Mais cette promesse ne tient pas compte des émissions liées à la combustion des hydrocarbures vendus, qui représente l'immense majorité du bilan carbone de l'entreprise. En 2019, le bilan carbone total du géant du pétrole s'est élevé à 469 millions de tonnes de CO2, davantage que les émissions de la France entière.

Pis, si Total prévoit de réduire sa production de pétrole, elle envisage aussi d'augmenter l'extraction de gaz d'ici 2030. Cette année-là, ces deux énergies fossiles devraient représenter 85% des ventes du groupe. Vidéos et documents à l'appui, les cas d'ExxonMobil, Shell, ou Equinor sont également détaillés par l'ONG.

ClientEarth appelle à l'interdiction des publicités de toutes les compagnies commercialisant des énergies fossiles à moins d'y apposer des messages d'avertissement, comme ceux qui ornent les paquets de cigarettes.

L'horloge de la catastrophe climatique se teinte d'optimisme

A New York, l'horloge qui rappelle aux passant•e•s le temps qu'il leur reste pour agir en faveur du climat avant la catastrophe s'est dotée d'une pointe d'optimisme.

Depuis vingt ans, face au Union square de Manhattan, l'horloge numérique de l'installation artistique Metronome comptait les heures, minutes et secondes qui séparent de minuit. En septembre dernier, le message « La Terre a une date limite » y est apparu, suivi des chiffres 7:103:15:40:07. Sept ans, 103 jours, 15 heures et des poussières, c'est le temps qu'il restait alors pour réduire radicalement le rythme de nos émissions afin de ne pas épuiser totalement notre « budget carbone ». Il s'agit de la quantité de CO2 - déterminée par le Giec - que l'humanité peut encore émettre avant que le trop plein dans l'atmosphère n'entraîne irrémédiablement le réchauffement au-dessus de 1,5°C.

Gan Golan et Andrew Boyd, les auteurs de cette œuvre, ont décidé de lui donner une touche plus positive. En plus de cette série apocalyptique de nombres, un nouveau chiffre sera inscrit : celui de la part des énergies renouvelables dans le mixte énergétique mondial. Soit 12,24% environ, signe du long chemin à parcourir. D'autant que, comme le montre une fois encore le dernier rapport Global energy review de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les énergies renouvelables ont tendance à se surajouter aux énergies fossiles et non à les remplacer.

L'horloge, en début de semaine © DR

Actualisées en temps réel, les données qui ornent le Union square sont issues du projet « Our world in data » (notre monde en données) de l'université d'Oxford (Angleterre). Plus d'informations dans le New York Times (en anglais).

Amsterdam, capitale du biclou

Il est une ville qui a fait de la bicyclette sa petite reine. Ronds-points spéciaux, parkings flottants... Dans le dernier épisode de sa série Biclou, le Parisien s'est rendu à Amsterdam, modèle pour toutes les métropoles qui veulent développer ce moyen de transport garanti sans fossiles.

©  Le Parisien